Aux Etats-Unis, le déchirement des familles aux parents clandestins

Aux Etats-Unis, le déchirement des familles aux parents clandestins
Par AFP
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Il était parti livrer une pizza à Brooklyn et s'est retrouvé dans une prison du New Jersey en vue de son expulsion: l'histoire d'un Equatorien, père de deux petites filles américaines, a mis en lumière le déchirement de nombreuses familles aux parents clandestins aux Etats-Unis. Donald Trump est arrivé au pouvoir en promettant de renvoyer chez eux plus de 10 millions de sans-papiers, venus pour la plupart du Mexique et d'Amérique centrale. Mais dans bien des cas, les expulsions sont de véritables drames: beaucoup de sans-papiers, parfois installés aux Etats-Unis depuis des décennies, ont fondé des foyers, avec des conjoint(e)s et des enfants américains. Plus de cinq millions d'enfants vivent aux Etats-Unis avec au moins un parent clandestin, et 4,1 millions d'entre eux sont américains, estime l'institut spécialisé Migration Policy Institute, basé à Washington. Le cas du livreur Pablo Villavicencio, arrêté le 1er juin dans une base militaire de Brooklyn où il avait livré des pizzas par le passé, est emblématique de ces histoires dont se font désormais régulièrement l'écho les médias américains. A 35 ans, M. Villavicencio vit et travaille à New York depuis plus de huit ans. S'il est expulsé, sa famille sera séparée, à moins que sa femme et ses filles, qui ont toutes trois la citoyenneté américaine, renoncent à vivre aux Etats-Unis. Elle perdrait aussi sa principale source de revenus. "Ces derniers jours ont été très durs pour nous, surtout pour mes filles à qui il manque beaucoup", a dit sa femme, Sandra Chica, dans une vidéo postée sur Twitter. Les avocats de l'association Legal Aid, qui défendent le livreur équatorien à titre bénévole, ont obtenu le week-end dernier que son expulsion soit reportée, au moins jusqu'à une prochaine audience fixée au 20 juillet. Mais l'intéressé, qui avant son arrestation avait déposé une demande de "carte verte", le permis de séjour américain, reste en prison en attendant qu'un juge statue sur son sort. - "Tout le temps, dans tout le pays" "Le cas de Pablo n'a rien d'unique. Il a été très médiatisé, mais il y a des choses comme ça tout le temps, dans tout le pays, à la frontière, dans les villes", explique à l'AFP Gregory Copeland, son avocat. "Comme on pouvait s'y attendre, les fillettes réclament leur père", ajoute-t-il. M. Villavicencio "est un père très présent". "Il n'est pas dangereux, il ne présente aucun risque, il ne se cache pas, il n'a pas d'antécédents judiciaires. Il n'y a aucune raison de le maintenir en détention", souligne l'avocat. Avant l'arrivée au pouvoir de Trump, l'administration de Barack Obama avait déjà expulsé quelque deux millions de clandestins. Mais elle ciblait avant tout les sans-papiers ayant commis des délits graves, alors que l'administration Trump a donné pour consigne d'expulser aussi les immigrés ayant à leur actif des délits mineurs, même quand ils ont un titre de séjour en règle. Les arrestations de clandestins ont ainsi augmenté de 27% par rapport à la même période un an plus tôt, pour atteindre 79.286 interpellations sur la période allant d'octobre 2017 à mars 2018, selon les services américains de l'immigration. Ces derniers multiplient les descentes dans les entreprises et même les tribunaux, autrefois considérés comme des lieux sûrs. Après un raid dans une jardinerie de l'Etat de l'Ohio le 6 juin, lors duquel plus de 100 migrants ont été interpellés, des défenseurs des immigrés ont indiqué que des dizaines d'enfants avaient attendu qu'on vienne les chercher dans des garderies ou chez des nounous... - Expulsions "dévastatrices" "Avoir un parent sans-papier est extrêmement stressant pour les enfants, surtout dans le contexte actuel", souligne Sarah Pierce, analyste au Migration Policy Institute. L'expulsion d'un parent "peut être dévastatrice pour la famille, économiquement et psychologiquement". Une étude réalisée en 2016 par son institut montre que les enfants de clandestins commencent l'école plus tard, parlent moins bien l'anglais, sont plus pauvres et ont des chances de promotion sociale réduites par rapport à la moyenne des enfants en situation régulière. Sous Obama, "la séparation des familles était l'exception, maintenant c'est la règle", a indiqué à l'AFP Megan McKenna, porte-parole de l'association KIND, qui fournit une assistance juridique gratuite aux immigrés mineurs. Depuis mai, l'administration Trump a aussi commencé à poursuivre au pénal tous les migrants qui essaient de rentrer sans papiers aux Etats-Unis. En conséquence, dès qu'un étranger sans papiers se présente à la frontière avec ses enfants, il est immédiatement arrêté, et donc séparé de ses enfants, souvent pour une durée indéterminée.

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