"Sans la Bosnie-Herzégovine, l'intégration européenne n'est pas finalisée"

"Sans la Bosnie-Herzégovine, l'intégration européenne n'est pas finalisée"
Tous droits réservés 
Par Sophie Claudet
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

Insiders se demande quelles sont les chances pour la Bosnie de rejoindre l'Union européenne sur fond d'influences turque, arabe et salafiste sur sa société. La politologue Lejla Ramić-Mesihović appelle les responsables politiques à relancer le processus d'adhésion de la Bosnie.

**Dans ce nouveau numéro d'Insiders consacré à la Bosnie-Herzégovine, nous découvrons comment ce pays des Balkans dont une grande majorité de citoyens souhaitent rejoindre l'Union européenne subit les influences de la Turquie et plus récemment des pays arabes du Golfe, mais aussi des mouvements salafistes. **Cette nouvelle donne va-t-elle pousser la Bosnie à se détourner de l'Europe ? C'est ce que craint la directrice de l'organisme bosnien Foreign Policy Initiative BH Lejla Ramić-Mesihović, interviewée dans le cadre de l'émission. Pour elle, "l'intégration européenne ne sera pas finalisée" sans l'adhésion de son pays à l'UE.

Sophie Claudet, euronews :

"Lejla Ramić-Mesihović, nous sommes dans la partie austro-hongroise de Sarajevo. Preuve de l’histoire partagée entre la Bosnie et l’Europe. Est-ce pour cela que votre pays veut devenir membre de l'Union européenne ?"

Lejla Ramić-Mesihović :

"Sans la Bosnie-Herzégovine, l'intégration européenne - ou le processus d'élargissement - n'est pas finalisée. Elle doit se produire ici si on veut une paix durable et la stabilité sur le continent, ce dont nous avons cruellement besoin."

Sophie Claudet :

"Certains pays des Balkans occidentaux devraient devenir membres de l'Union européenne en 2025, ce n'est pas le cas de la Bosnie. Pourquoi cela prend-il autant de temps ?"

Lejla Ramić-Mesihović :

"La Bosnie-Herzégovine est un pays très particulier qui est dans une situation juridique et internationale tout aussi particulière. Notre pays est aujourd'hui, pris dans deux processus qui s'opposent. L'un, c'est l'application des accords de paix de Dayton et l'autre, ce sont les failles dans ce processus. C'est ce qui affecte malheureusement le processus d'intégration européen sur de nombreux plans."

Sophie Claudet :

"Certains observateurs évoquent la corruption, la faiblesse des institutions publiques et parfois, des atteintes à l'Etat de droit. Des efforts sont-ils faits pour y remédier ?"

Lejla Ramić-Mesihović :

"Les élites qui gouvernent le pays depuis de nombreuses années maintenant agissent uniquement en fonction des cycles des scrutins électoraux. Ils font passer nos vies, notre avenir européen au second plan et concrètement, ces jeux de pouvoir qui découlent de la maigre application de nombreux aspects des accords de paix de Dayton aboutissent à des frustrations, de l'insatisfaction et des politiques ethnocentriques et de court terme. Ils portent préjudice aux objectifs du pays à long terme comme l'adhésion à l'Union européenne."

Sophie Claudet :

"Restez-vous optimiste quant aux chances de votre pays de rejoindre l'Union européenne ?"

Lejla Ramić-Mesihović :

"Je suis une optimiste déprimée."

Sophie Claudet :

"Quelle échéance avez-vous en tête ?"

Lejla Ramić-Mesihović :

"Permettez-moi de vous dire quelque chose à propos des échéances. Il y a eu une époque en 2004-2005 où la Bosnie était en tête de file avec la République de Macédoine. Ne parlons plus de chefs de file et d'échéance précise, travaillons à ce que cela se produise."

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Aide aux victimes : les leçons tirées des attentats du 13 novembre 2015 à Paris

Allemagne : la transition énergétique face aux résistances locales et aux lourdeurs administratives

Un fromage pour réconcilier Chypre : le halloumi obtient son label AOP