Théâtre Libre du Belarus : de la clandestinité vers la liberté

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Par Valérie Gauriat
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Le Théâtre Libre du Belarus a été autorisé à jouer en public le 25 mars dernier, à l'occasion de la journée de la liberté. Une première pour ces défenseurs de la liberté de parole.

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C’est une soirée particulière, pour la cinquantaine de personnes qui ont rendez-vous dans une rue discrète de Minsk, la capitale du Belarus.

Ils viennent assister à une représentation donnée par la troupe du Théâtre Libre du Belarus.

Une institution dans le pays, qui fonctionne pourtant dans la semi clandestinité.

Ses pièces ont longtemps été interdites par le régime du président Alexandre Lukashenko.

Ses fondateurs sont exilés à Londres.

Avant chaque représentation, ils se connectent par Skype avec le public.

Au programme ce soir là, une pièce sur le handicap.

Parmi les comédiens, Sasha Chichikova, élue première miss monde en fauteuil roulant l'an dernier à Varsovie.

"Mon idée c'est de changer le regard des gens à l'égard des personnes en chaise roulante, et pas seulement en chaise roulante mais des personnes handicapées en général, surtout les femmes."

Qu'il s'agisse de sexualité, de problèmes sociaux, ou de répression politique, aucun sujet n'est tabou dans les pièces du Théâtre Libre du Belarus. Kyril Kalbasnikau, acteur et journaliste, le reconnaît volontiers :

"Nous sommes politiques, nous sommes cinglants et nous sommes critiques sur tout ce qui se passe ici. Forcément, les autorités n'aiment pas ce genre de choses."

Ici, pas de tickets d'entrée. La compagnie vit de dons. Le seul moyen d'échapper à la censure exercée sur les théâtres officiels.

Pavel Gorodnitskij, acteur et musicien :

« Il y a des commissions qui se réunissent pour regarder quel type de pièces vous jouez. Si il y a des scènes de nu, si les dialogues sont trop crus, etc...Dans nos théâtres officiels, ils vivent dans une réalité parallèle, un monde ou il n y a pas de gros mots, ou il n a absolument rien ! Tout est beau, c'est du Tchekov, du Shakespeare. Nous ne voulons pas faire partie de cette mascarade, de ce théâtre de divertissement. Nous voulons rester un théâtre créatif, qui veut que les gens réfléchissent à ce qui les entoure."

Quelques jours plus tard, plusieurs membres de la troupe allaient pourtant sortir de l'ombre.

Leur performance ouvrait les premières célébrations officielles du 100e anniversaire de la proclamation de la république populaire du Belarus. Un événement dans le pays.

Même si Kyril, comme nombre de ses concitoyens, reste sans illusions sur les réalités politiques d'un pays où les libertés sont plus que restreintes.

"C'est la première fois que notre théâtre peut se produire lors d'un si gros évènement, et nous n'avons pas été censurés. Nous franchissons un nouveau pas dans la vie politique. C'est peut être un peu tôt pour le dire. Personnellement, je ne veux toujours pas créer de famille ici, parce que nous n'avons toujours pas une société des plus progressistes. C'est triste mais je travaille pour changer cela !"

Journaliste • Pierre Michaud

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