Afghanistan: les talibans acceptent un cessez-le-feu pour le ramadan

Afghanistan: les talibans acceptent un cessez-le-feu pour le ramadan
Par AFP
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Les talibans ont annoncé samedi trois jours de cessez-le-feu avec les forces afghanes, pour la fin du ramadan, une première depuis 2001 qui intervient deux jours après l'annonce d'un cessez-le-feu unilatéral par le président afghan Ashraf Ghani. Quelques heures avant cette annonce, leurs combattants attaquaient toutefois une base militaire dans la province d'Herat (Ouest) vendredi soir puis un poste de police dans celle de Kunduz (Nord) samedi à l'aube, faisant au total 36 morts parmi les forces de sécurité afghanes. Les talibans ont ajouté, dans un communiqué diffusé via WhatsApp, qu'ils continueraient leurs opérations contre les "forces occupantes" étrangères dans le pays et qu'ils se défendraient "avec virulence" s'ils sont attaqués. C'est la première fois depuis 17 ans et l'intervention d'une coalition internationale menée par les Etats-Unis qui les avait chassés du pouvoir que les talibans décrètent un quelconque cessez-le-feu. "Tous les moudjahidines ont pour ordre de cesser les opérations offensives contre les forces afghanes durant les trois premiers jours de l'Aid-el-Fitr", qui devrait commencer en fin de semaine prochaine. Mais s'ils "sont attaqués, ils se défendront", ont-ils poursuivi. Jeudi, le président afghan Ashraf Ghani, dont les offres de paix sont restées jusqu'à présent sans réponse, avait annoncé un cessez-le-feu unilatéral avec les talibans mais pas avec le groupe Etat islamique. Il doit commencer, avait-il précisé, le "27e jour du ramadan (mardi) et se poursuivra jusqu'au cinquième jour de l'Aïd-el-Fitr", qui devrait commencer en fin de semaine prochaine, ce qui signifierait qu'il pourrait s'étendre du 12 au 19 juin. Le général américain John Nicholson, commandant des forces de l'OTAN en Afghanistan, avait également annoncé que celles-ci "honoreraient" la trêve, de laquelle était exclue "la lutte antiterroriste". Ashraf Ghani avait expliqué que son offre était consécutive "à la fatwa historique des oulémas afghans", qui ont décrété lundi le terrorisme contraire à l'Islam. - "Haram" - Lundi, 3.000 oulémas de tout le pays se sont réunis pour publier une fatwa déclarant les attaques-suicide +haram+ (interdites) et recommandant un cessez-le-feu aux belligérants. Une heure après la publication de cette fatwa en direct à la télévision, un kamikaze se revendiquant du groupe Etat islamique se faisait exploser à l'entrée de la tente où se tenait l'assemblée des religieux, faisant sept morts. Fin février, lors d'une conférence régionale, le président Ghani a proposé des pourparlers de paix aux talibans, qui pourraient devenir un parti politique s'ils acceptent un cessez-le-feu et reconnaissent la Constitution de 2004. Depuis, les intéressés n'ont pas répondu officiellement. Mais ils ont continué les attentats meurtriers, ciblant en priorité les forces de sécurité, police et armée depuis le début du ramadan, tout en continuant de se battre âprement dans les provinces de Farah (ouest) et Ghazni (centre-est). Selon le général Nicholson, les insurgés "négocient en secret" avec les autorités afghanes. Alors que les civils sont en première ligne dans ce conflit qui s'éternise, les jeunes afghans restaient partagés sur les réseaux sociaux. Si Karwan a écrit "ne toujours pas croire au fait que (les talibans) ont accepté l'offre de cessez-le-feu", "le premier auquel il assiste depuis (sa) naissance", Hashim Akbari ne voyait "aucune différence". "Ils ont tué des dizaines de personnes à Herat et Kunduz en un jour. Ils en tueront davantage pour se rattraper des jours de cessez-le-feu", a-t-il regretté. L'analyste politique afghan Haroon Mir, "très heureux que les talibans aient répondu positivement" à l'offre du président Ghani, a toutefois affirmé à l'AFP qu'il était "trop tôt pour être très optimiste". "Nous ne savons pas ce qui se passera les jours précédents ou suivants" l'interruption des combats. "Je ne pense pas que le réseau Haqqani sera partant" pour un cessez-le-feu, a confié un diplomate étranger à l'AFP, ajoutant qu'il ne serait "pas surpris si des incidents se produisent et qu'ils sont revendiqués par Daech", l'acronyme arabe de l'EI. Certains responsables afghans et occidentaux soupçonnent l'EI de recevoir de l'aide d'autres groupes insurgés, notamment le réseau Haqqani, pour certains attentats. Le commandant suprême des forces alliées en Europe, le général Curtis Scaparrotti, assurait vendredi à Bruxelles que croire à des négociations entre le gouvernement afghan et les talibans n'est pas "un voeu pieux". Je pense que les talibans sont sous pression en ce moment", a-t-il dit. "Il y a peut-être plus de potentiel" pour une solution négociée, a poursuivi le général américain. "Avant, les talibans avaient beaucoup de cohésion sur ce sujet. Maintenant, on voit qu'il y en a qui veulent parler".

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