Mondial-2018: Olivenza "c'est le Portugal"... mais on y soutient l'Espagne

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Par AFP
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"Olivenza est à nous, c'est le Portugal": le graffiti, sur le panneau marquant la frontière luso-espagnole, rappelle les 500 ans d'histoire portugaise de cette petite cité aux confins de l'Estrémadure. Devenue espagnole, la ville vibrera néanmoins pour la "Roja" vendredi lors de Portugal-Espagne au Mondial-2018. Enlevée au Portugal en 1801, Olivenza (ou Olivença en portugais) aurait dû être rétrocédée au moment de la ratification du congrès de Vienne en 1817. Mais la ville n'a jamais été restituée par Madrid, qui l'administre de fait depuis deux siècles. Périodiquement, Lisbonne revendique ses droits sur cette petite municipalité de 12.000 habitants, située sur la rive est du fleuve Guadiana. "La position du gouvernement portugais doit être ferme pour que l'Espagne se décide enfin à reconnaître Olivença comme portugaise", explique à l'AFP l'ancien parlementaire José Ribeiro e Castro, à l'origine d'une loi donnant accès à la nationalité portugaise aux Oliventinos depuis 2014. Dans le centre de la ville, l'église de style "manuélin", architecture aux motifs surabondants typiquement portugaise, est voisine de la mairie, où un blason portugais est encore sculpté sur la façade. Mais les autorités se démarquent de cette querelle territoriale. "Nous travaillons à ce qui nous unit, pas à ce qui nous sépare", déclare à l'AFP le maire socialiste Manuel Andrade. "Il y a eu quelques erreurs dans le passé mais aujourd'hui avoir fêté le jour du Portugal le 10 juin pour la troisième année consécutive en dit long." - 'Sans frontières' - Pour décrire sa commune, l'élu de 36 ans aux cheveux brillants de gel évoque un endroit "unique" et "sans frontières", assurant que "les Portugais se sentent comme chez eux à Olivenza". Et ses préférences sont claires. "Si l'Espagne ne gagne pas le Mondial, j'aimerais que ce soit le Portugal", dit-il en souriant. Le mélange des cultures d'Olivenza est incarné par Ana Marquez, membre du groupe de folk bilingue Acetre. "Il y a ce passé, cette +saudade+ portugaise (mélancolie, NDLR) mais à Olivenza nous sommes également espagnols. La double nationalité, c'est ce que je suis, j'ai toujours su qu'une partie de moi était portugaise", confie à l'AFP l'Oliventina, qui fait partie des premiers habitants à avoir obtenu le passeport portugais en décembre 2014. De sa voix posée, qui devient vibrante quand elle prend le micro pour quelques couplets, la jeune femme brune de 37 ans chante son amour pour la culture lusitanienne. Mais là encore, la "Roja" reste son premier choix. "Quand le Portugal a gagné l'Euro, j'étais très heureuse et à la maison on l'a fêté comme si c'était l'Espagne qui l'avait remporté. Au Mondial, je suppose que je soutiendrai davantage l'Espagne mais je serai également contente si le Portugal gagne. J'aimerais un match nul", lance cette professeure d'anglais et de portugais. - Ronaldo ou la 'Roja' ? - A l'Olivenza Futbol Club, modeste club amateur luttant chaque année pour le maintien en troisième division, on choisit presque unanimement la "Roja". "Je supporte l'Espagne pour cette rencontre mais le Portugal est un peuple voisin donc dans tous les autres cas de figure je suis pour le Portugal", lâche José Silva, président de l'équipe, de sa voix rauque et son fort accent estrémadurien. Le dirigeant de 55 ans, surnommé "El Cigarron" ("Le Cigare"), pronostique d'ailleurs une victoire espagnole 2-1. A l'heure de l'échauffement dans un complexe sportif moderne aux murs blanchis à la chaux, Christo Helguera hésite entre sa passion pour le Real Madrid et son amour pour la star portugaise du club espagnol, le quintuple Ballon d'Or Cristiano Ronaldo. "Cristiano est le joueur le plus important, je veux que l'Espagne l'emporte 2-1 mais avec un but de Ronaldo", s'amuse le joueur de 24 ans. Un seul membre du club joue le contre-pied: José Bastos, jeune arbitre portugais de l'équipe, n'abandonnerait pour rien au monde les champions d'Europe. "Ce sera un match difficile, l'Espagne a une grande sélection mais nous aussi et c'est pour cela qu'on a gagné le dernier Euro. Le Portugal va gagner 2-1", affirme-t-il sans hésitation du haut de ses 18 ans. Pour lui, les plaisanteries entre Espagnols et Portugais à Olivenza sont à l'image de la rivalité entre Cristiano Ronaldo et Lionel Messi. Mais qu'on supporte la "Roja" ou la "Selecçao", "on est toujours bien accueillis à Olivenza", conclut le jeune Portugais.

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