Deliveroo dans le collimateur de la justice espagnole

Deliveroo dans le collimateur de la  justice espagnole
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Par Vincent CosteMarta Rodríguez Martínez, Rafael Cereceda, Chris Harris
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Le tribunal de Valence a considéré que le licenciement d'un ancien coursier de Deliveroo était “irrecevable".

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C’est un coup dur pour Deliveroo, cette société britannique spécialisée dans la livraison de plats cuisinés. Le tribunal de Valence, en Espagne, a en effet considéré que ses coursiers n’étaient pas des travailleurs indépendants, mais de vrais employés. Cette décision de justice remet en cause le modèle économique mis en place par la start-up.

Tout est parti de la plainte de Víctor García, un ancien coursier qui avait dénoncé son licenciement. Ce dernier avait contesté son renvoi considérant qu’il était employé directement par la compagnie et non en tant que travailleur indépendant.

Le tribunal de Valence est donc allé dans le sens du coursier et a considéré que le licenciement était “irrecevable". En outre, l'entreprise a été condamnée à verser les indemnités correspondantes à un licenciement abusif, soit 700 euros, ou à réintégrer le coursier.

Contacté par euronews, Marco Antonio Llerena, l'avocat du plaignant qui est aussi dirigeant du syndicat Intersindical Valenciana, s’est félicité de cette décision de justice qui "démonte ce système des faux indépendants". Deliveroo a cependant cinq jours pour faire appel, ce que fera vraisemblablement la compagnie, selon Marco Antonio Llerena.

"C'était un cas très compliqué, mais il est parti sur de bonnes bases grâce au rapport de l'inspection du travail de Valence qui considérait que les livreurs de Deliveroo étaient tous des employés” nous a expliqué Marco Antonio Llerena. "Nous croyons que cette décision aidera à normaliser les relations de travail", a ajouté l’avocat.

Pour Marco Antonio Llerena, Deliveroo est l'une des sociétés qui engendre le plus de précarisation. “Les personnes travaillant pour cette compagnie sont très bon marché, ils reçoivent 3,38 euros par course et jusqu'à récemment, ils n'avaient pas d'assurance tous risques. Dans des villes comme Madrid, où le trafic est très compliqué, il n’est pas rare de voir des accidents” explique-t-il.

Deliveroo nous a adressé un droit de réponse par rapport au jugement rendu à Valence :

"Les livreurs de Deliveroo sont des travailleurs indépendants, car cela leur donne la liberté de choisir quand et où travailler, et c’est ce qu'ils nous disent vouloir. Deliveroo continuera d'offrir aux coursiers un travail flexible tout en augmentant leur sécurité grâce à une assurance gratuite. Cette affaire concerne un coursier qui était engagé sous un ancien contrat qui ne reflète plus la façon dont les coursiers travaillent avec Deliveroo. Et là où les contrats en vigueur ont été examinés par des tribunaux dans toute l’Europe, ces derniers les ont considérés comme offrant toutes les garanties d’un réel travail indépendant. La société examinera la décision de justice avant de décider des prochaines étapes."

La justice britannique avait également été saisie sur une même affaire concernant le statut des coursiers employés par Deliveroo. Au Royaume-uni, le jugement rendu avait été en faveur de l’entreprise.

En France, en mars dernier, l'inspection du travail avait considéré que les coursiers employés par Deliveroo étaient des salariés classiques et non des indépendants comme l’affirme la société. Un procès-verbal avait été transmis au parquet. A l’heure actuelle, ce dernier n'a pas fait l'objet de décision de justice.

Le gouvernement français, sous l’égide du ministère du Travail, a mis la protection sociale des travailleurs « ubérisés » à son agenda. En effet, des négociations sont actuellement en cours avec plusieurs plates-formes, dont Deliverro et Uber, afin de trouver des solutions aux problématiques des précaires du numérique.

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