Vincent Bolloré en garde à vue

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Par Euronews avec AFP-REUTERS
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Vincent Bolloré a été placé en garde à vue dans les locaux de la police anticorruption. La justice enquête sur des soupçons de corruption liés aux activités de son groupe dans des ports africains.

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Vincent Bolloré a été placé en garde à vue. L'homme d'affaires est entendu dans les locaux de la police anticorruption à Nanterre. Les enquêteurs tentent de déterminer si le groupe Bolloré s'est servi de sa filiale de conseils en politique, Havas, pour emporter les contrats de gestion des ports de Lomé, au Togo, et de Conakry, en Guinée, en 2010.

Le directeur général du groupe Bolloré et le responsable du pôle international de Havas, ont également été placés en garde à vue aux côtés de leur patron, selon le quotidien Le Monde.

En 2010, Havas avait participé aux campagnes électorales victorieuses, d'Alpha Condé en Guinée et Faure Gnassimbé au Bénin. A la même période, à quelques moins d'intervalle, les concessions de zones portuaires tombaient dans l'escarcelle du milliardaire français. C'est cette étrange concordance sur laquelle se penchent aujourd'hui les enquêteurs.

Dans un communiqué le groupe Bolloré a formellement démenti toute irrégularité dans ses activités en Afrique. Reste que le cour de son action en bourse a perdu 8 % en un peu plus d'une heure suite à l'annonce de la garde à vue de l'emblématique milliardaire de 66 ans.

Au début des années 80, ce dernier avait redressé le groupe familial, fondé en 1822 et spécialisé dans le papier bible et le papier à rouler OCB.Il l'avait alors réorienté vers le film plastique pour en faire "Bolloré Technologies". Il y avait ajouté les transports et la logistique pétrolière et portuaire, principalement en Afrique, avant de prendre d'assaut Havas (publicité-communication), en 2005 puis Vivendi (médias), en 2014.

La "méthode Bolloré"

A chaque fois, la méthode, appelée depuis "méthode Bolloré" était la même : entrée discrète au capital du groupe visé avant d'en devenir peu à peu le premier actionnaire puis d'en prendre le contrôle en réclamant des sièges au conseil d'administration.

Cette prise en main s'accompagnait en général de l'installation d'hommes de confiance aux commandes, à l'image d'Havas, dirigé depuis 2013 par Yannick Bolloré, le fils cadet de Vincent Bolloré.

Pourtant, le début d'année 2018 n'a pas été conforme aux habitudes pour l'homme d'affaires avec une mise en lumière des activités africaines du groupe, sur lesquelles Vincent Bolloré tente d'être en général très discret.

Parallèlement à ses activités commerciales, Vincent Bolloré, passé dans sa jeunesse par le secteur bancaire, a toujours su cultiver ses connexions avec les décideurs politiques français, de gauche comme de droite, ainsi que sa proximité avec un certain nombre de chefs d’États africains. Cette proximité est donc désormais au centre de l'attention.

L'affaire "Complément d'enquête"

Cette nouvelle affaire vient s'ajouter à celle, lancée, celle-ci par Vincent Bolloré, contre France Télévisions, à la suite d'un reportage diffusé en 2016 dans l'émission "Complément d'enquête" et qui évoquait notamment les activités de la Socapalm, société spécialisée dans l'huile de palme au Cameroun et dont Vincent Bolloré est actionnaire minoritaire.

Le reportage montrait notamment le témoignage de sous-traitants, pour certains présentés comme mineurs, payés à la tâche, travaillant sans vêtements de protection et logeant dans des conditions insalubres.

Le groupe Bolloré avait porté plainte, estimant que le reportage portait atteinte à son image. Il avait réclamé à France Télévision 50 millions d'euros. Le jugement doit être rendu le 5 juin.

Dans la toumente

Fin 2017, ce sont cette fois les activités de transports sur le continent qui se retrouve dans l'actualité, avec le procès à Eseka, au Cameroun, des responsables présumés de la catastrophe ferroviaire survenue dans la même ville, en octobre 2016 et qui avait fait 79 morts et 600 blessés. La compagnie ferroviaire Camrail a pour actionnaire majoritaire le groupe Bolloré.

Du côté de Vivendi également, la situation semble plus difficile pour l'homme d'affaires, qui a dû notamment renoncer à mettre la main sur l'éditeur de jeux vidéo Ubisoft.

Après deux ans de bataille pour en prendre le contrôle, en appliquant, là encore, la "méthode Bolloré", le groupe Vivendi a en effet choisi de vendre sa participation au capital de l'éditeur, face à la résistance des fondateurs, également bretons, la famille Guillemot.

Une défaite pour Vincent Bolloré qui, après avoir pris le contrôle de l'autre éditeur des Guillemot, Gameloft, espérait voir sa méthode de nouveau couronnée de succès.

En Italie également, la situation de Vivendi s'avère complexe, sur fond de bataille avec le fonds américain Elliott, qui tente de lui disputer la gouvernance de Telecom Italia (TIM). Si le groupe français a remporté la première manche, l'assemblée générale du 4 mai marquera une étape potentiellement décisive.

Autant de difficultés auxquelles devra faire face le fils de Vincent, Yannick, qui l'a remplacé à la présidence du conseil de surveillance de Vivendi à l'issue de la dernière assemblée générale du groupe, le 19 avril. Un début de passage de témoin pour Vincent Bolloré qui a énoncé 2022 comme échéance de son départ à la retraite, année marquant à la fois ses 70 printemps et les 200 ans de son groupe.

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Le 10 avril dernier, le milliardaire avait, en outre, lâché les rênes de Canal+, estimant que la filiale de télévision payante de Vivendi avait entamé son redressement.

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