Prisons secrètes de la CIA: la Lituanie et la Roumanie condamnées

Prisons secrètes de la CIA: la Lituanie et la Roumanie condamnées
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Après la Pologne en 2015, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a condamné la Lituanie et la Roumanie pour leur participation au programme de prisons secrètes de la CIA, épinglées pour complicité et de multiples violations. La présidente lituanienne Dalia Grybauskaite a réagi, reconnaissant que la décision de la CEDH "n'(était) pas favorable" à son pays, dont la "réputation est ternie". "Nous nous sommes engagés vis-à-vis de la Convention européenne des droits de l'homme. C'est pourquoi nous serons dans l'obligation de mettre en oeuvre la décision de la Cour", a dit la présidente. La Cour a donné raison à deux prisonniers de Guantanamo, Abd al-Rahim al-Nachiri (contre la Roumanie) et Abou Zoubaida (contre la Lituanie), qui affirmaient avoir été détenus au secret dans ces pays entre 2004 et 2006 et y avoir subi diverses formes de violences morale et physique. La CEDH a condamné les autorités roumaines et lituaniennes, concluant à plusieurs violations: celles sur l'interdiction de la torture, le droit à la liberté et à la sûreté des requérants, au respect de la vie privée, et le droit à un recours effectif. Les prisons de la CIA avaient été créées par l'Agence américaine de renseignement en secret dans plusieurs pays (Pologne, Lituanie, Roumanie, Afghanistan, Thaïlande), sous la présidence de George W. Bush au début de la "guerre contre le terrorisme", après les attentats du 11 septembre. "La participation de la Lituanie au programme de détentions secrètes de la CIA l'a amenée à commettre de multiples violations", de même que "la Roumanie a commis plusieurs violations (...) en se rendant complice du programme de détentions secrètes", selon les arrêts de la Cour. Si ni Bucarest, ni Vilnius n'ont jusqu'ici admis l'existence de ces prisons sur leurs territoires - le parquet général roumain et le parquet lituanien ont tous deux ouvert une enquête concernant l'existence présumée de ces centres -, pour la Cour il n'y a pas de doute. "Il est prouvé que la Roumanie a accueilli" un centre appelé "Site black", de même que "la Lituanie a accueilli une prison secrète de la CIA de février 2005 à mars 2006", dénommé "Site violet", selon la Cour. Vilnius et Bucarest devront verser 100.000 euros de dommages moraux à chacun des requérants. - "Informations cruciales" - Le ministre lituanien de la Justice, Elvinas Jankevicius, n'a pas exclu de faire appel. "Nous analysons la situation, l'arrêt est particulièrement important: plus de 300 pages. Nous devons l'étudier en détail. Nous avons la possibilité de faire appel de cette décision. Nous considérerons cette possibilité", a-t-il déclaré à l'AFP. Al-Nachiri, un Saoudien, est soupçonné d'avoir perpétré l'attentat contre le navire USS Cole, qui avait tué 17 Américains dans le port yéménite d'Aden en octobre 2000. Ce dernier est toujours détenu par les autorités américains dans des conditions restrictives, selon la Cour. Dans un récit au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), ce suspect disait avoir été contraint de subir des simulations de noyade et d'avoir été détenu de manière continue à l'isolement sans savoir où il se trouvait. Abou Zoubaida, un Palestinien apatride, est considéré comme l'un des principaux membres d'Al-Qaïda par Washington au moment de son arrestation. Pour arriver à ses conclusions, la Cour de Strasbourg a indiqué avoir "dû établir les faits à partir de différentes sources d'informations", disant avoir trouvé "des informations cruciales" dans un rapport de la Commission d'enquête du Sénat américain sur la pratique de la torture à la CIA. Le rapport, publié en décembre 2014, "(mentionnait) clairement une coopération avec les autorités locales", avec le "versement à ces autorités de plusieurs millions de dollars en échange de leur soutien au programme". "Ce jugement constitue un sévère camouflet face aux tentatives honteuses de la Roumanie de cacher la vérité concernant l'accueil d'une prison secrète de la CIA", a réagi Amrit Singh, une avocate d'Abd al-Rahim Al-Nachiri, qui y voit un arrêt "essentiel pour mettre fin à l'impunité de la complicité européenne dans le programme de torture de la CIA". Les deux arrêts ne sont pas définitifs, les gouvernements roumain et lituanien ayant trois mois pour faire appel et demander un réexamen devant la Grande chambre de la CEDH. En février 2015, la CEDH, déjà saisie d'une requête de Zoubaida, avait définitivement condamné la Pologne pour son rôle dans les prisons secrètes de la CIA.

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