Paris et Ryad : frères d'armes ?

Paris et Ryad : frères d'armes ?
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Par Marc Bouchage
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La France et l'Arabie saoudite sont unies par les liens sacrés des ventes d'armes. Les ONG dont Amnesty international tirent la sonnette d'alarme quant aux conséquences sur la guerre au Yémen.

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D'après le "Rapport au Parlement 2017 sur les exportations d’armement de la France", sur la période 2007-2016, Ryad était le deuxième client le plus important de la France après l'Inde.

Pour 2016, année qui correspond aux dernières données officielles rendues publiques, Paris a délivré 218 licences à des entreprises françaises pour les autoriser à fournir du matériel de guerre à l'Arabie saoudite (voir "Annexe 5" p.55-56 du rapport), pour un montant qui atteint plus de 19 milliards d'euros.

Mais ces ventes d’armes posent question et les ONG de défense des droits humains tirent la sonnette d’alarme. Le mois dernier, Amnesty international a mis en cause leur légalité dans cet avis juridique commandé à un cabinet d’avocats.

Certaines des armes vendues par la France seraient utilisées par l’Arabie saoudite dans la guerre qu’elle mène au Yémen depuis 2015 contre le groupe armé houthi. Amnesty international France demande une "suspension des transferts d'armes de la France" à destination de l'Arabie saoudite et "susceptibles de servir au Yémen". Une demande qui vaut aussi pour les armes vendues par Paris aux Émirats arabes unis qui participent eux aussi, aux côtés des Saoudiens, aux bombardements aériens en territoire yéménite.

"S'il y a transfert d'armes, il faut qu'il y ait des garanties juridiques permettant de s'assurer que les armes ne serviront pas au Yémen", explique Aymeric Elluin, chargé de plaidoyer armes et impunité chez Amnesty. Pour lui, la France manque de transparence sur ce sujet. "On a absolument aucune information sur le contenu des licences qui sont attribuées aux entreprises, ni sur leurs dates de délivrance et les critères d'attribution. On ne sait pas non plus quelles armes sont vendues et ni leur destination finale", déplore-t-il auprès d'euronews.

Les ONG craignent que cet armement made in France puisse servir à commettre ou faciliter des crimes de guerre dans ce pays qui connaît "la plus grande crise humanitaire au monde" selon l'ONU. Les combats ont déjà fait plus de 10 000 morts dont de nombreux civils.

Le Parlement européen ne cesse d’appeler à l'adoption d'un embargo sur les ventes d'armes à l'Arabie saoudite. Plusieurs Etats européens ont suspendu leurs transferts d’armes destinés à la coalition menée par l’Arabie Saoudite au Yémen. Mais pas la France.

Contacté, le service de presse du Premier ministre français, en charge de ce dossier, n'a pas donné suite à notre demande d'interview. Il faudra donc s'en tenir à la communication officielle selon laquelle les ventes d'armes sont "vitales pour notre industrie de défense et l’équipement de nos forces armées", "elles contribuent également à l’autonomie stratégique et au rayonnement" de la France.**

Pour en savoir plus sur la guerre au Yémen**

La chaîne de télévision publique France 2 a consacré un long reportage sur ce conflit oublié et raconté à travers les yeux de plusieurs enfants. "Yemen : les enfants et la guerre" réalisé par Khadija Al-Salamia a été diffusé le 8 février 2018 dans la magazine d'information Envoyé Spécial.

Il est possible de le revoir librement ci-dessous :

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