Mondial-2018: l'étrange séjour de footballeurs saoudiens en Liga

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Ils étaient venus en Liga pour s'aguerrir, ils en repartent presque sans avoir joué: les prêts de neuf footballeurs saoudiens à des clubs espagnols, censés préparer les joueurs avant le Mondial-2018, ont tourné au "fiasco", symbole d'une opération plus stratégique que sportive. "L'adaptation est difficile", reconnaît d'emblée David Cobeno, directeur sportif du Rayo Vallecano, club de deuxième division de Madrid qui a recruté Abdulmajeed Al-Sulayhim, milieu saoudien de 24 ans. "Tout l'extra-sportif, la langue, l'alimentation, la ville, c'est ça le plus dur pour lui et c'est là qu'on voit son handicap", dit-il. Al-Sulayhim, qui ne parle qu'arabe, doit toujours être assisté d'un traducteur, y compris à l'entraînement. Et le joueur n'est jamais entré en jeu en match officiel. Cette situation se répète dans six autres clubs espagnols, qui ont accueilli au mercato d'hiver un ou deux joueurs saoudiens en vertu d'un accord entre la Ligue de football professionnel (LaLiga) et l'autorité sportive d'Arabie saoudite (GSA). Annoncés simultanément fin janvier, ces prêts, dont le coût est partagé entre les clubs espagnols et saoudiens, font grincer des dents en Espagne comme en Arabie saoudite: les joueurs prêtés ont eu un temps de jeu famélique, y compris des piliers de la sélection qui disputera le match d'ouverture du Mondial le 14 juin contre la Russie. - "Fiasco" - L'ailier des Verts Salem Al-Dawsari, prêté à Villarreal, et l'attaquant Fahad Al-Muwallad, à Levante, n'ont joué que quelques minutes lors de matchs sans enjeu en fin de saison. Le milieu offensif gaucher Yahia Al-Shehri n'est jamais entré en jeu avec Leganés. En deuxième division, aucun des quatre clubs ayant reçu un Saoudien (le Sporting Gijon, Valladolid, Numance et le Rayo Vallecano) ne les a jamais alignés. Et aucun club n'a donné suite aux demandes de l'AFP pour s'entretenir avec ces inhabituelles recrues. "D'un point de vue sportif, c'est peut-être le plus grand fiasco de l'accord, parce que la participation sportive de ces neuf joueurs a été pratiquement résiduelle", analyse Placido Rodriguez, ancien président de Gijon (1989-1992) et économiste spécialiste du football. "Connaître les techniques d'entraînement ou jouer avec des Espagnols, ce n'est pas pour ça qu'on vient, clairement. On vient pour plus, pour avoir une contribution, pour apprendre un autre rythme de jeu, et ça, ça se fait en jouant, pas à l'entraînement", dit ce professeur de l'université d'Oviedo. LaLiga, elle, défend cet accord qui lui sert de vitrine à l'étranger dans le cadre de son ambitieuse politique d'expansion internationale. En Arabie saoudite, "on a peut-être pu penser qu'ils joueraient plus, mais on a aussi réalisé que le niveau du championnat espagnol était très, très élevé", assure Fernando Sanz, directeur de LaLiga pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord. - Expansion - "Le projet n'est pas basé sur le fait qu'ils jouent plus ou moins", ajoute-t-il, vantant la qualité des entraînements. Certains joueurs ont pris "plus de quatre kilos de muscles", assure-t-il. "Ce genre d'accords fait que la marque Liga s'introduit beaucoup plus dans le pays", dit-il. Mais la manière est critiquée en Espagne. "Le problème, c'est que LaLiga, l'organe patronal, parvient à un accord, en l'occurrence avec le gouvernement saoudien, et met d'une certaine manière les places aux enchères", déplore Jesus Barbadilla, du syndicat des footballeurs professionnels espagnols (AFE). En cause notamment, des contrats publicitaires avec un opérateur de téléphonie saoudien conclus par les sept clubs d'accueil dans les semaines ayant suivi l'annonce des prêts. Pas une contrepartie, jure Fernando Sanz, mais un résultat de la meilleure visibilité des clubs espagnols sur le sol saoudien. "Logiquement, des entreprises d'Arabie saoudite s'intéressent à là où jouent leurs joueurs", justifie-t-il. In fine, estime Placido Rodriguez, l'objectif de l'accord est de mieux vendre les droits TV du Championnat d'Espagne. Mais ce genre de partenariat ne revêt qu'une importance minime par rapport au véritable nerf de la guerre entre grands championnats pour capter l'audience mondiale: disposer des plus grandes stars comme Lionel Messi et Cristiano Ronaldo. "Ce sont ces joueurs dont on a besoin pour avoir plus de revenus. Et là, ce n'est plus une question d'Arabie saoudite ou quoi que ce soit, au bout du compte, c'est diffusé partout", conclut l'économiste.

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