Des technologies et des hommes : le Malawi face au risque d'inondation

En partenariat avec The European Commission
Des technologies et des hommes : le Malawi face au risque d'inondation
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Par Monica PinnaStéphanie Lafourcatère
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Dans cette édition d'Aid Zone, nous découvrons un projet mené par une ONG italienne au Malawi et financé par l'UE qui vise à améliorer la réponse humanitaire en cas d'inondation. Il comprend l'utilisation de drones et le recueil des connaissances de la population locale.

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La technologie joue un rôle clé quand il s'agit de préparer les populations à faire face à des catastrophes naturelles. Au Malawi, des drones servent à mieux comprendre la dynamique des inondations dans le but de limiter leurs dégâts.

Pour mieux comprendre l'ampleur du risque, rappelons qu'en 2015, la moitié du territoire de ce pays d'Afrique australe a été frappé en 2015 par les pires inondations de son histoire, touchant plus d'un million de personnes. Bilan : près de 300 morts ou disparus et plus de 370.000 personnes déplacées.

Les inondations représentent une menace permanente au Malawi. Sur les six derniers mois, près de 100.000 personnes ont été confrontées à des phénomènes météorologiques extrêmes.

Alerte précoce

Découvrons à présent le travail mené dans le village de Chapola pour améliorer la gestion de ces risques.

Ce jour-là, l'alerte inondation est lancée. Le référent de la commune reçoit un appel provenant du village situé en amont de la rivière Lungwena. Là-bas, l'eau a atteint un niveau alarmant.

Les habitants évacuent rapidement, sans paniquer, principalement parce qu'il s'agit d'un simple exercice, mais aussi parce qu'ils se préparent depuis des mois avec l'ONG italienne COOPI à anticiper une inondation, y faire face et s'en remettre.

Ce dispositif fait partie du système de gestion des risques de catastrophes mis en place par COOPI et financé par le service de la Commission européenne à l'aide humanitaire.

En moins d'une heure, tous les résidents ont atteint la zone de refuge à deux kilomètres en amont.

"Ce que j'ai appris aujourd'hui, explique Eneles Alli, une habitante, je vais m'en souvenir toute ma vie : on a monté cette tente nous-mêmes et tous les habitants ont vu que cette école, c'est le bon endroit où venir en cas d'inondation," affirme-t-elle.

Le département de Mangochi où le village est situé a été durement frappé par les inondations de 2015. De nombreux résidents ont à l'époque, perdu leur maison, leurs cultures et leurs bêtes.

"Le territoire traversé par la rivière Lungwena est exposé à des risques d'inondation, de sécheresse ou de période prolongée sans pluie, précise Rosalba Vendemia, responsable du projet chez COOPI. Notre objectif, c'est d'inciter la population à surveiller les évènements qui peuvent la toucher ; l'un des grands aspects de notre travail consiste à aider les habitants à créer des comités locaux de protection civile," explique-t-elle.

Des drones en renfort

Notre reporter Monica Pinna nous montre un ruban blanc accroché à une branche d'arbre : "Ceci nous indique que nous sommes sur le chemin d'évacuation du village ; son tracé a été établi grâce à ce projet qui associe les dernières technologies de repérage géographique aux connaissances des habitants," souligne-t-elle.

L'ONG utilise des drones pour élaborer une base de données sur les zones de vulnérabilité et de danger à Mangochi et Nsanje, les deux départements les plus exposés aux inondations au Malawi. À terme, le projet aboutira à une cartographie de 16.000 hectares de terrains.

"Le drone a collecté quelque 40.000 images, il a aussi identifié des points qu'on utilise pour établir la topographie de la zone, déclare Josef Clifford, expert géospatial au sein de COOPI. Ensuite, on réunit ces deux éléments en traitant leurs informations pour obtenir un produit final : une image en haute résolution d'environ 28 cm par pixel," poursuit-il.

Les cartes détaillées qui sont établies permettent aux habitants d'avoir une vue générale de leur village. L'équipe a demandé à ceux de Chapola de situer sur ces cartes, leur maison et de déterminer les abris potentiels et les chemins d'évacuation.

"On recueille les connaissances des habitants - ce qui est essentiel - : nous en avons besoin pour voir où sont situées les choses, pour savoir ce qui est important dans ce village et ce qu'ils connaissent des dangers et des risques," fait remarquer Josef Clifford.

Aide européenne

Dans cette région régulièrement confrontée à des catastrophes, l'Union européenne aide la population à l'échelle des collectivités et la protection civile au niveau national pour que la réponse soit plus efficace.

"Des innovations technologiques comme l'usage des drones semblent donner de bons résultats dans les pays occidentaux pour savoir comment, où et quand intervenir au plus vite : on pense qu'on peut faire pareil ici, estime Alexandre Castellano, représentant du service de la Commission européenne à l'aide humanitaire. C'est pour cela qu'on apprécie et qu'on finance ce genre d'intervention ; une partie d'entre elles sont encore des projets pilotes appliqués dans le respect des traditions locales," rennchérit-il.

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Les avancées technologiques permettent aux populations et aux décideurs de mieux participer à la gestion des risques et d'inventer une réponse humanitaire qui soit plus efficace et moins coûteuse.

D'après le service de la Commission européenne à l'aide humanitaire, en moyenne, chaque euro dépensé pour des activités qui visent à réduire l'impact des catastrophes et à préparer les populations permet d'économiser entre 4 et 7 euros qui seraient dépensés pour l'aide post-catastrophe.

AID ZONE | MALAWI
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