Mondial-1998, les 20 ans: l'affaire des quotas, le crève-coeur de France 98

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L'harmonie des champions du monde 1998 a volé en éclats au printemps 2011 lorsqu'une réunion à la Fédération (FFF), avec la participation active du sélectionneur de l'époque Laurent Blanc, envisageait la limitation des binationaux voire du "prototype" des "blacks" dans les équipes de jeunes. "Pour les plus hautes instances du football français, l'affaire est entendue: il y a trop de Noirs, trop d'Arabes et pas assez de Blancs sur les terrains": c'est sous ce titre que Mediapart lance la bombe médiatique un jour d'avril 2011, en révélant le contenu d'une réunion de la Direction nationale technique (DTN) tenue le 8 novembre 2010. Blanc s'y montre "favorable" à une idée de quota de binationaux dans les sélections de jeunes. Il envisage ensuite "des critères différents de sélection" chez les jeunes. "On a l'impression qu'on forme vraiment le même prototype de joueurs: grands, costauds, puissants (...). Qu'est-ce qu'il y a actuellement comme grands, costauds, puissants? Les blacks (...) Les Espagnols, ils m'ont dit: +Nous, on n'a pas de problème. Nous, des blacks, on n'en a pas+." Le monde politique s'empare de l'affaire, la Fédération est ébranlée, et la pression s'accentue sur Blanc. Il dément dans un premier temps, avant de faire amende honorable dans un communiqué, puis de venir dire au JT de TF1: "Je tiens à m'excuser pour les propos tenus lors de cette réunion. Les termes ont complètement dérapé". Le 10 mai 2011, clap de fin: la ministre des Sports Chantal Jouanno et l'enquête interne de la FFF dédouanent Blanc. - Petit rouvre le dossier - Mais l'affaire aura déchiré France 98. Plusieurs anciens soutiennent Blanc; ils plaident la maladresse, demandent l'indulgence et le maintien de "Lolo" comme sélectionneur. Par exemple Christophe Dugarry, Marcel Desailly, Bixente Lizarazu et surtout l'icône Zinédine Zidane, qui estime dans L'Equipe que Blanc "doit continuer" à son poste et qu'"il n'est bien sûr pas raciste". A contrario, deux autres champions du monde s'indignent. "C'est scandaleux ! Ce sont des propos graves", estime Patrick Vieira dans Le Monde concernant les déclarations de Blanc dans la fameuse réunion. "Il est clair que nous sommes au coeur d'un scandale", accuse Lilian Thuram sur TF1. Les excuses de Blanc ? Elles "n'ont pas été à la hauteur de ce qui s'est passé", tranche "Tutu" sur RTL, avant d'ajouter sur France 2: "Bien évidemment qu'il est fragilisé par ses propos. Sinon, je connais bien Laurent Blanc et je ne pense pas qu'il soit raciste". Les montées au créneau de Thuram exaspèrent Christophe Dugarry, qui l'accuse sur Infosport de vouloir "passer pour le juge de la Cour suprême". Il exhume une scène du 12 juillet 1998 et inconnue jusqu'alors: "J'entends Lilian Thuram, et je ne suis pas le seul, Frank Leboeuf aussi, dire +allez les Blacks on fait une photo tous ensemble!+". En 2017, dans son "Dictionnaire passionné de l'équipe de France" (Hugo Sport), Emmanuel Petit rouvre le dossier: il évoque la photo, mais pas l'affaire des quotas. Interrogé par l'AFP sur cette absence, il a répondu: "Parce que pour moi ça n'a aucune importance. L'immigration a toujours joué un rôle majeur dans les performances, dans le football et toutes les disciplines sportives. Peut-être que ç'a été très mal interprété, et qu'on est venu greffer un problème sociétal qui était devenu anxiogène, comme quoi le problème en France ce sont les musulmans, les Arabes et les noirs. Moi qui ai toujours vécu dans un vestiaire, l'appartenance religieuse, politique ou à une race n'a jamais été conflictuelle". "C'est peut-être sorti d'un constat où on formait essentiellement des joueurs avec une stature physique au détriment d'une meilleure culture tactique et technique. Il y a eu une incompréhension à ce niveau-là, il y a eu une récupération et on en a fait un problème politique", a-t-il précisé. - "S'aimer" et "être en désaccord" - En revanche, Petit a mentionné l'épisode de la photo dans son livre en écrivant: "Ca m'avait plus que gêné, j'étais blessé. Il (Thuram) m'a répondu que c'était un clin d'oeil et qu'il ne fallait pas mal le prendre. Je ne lui en ai pas tenu rigueur. On s'est expliqué et le souci s'est vite dissipé". Thuram a réagi auprès de l'AFP: "Je pars toujours du principe que les gens sont de bonne foi. Je n'ai jamais vu cette photo. Que moi je demande qu'on fasse une photo tous les noirs ensemble, je n'en ai aucun souvenir. Mais même si je l'avais dit? Si par exemple quelqu'un dit: +Allez, tous les blancs on fait une photo!+ Pour moi ça ne veut rien dire. Mais si on dit: +Vous les noirs, ou vous les blancs, vous n'avez pas le droit de faire une photo avec la Coupe du monde+, ça, ça veut dire quelque chose. Mais je comprends le timing de cette sortie sur la photo. C'est sorti à un moment bien précis, sinon jamais personne n'aurait entendu parler de cette photo". "Cette idée de mettre sur un plan d'égalité la photo et le fait de discriminer des enfants, je trouve ça d'une malhonnêteté intellectuelle!", assène-t-il aussi. Alors comment se passent les retrouvailles avec "Duga" ? "Ben très bien! Pourquoi voulez-vous que ça se passe mal? Vous pouvez être en désaccord avec quelqu'un et avoir beaucoup de bienveillance, des sentiments très forts. Christophe Dugarry, c'est quelqu'un que j'aime beaucoup. On peut s'aimer, s'apprécier, et être en désacccord. Quand quelqu'un me critique, ça ne veut pas dire qu'il ne m'aime pas. Il peut être en désaccord avec l'attitude que j'ai ou ce que j'ai demandé".

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