Oscars pour Guillermo del Toro et "La forme de l'eau"

Oscars pour Guillermo del Toro et "La forme de l'eau"
Par Euronews
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Oscars du meilleur film pour "la Forme de l'eau" et du meilleur réalisateur pour Guillermo del Toro. Le palmarès ne surprend pas beaucoup pour cette 90e cérémonie des Oscars.

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Oscar du meilleur film pour "La forme de l'eau" et oscar du meilleur réalisateur pour Guillermo del Toro. Un doublé gagnant pour le réalisateur mexicain. Son film était le grand favori, nommé 13 fois.

Le réalisateur mexicain de 53 ans, connu pour les monstres, vampires et super-héros qui peuplent ses oeuvres, assure avoir réalisé cette fois "son premier film d'adulte".

Mi-film de science-fiction, mi-romance entre deux anti-héros, avec beaucoup d'effets comiques et un hommage aux comédies musicales de l'âge d'or hollywoodien, "La Forme de l'eau" a donc conquis l'Académie des arts et science du cinéma, qui remet ces prix prestigieux, malgré son sujet iconoclaste.

Situé dans les années 60, il raconte l'histoire d'une femme de ménage muette, Elisa (Sally Hawkins) dans un laboratoire secret, qui tombe amoureuse d'une créature reptilienne prisonnière du gouvernement et décide de la libérer. Le film qui explore les thèmes de la différence, de l'amour inattendu, de l'oppression gouvernementale et de la désobéissance civile est aussi riche de seconds rôles forts comme celui de Richard Jenkins, ami gay fantasque d'Elisa, ou de sa camarade de travail loyale et pince-sans-rire Octavia Spencer, qui tous deux l'aident faire évader le monstre amphibien.

Il a déjà valu à Guillermo del Toro le Lion d'Or à Venise, le Golden Globe du meilleur réalisateur, les prix du Syndicat des réalisateurs d'Hollywood, des producteurs d'Hollywood (PGA), entre autres.

Le compositeur français Alexandre Desplat a décroché son deuxième Oscar pour la bande-originale de "La Forme de l'eau", la romance fantastique de Guillermo del Toro, confirmant sa place aux côtés de musiciens français mythiques comme Georges Delerue, Maurice Jarre ou Michel Legrand.

Enfin, ce film a aussi remporté l'oscar des meilleurs décors.

Palmarès

-L'acteur britannique Gary Oldman a remporté l'Oscar du meilleur acteur pour sa performance dans le film "Les heures sombres", dans lequel il joue Winston Churchill, au début de la Seconde Guerre mondiale. Il s'était fait connaître en icône punk, il triomphe sous les traits d'un homme d'Etat héroïque.

Dans "Les heures sombres" du réalisateur Joe Wright, il incarne, grâce à une impressionnante transformation physique, le Premier ministre britannique au début de la Seconde Guerre mondiale, exhortant au courage un pays menacé par le nazisme.

-L'actrice américaine Frances McDormand a remporté l'Oscar de la meilleure actrice dans un rôle principal pour le film "3 Billboards, Les panneaux de la vengeance", où elle incarne cette fois-ci une femme en guerre contre la police: Mildred Hayes, ivre de douleur et de rage après le meurtre de sa fille et face à la lenteur de l'enquête, loue trois panneaux publicitaires pour faire bouger les choses.

C'est le second Oscar pour la comédienne de 60 ans, qui l'avait déjà emporté dans la même catégorie en 1997 pour son personnage de Marge Gunderson dans "Fargo" des frères Coen.

Ce dimanche, en recevant sa statuette des mains de Jodie Foster et Jennifer Lawrence sur la scène du Dolby Theatre, Frances McDormand a remercié en premier lieu le réalisateur du film, Martin McDonagh. "Nous sommes une bande de hooligans et d'anarchistes, mais nous nettoyons bien derrière nous", a-t-elle déclaré.

Largement favorite, elle était nommée pour la cinquième fois aux Oscars après aussi "Mississippi Burning" (1988), "North Country" (2005) et "Almost Famous" (2000).

Quand on salue son talent, celle qui se décrit comme une "actrice à rôles de composition", répond toutefois : "on m'avait dit à l'école de théâtre que je n'étais pas naturellement douée. Alors j'ai travaillé dur. Je ne sais rien faire d'autre, à part femme au foyer".

Fidèle à son personnage de pasionaria, Frances McDormand s'est mise au diapason de la vague post-Weinstein et a demandé à toutes les femmes professionnelles d'Hollywood dans la salle de se lever, suscitant un moment d'émotion dans le public.

Elle a appelé les hommes d'Hollywood a s'intéresser aux projets portés par des femmes.

-Le légendaire cinéaste James Ivory a reçu à 89 printemps son premier Oscar pour le scénario de "Call Me by Your Name", romance homosexuelle estivale adaptée d'un roman d'André Aciman.

C'était sa quatrième nomination aux Oscars et la première en tant que scénariste. Il avait aussi été finaliste pour "Les Vestiges du jour" (1994), "Retour à Howards End" et "Chambre avec vue", qu'il avait réalisés.

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Guillermo del Toro, portrait

"Les monstres sont les saints patrons de nos merveilleuses imperfections", expliquait Guillermo del Toro en recevant en janvier le Golden Globe du meilleur film, pour sa romance fantastique entre une muette employée d'un laboratoire gouvernemental secret qui tombe amoureuse d'une créature reptilienne captive.

Les créatures étranges ou monstrueuses de ses films viennent des rêveries d'un enfant qui aimait se promener dans la boue dans son Guadalajara natal et dissoudre des insectes dans le sel, qui avait une peluche en forme de loup et a demandé au père Noël à cinq ans une plante pour faire de la sorcellerie.

Le tout s'est retrouvé à l'écran grâce à la magie du cinéma. Et "La forme de l'eau", nommé 13 fois aux Oscars, est son "oeuvre maîtresse jusqu'à présent" car "il manquait jusqu'alors un trait de caractère de Guillermo dans ses films, l'humour", estime Leonardo Garcia-Tsao, critique de cinéma et vieil ami du cinéaste.

Ces dernières années, Guillermo del Toro s'est aussi fait remarquer pour une série télévisée d'horreur acclamée, "The Strain", sur un virus qui transforme ceux qu'il touche en zombies.

"Le Labyrinthe de Pan" et "L'Echine du diable" étaient plus sombres, explorant la perte et la nostalgie. Même si le thème qui traverse toute sa filmographie est là: l'opposition entre les créatures étranges et les êtres humains.

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Les premières sont filmées avec empathie, les seconds sont les vrais monstres.

Né le 9 octobre 1964, il a grandi dans un foyer très catholique.

Enfant, Guillermo s'est mis à construire un monde fantastique dans le majestueux manoir familial où vivaient des centaines de serpents, des rats et un corbeau. Pas étonnant alors qu'il ait tapissé les murs de sa chambre d'images d'extra-terrestres et de monstres.

"Tout ce que je suis, la compulsion artistique, et les histoires qui sont venues après, viennent des 11 premières années de ma vie", a-t-il dit dans la revue Gatopardo.

"Je pense que l'essence de ce que nous sommes se forme dans ces premières années. Après, on passe nos vies à réparer ce qui a été cassé et construire ce qui ne l'a pas été".

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Il cite parmi ses grandes influences sa grand-mère, et la relation entre les aïeux et les enfants est un thème récurrent de son oeuvre.

Son premier film, "Cronos" (1993), raconte d'ailleurs l'histoire d'un vampire âgé qui refuse la vie éternelle et demande l'aide de sa petite-fille.

C'est son seul long-métrage réalisé au Mexique, qu'il a quitté en 1998 après l'enlèvement de son père, quand le réalisateur commençait à être connu à Hollywood.

La terrible épreuve a pris fin grâce à son ami James Cameron qui l'a aidé à rassembler la rançon d'un million de dollars en liquide.

Depuis, Del Toro a déménagé toute sa famille aux Etats-Unis. Aujourd'hui, il partage son temps entre Los Angeles et Toronto.

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Pour son premier film à Hollywood, "Mimic" (1997), il avait souffert d'être sous le joug des producteurs Harvey et Bob Weinstein, qui avaient muselé son talent créatif.

Après ça, il a tout fait pour mettre "sa propre signature" dans chacune de ses oeuvres, explique A.P. Gonzalez, professeur émérite à l'école de cinéma de l'Université de Californie, à Los Angeles.

"C'est un vrai artiste", assure-t-il à l'AFP.

Il forme le prestigieux groupe des "tres amigos", qui règne sur le cinéma mexicain, au côté des oscarisés Alejandro Gonzalez Iñarritu and Alfonso Cuaron.

"Ils ont des styles très différents, mais Guillermo est le seul qui a construit ce monde très reconnaissable", affirme Leonardo Garcia-Tsao.

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