Espagne: le parti de Rajoy condamné dans un mega-procès pour corruption

Espagne: le parti de Rajoy condamné dans un mega-procès pour corruption
Par AFP
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2024 - Agence France-Presse.
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© 2024 - Agence France-Presse. Toutes les informations (texte, photo, vidéo, infographie fixe ou animée, contenu sonore ou multimédia) reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par la législation en vigueur sur les droits de propriété intellectuelle. Par conséquent, toute reproduction, représentation, modification, traduction, exploitation commerciale ou réutilisation de quelque manière que ce soit est interdite sans l’accord préalable écrit de l’AFP, à l’exception de l’usage non commercial personnel. L’AFP ne pourra être tenue pour responsable des retards, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus dans le domaine des informations de presse, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations. AFP et son logo sont des marques déposées.

Le Parti Populaire du chef du gouvernement de Mariano Rajoy a été condamné pour avoir bénéficié d'un "financement illégal", à l'issue d'un procès géant pour corruption, qui a infligé un total de 351 ans de prison aux prévenus, parmi lesquels d'anciens responsables du PP. Vingt-neuf personnes condamnées pour corruption, détournements de fonds publics ou encore blanchiment d'argent, dont l'ancien trésorier du parti Luis Barcenas, puni de 33 ans de prison: le jugement publié jeudi signe l'épilogue d'un des très nombreux scandales de corruption qui ont affecté le parti conservateur et contribué à lui faire perdre la majorité au Parlement fin 2015. Dans cette affaire baptisée "Gurtel" par la police ("courroie" en allemand, jeu de mots sur le nom du principal prévenu Francisco Correa), la justice a disséqué tout un système de versement de pots-de-vin à des élus et des responsables du PP en échange de juteux contrats publics entre 1999 et 2005, dans différentes régions. Le PP a immédiatement annoncé dans un communiqué qu'il ferait appel de la décision de l'Audience nationale, qui le condamne à rembourser plus de 245.492 euros pour avoir participé "à titre lucratif" à ce système tentaculaire. Pour le haut tribunal, les faits ont "rapporté des bénéfices quantifiables au PP, consistant en un financement illégal d'activités de plusieurs meetings politiques". Il a aussi accrédité que le parti disposait bien d'une "caisse noire", "une structure financière et comptable parallèle à l'officielle", ce que le PP a toujours nié farouchement. Pendant l'enquête, Luis Barcenas, qui a également écopé d'une amende de 44 millions d'euros, avait soutenu devant le juge avoir lui-même remis mensuellement, sans témoin, aux plus hauts dirigeants du PP des milliers d'euros "en billets de 500" tirés de la caisse noire. - "Luis, sois fort" - L'affaire est restée célèbre pour un fameux SMS - "Luis, sois fort" - que M. Rajoy avait amèrement regretté d'avoir envoyé en 2013 à Barcenas, quand ce dernier venait d'être mis en cause pour avoir caché des dizaines de millions d'euros en Suisse et d'autres fonds via des sociétés écrans. Jeudi, les médias espagnols ont sorti des archives une vidéo de 2009 où M. Rajoy soutenait, d'un air fâché, à propos de Gurtel: "ce n'est pas un réseau du PP, c'est un réseau contre le PP!". En juillet 2017, M. Rajoy avait été, dans le cadre de cette affaire, le premier chef du gouvernement en exercice à comparaître comme témoin devant un tribunal espagnol. Il avait alors assuré ne s'être "jamais" occupé "d'aucune question de comptabilité". Jeudi, Rajoy a minimisé la portée des scandales de corruption impliquant son parti. "Il est évident que le PP représente beaucoup plus que 10 ou 15 cas isolés", a-t-il dit, sans pouvoir nier que cela faisait "beaucoup de mal" à la formation qu'il préside depuis 14 ans. La peine la plus lourde - 51 ans et 11 mois de prison - a été infligée au dirigeant du réseau, l'homme d'affaires Francisco Correa, qui avait reconnu avoir offert d'importants cadeaux à des fonctionnaires et élus pour qu'ils attribuent des marchés à des entreprises "amies". - "Un avant et un après" Gurtel - A un an des élections municipales, régionales et européennes de mai 2019, et deux ans des législatives, le parti libéral Ciudadanos, qui a le vent en poupe dans les sondages, a profité de cette condamnation pour passer à l'offensive. Il y aura "un avant et un après la condamnation Gurtel dans la relation de Ciudadanos avec le gouvernement", a lancé son dirigeant, Albert Rivera, sous-entendant qu'il pourrait retirer son soutien au gouvernement, dont il a voté mercredi le budget. Le numéro un du parti de gauche radicale Podemos, Pablo Iglesias, a qualifié le PP de "parti délinquant" et proposé que l'opposition présente une motion de censure" pour le déloger du pouvoir. L'actualité n'en finit pas de livrer des munitions à l'opposition: la justice a ordonné jeudi le placement en détention provisoire d'une personnalité du PP, Eduardo Zaplana, ancien ministre et porte-parole du gouvernement de Jose Maria Aznar, dans le cadre d'une enquête pour corruption présumée.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

"La Russie est une société sans citoyens et sans attentes"

Macron au Brésil : un renouveau dans les relations entre les deux pays

L’info du jour | 29 mars - Mi-journée