Manifestations au Nicaragua : cinq morts, le gouvernement appelle au dialogue

Manifestations au Nicaragua : cinq morts, le gouvernement appelle au dialogue
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Au moins cinq personnes ont été tuées au Nicaragua dans de nouvelles violences en marge des manifestations contre le président Daniel Ortega, dont l'épouse et vice-présidente a appelé au dialogue lundi. Ces derniers jours, Masaya, ville située à 30 km au sud-est de la capitale Managua, s'est transformée en véritable champ de bataille entre manifestants et forces de l'ordre qui tentent de dégager par la force les nombreuses barricades obstruant les rues de cette localité de 100.000 habitants. Suite à de nouveaux affrontements entre dimanche soir et lundi matin, "nous avons établi un bilan préalable de cinq citoyens de Masaya tués, c'est-à-dire assassinés", a accusé Alvaro Leiva, président de l'Association nicaraguayenne de protection des droits de l'homme (ANPDH). Avant ces incidents, le dernier bilan du Centre nicaraguayen des droits de l'homme (Cenidh) faisait état de plus de 113 personnes mortes dans tout le pays depuis le début mi-avril d'une vague de manifestations contre M. Ortega, qui dénonce une "conspiration de l'opposition" visant à le renverser. De leur côté, les opposants l'accusent de faire appel à des groupes de civils armés mobilisés en milice. Dans une apparente tentative d'apaisement, Rosario Murillo, Première dame et vice-présidente du pays, a lancé lundi un appel au dialogue sur les médias d'Etat, sans toutefois faire de proposition concrète à l'opposition. "Nous voulons tous la paix, nous voulons le dialogue, nous voulons travailler ensemble et nous écouter, discuter de tous les sujets parce qu'il y a une solution à tout", a-t-elle assuré, se disant "engagée en faveur du dialogue, du travail, de la sécurité et de la paix". Dimanche à Rome, le pape François avait demandé la reprise du dialogue au Nicaragua, trois jours après que la Conférence épiscopale de ce pays largement catholique - qui s'était proposée comme médiatrice entre gouvernement et opposition - eut prévenu que le dialogue ne reprendrait pas tant que la répression se poursuivait. Or les évènements de ces derniers jours à Masaya, devenu l'épicentre de la contestation, n'engagent pas à l'optimisme. - Armes à feu contre pierres - Dimanche soir "ce fut une attaque généralisée, quasiment une invasion de la ville avec un armement lourd si l'on en juge par les rafales" entendues, a déclaré à l'AFP le prêtre Augusto Gutierrez, résidant dans le quartier de Monimbo. Les assaillants "étaient des (brigades) anti-émeutes et des groupes de civils qui sont entrés (dans la ville) à bord de camionnettes", faisant face à des manifestants sur les barricades qui "se défendaient à coups de pierres, de frondes et de mortiers" artisanaux, a poursuivi le religieux. Relayant des témoignages, le prêtre et M. Leiva de l'ANPDH ont fait état de deux exécutions sommaires de manifestants désarmés, dont un mineur de 15 ans. En parallèle, de nombreux habitants de Masaya ont rapporté avoir observé au-dessus de la ville des drones et un petit avion, qui selon M. Leiva pourraient avoir épandu du gaz lacrymogène. Le religieux a confirmé que certains habitants avaient souffert de "vomissements, brûlures de la peau, des yeux, et de diarrhées". Ramon Avellan, sous-directeur de la police de Masaya, a indiqué aux médias officiels que les manifestants "étaient équipés d'armes à feu" et que la police "avait été obligée" de sortir pour rétablir l'ordre. Il a également annoncé qu'un de ses agents avait été tué par des manifestants, mais on ignorait à ce stade si cette victime fait partie des morts comptabilisés par l'ANPDH. - "Une ville en guerre" - Masaya, ville d'artisans et de petits agriculteurs, a souffert de saccages et d'incendies de magasins, attribués par beaucoup d'habitants aux forces de l'ordre, mais celles-ci s'en défendent en pointant du doigt des fauteurs de trouble anti-gouvernementaux. "On dirait une ville en guerre. Il y a une colère très grande contre le gouvernement et la police pour tout ce qu'ils nous font subir", a déclaré le prêtre Augusto Gutierrez. Héros de la révolution sandiniste qui avait renversé la dictature en 1979, Daniel Ortega voit le vent tourner contre lui depuis la mi-avril. Il est confronté à une vague de contestation sans précédent, déclenchée par une réforme des retraites abandonnée depuis, mais qui a vite tourné à un mouvement général de rejet du chef de l'Etat, accusé de brider les libertés et confisquer le pouvoir. Il dirige le Nicaragua depuis 2007, après un premier passage de 1979 à 1990. Sur les réseaux sociaux, les opposants appellent la population à constituer des réserves d'eau et de nourriture et à veiller à la sécurité de leurs quartiers. Ils exhortent également les Nicaraguayens à ne pas régler leurs impôts ni leurs factures d'eau et d'électricité. A Managua, la capitale, le calme régnait lundi soir, mais le Cenidh accusait des groupes motorisés de parcourir les rues pour terroriser la population et la dissuader de manifester.

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