Pourquoi les élections du 4 mars sont importantes

Pourquoi les élections du 4 mars sont importantes
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Par Euronews
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L'arrivée des populistes au pouvoir par le biais d'une coalition ne serait pas sans conséquence sur la politique européenne. Avec toujours Silvio Berlusconi en chef d'orchestre.

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Toute l'Europe a les yeux tournés vers l'Italie, à quelques jours des élections législatives du 4 mars prochain. Des élections qui devraient confirmer l'effritement des partis traditionnels et la progression des partis populistes. Un nouveau test de résistance pour les dirigeants européens après les bons scores enregistrés en France par le parti de Marine Le Pen ou de l'AfD en Allemagne sur fond de grogne anti-migrants.

Deux partis devraient enregistrer un bon spectaculaire : le Mouvement cinq étoiles de Beppe Grillo et la Ligue du Nord... avec Silvio Berlusconi en chef d'orchestre.

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Pourquoi ces élections sont-elles importantes ?**

Si l'un des deux principaux partis eurosceptiques entre dans le prochain gouvernement, les conséquences dépasseront largement les frontières italiennes. Un nouveau risque pour la cohésion européenne déjà malmenée par les négociations du Brexit avec le Royaume-Uni.

Les résultats des élections italiennes pourraient également influencer l'agenda économique de la zone euro : l'Italie reste toujours affaiblie par son énorme dette et ses finances publiques exsangues.

Enfin et surtout, c'est la question migratoire qui devrait revenir au coeur des discussions européennes. Avec la Grèce, et Malte, l'Italie demeure en effet la principale porte d'entrée en Europe pour les migrants africains. La source d'un puissant mécontentement dans la péninsule.

Les derniers soubresauts politiques

Depuis cinq ans, l'Italie a été gouvernée par une coalition de centre-gauche et a connu trois présidents du conseil : Enrico Letta, Matteo Renzi et plus récemment Paolo Gentiloni. Renzi, était le plus jeune d'entre eux mais a dû démissionner après avoir tout misé sur un référendum constitutionnel qu'il a très largement perdu.

Matteo Renzi, l'ancien président du Conseil italien

Berlusconi à la manoeuvre

Face à tous les partis en présence, la victoire de la droite semble attendue à l'issue de ces élections. Une victoire à laquelle Silvio Berlusconi ne sera pas étranger.
L'inoxydable Cavaliere, malgré ses 81 ans, tire encore les ficelles via son parti Forza Italia.

Si son retour au pouvoir n'est pas d'actualité (il reste inéligible en raison d'une condamnation judiciaire pour fraude fiscale) en coulisse Berlusconi a déjà préparé les contours d'un futur accord de coalition avec les dirigeants populistes de la Ligue du Nord et son parti de centre droit.

Selon Daniele Albertazzi, spécialiste de la politique italienne de l'Université de Birmingham au Royaume-Uni, "Berlusconi n'a jamais disparu" de la scène politique italienne.

Même s'il a pris un peu de recul ces dernières années, l'ancien président du Conseil italien demeure le seul leader à droite d'autant plus qu'il est le propriétaire en titre de Forza Italia, un mouvement qu'il a créé et qu'il continue de financer.

Berlusconi "a cette capacité fantastique de se reconvertir en outsider par rapport à d'autres personnalités politiques, explique Daniele Albertazzi. "Il ne cesse de dire qu'il est un homme d'affaires et non un politicien."

L'immigration domine le débat

La fusillade contre plusieurs migrants par un italien d'extrême droite au début du mois de février a catapulté l'immigration au coeur du débat électoral. L'Italie a accueilli 119 000 migrants par mer l'année dernière. Même si c'est un tiers de moins qu'en 2016, la question n'en finit pas de diviser les Italiens. 

Selon Daniele Albertazzi, le discours national se concentre désormais sur les aspects négatifs de l'immigration et ne mettrait pas l'accent sur les millions de personnes qui se sont intégrées ces dernières années en travaillant dans les usines du Nord du pays. Des entreprises "qui devraient fermer leurs portes sans le travail des migrants ", souligne le politologue.

Pour Stefan Lehne, du groupe de réflexion Carnegie Europe, la pression des partis politiques populistes sur le sujet migratoire a poussé Forza Italia à durcir sa position.
"Berlusconi peut dire des choses difficiles sur ce thème, mais c'est lui qui a accepté le règlement de Dublin, qui a placé une responsabilité particulière sur l'Italie et il a également fait les plus grands efforts de légalisation des migrants ", nous a déclaré Stefan Lehne.

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Le plus étonnant dans ce débat, reprend notre interlocuteur, c'est la position du gouvernement sortant. Affaibli et critiqué, c'est pourtant grâce au sociaux-démocrates, que l'Italie est parvenue à réduire drastiquement l'afflux de migrants en provenance de Libye.

Économie : l'insatisfaction des Italiens

Les experts le reconnaissent : l'économie italienne reste l'un des maillons faibles de la zone euro et son marché du travail reste bloqué.  Le taux de chômage en Italie s'élève à 10,8 % - contre 7,3 % en moyenne dans l'UE. Un taux obstinément élevé ces cinq dernières années. Au point qu'un jeune de moins de 25 ans sur trois en Italie est aujourd'hui sans emploi.

Luigi Di Maio, le leader du Mouvement cinq étoiles

"La génération des moins de 40 ans a vraiment souffert de cette situation, souligne Daniele Albertazzi, et c'est ce qui a alimenté le succès initial du Mouvement des cinq étoiles. C'est un grave clivage générationnel."

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