Armes chimiques: discussions au sommet pour renforcer les pouvoirs de l'OIAC

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Les puissances mondiales ont l'occasion lors de discussions à La Haye à partir de mardi de faire un pas historique en donnant aux experts de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) le pouvoir de déterminer les responsables de telles attaques. Le sujet des armes chimiques est longtemps resté tabou depuis leur apparition sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale mais les recours récents aux gaz toxiques dans les conflits irakiens et syriens, aux agents neurotoxiques à Kuala Lumpur et en Angleterre ont alarmé le monde entier. Malgré l'horreur généralisée que suscitent les images d'enfants contaminés par des armes chimiques, la communauté internationale n'a pas réussi jusqu'à présent à prendre des mesures punitives contre les responsables présumés dans un contexte de confrontation amère entre la Russie et les pays occidentaux. Après l'empoisonnement en mars par un agent innervant de l'ex-espion russe Sergueï Skripal et de sa fille à Salisbury (sud-ouest de l'Angleterre) - la première attaque chimique depuis des décennies sur le sol européen - le Royaume-Uni, qui a attribué cette action à la Russie, a appelé au renforcement du pouvoir de l'OIAC. Soutenue par 11 alliés, Londres a convoqué une rare session spéciale à l'OIAC au cours de laquelle elle cherchera à donner aux experts de l'organe le pouvoir de nommer les responsables de toute utilisation future d'armes chimiques. - Expertise de l'OIAC - Lors de la réunion, le Royaume-Uni soumettra aux délégations des Etats membres une proposition pour que l'OIAC "commence à attribuer la responsabilité des attaques d'armes chimiques en Syrie", a déclaré sur son compte Twitter le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson. "Avec son expertise technique avérée en matière d'armes chimiques, l'OIAC est le bon organe pour étudier qui est derrière une attaque", a-t-il ajouté. Quelque 96% des stocks d'armes toxiques déclarés dans le monde ont été éliminés sous la surveillance de l'organisation lauréate du prix Nobel de la paix. Le reste est toujours détenu par les États-Unis et doit être détruit d'ici 2023. "Ce n'est pas le même problème des armes chimiques que nous avons affronté pendant la Guerre froide par exemple", a déclaré le diplomate français Nicolas Roche à un think tank de Washington, le Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS). "Il s'agit vraiment d'une utilisation presque quotidienne de ces armes dans un théâtre d'opérations à des fins tactiques et militaires", a-t-il affirmé. - Confrontation tendue - Au milieu de fortes divergences politiques entre la Russie et l'Occident sur la guerre en Syrie, les pourparlers à La Haye pourraient prendre les traits d'une confrontation tendue. Le premier jour de la session spéciale est ouvert aux médias avant que les représentants des 193 pays membres de l'OIAC ne se réunissent à huis clos mercredi pour voter sur le projet britannique, qui devra pour être approuvé obtenir une majorité des deux tiers des votants. Initialement prévue sur deux jours, la réunion pourrait s'étendre jusqu'à jeudi. "Nous sommes à la croisée des chemins", a déclaré le directeur de l'OIAC, Ahmet Uzumcu, lors d'un séminaire du CSIS cette semaine. Les récentes attaques chimiques présumées sont un "réveil brutal", a-t-il poursuivi, ajoutant que la situation actuelle n'était pas "tenable" en l'absence d'un mécanisme d'identification des responsabilités, une "lacune majeure". - "Culture de l'impunité" - Mais la Russie, principal allié du régime syrien et accusée par Londres d'être responsable de l'empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille, a déjà critiqué la teneur des pourparlers. "Les initiateurs font peu pour dissimuler le fait qu'ils prévoient de s'en servir pour attiser l'hystérie anti-syrienne et anti-russe", a déclaré sur son compte Twitter l'ambassade de Russie à La Haye, où se situe le siège de l'OIAC. Avant l'expiration de son mandat en décembre, la mission d'enquête commune ONU-OIAC, le Joint Investigative Mechanism (JIM), avait déterminé que le régime syrien avait utilisé du chlore ou du gaz sarin au moins quatre fois contre sa propre population et que le groupe État islamique avait utilisé du gaz moutarde en 2015. Moscou a exercé son pouvoir de veto au Conseil de sécurité de l'ONU pour mettre fin au mandat du JIM. L'OIAC devrait également dévoiler prochainement les résultats de son enquête sur l'attaque présumée au sarin et au chlore du 7 avril à Douma, près de Damas. Techniquement, l'OIAC est capable d'identifier les responsables d'une attaque à l'arme chimique, a indiqué M. Uzumcu, mettant la communauté internationale en garde contre l'inaction: "Une culture de l'impunité ne peut pas se développer autour de l'utilisation d'armes chimiques".

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