L'Erythrée et l'Ethiopie aspirent à la paix

L'Erythrée et l'Ethiopie aspirent à la paix
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Par Euronews avec AFP-AP-REUTERS
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Une délégation gouvernementale érythréenne est arrivée à Addis-Abeba pour une visite destinée à mettre un point final à la guerre et à des décennies d'hostilité entre les deux voisins de la Corne de l'Afrique.

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La visite a été qualifiée d’historique. Une délégation gouvernementale érythréenne s’est rendue à Addis-Abeba, en Ethiopie, mardi. Les deux pays ennemis ont décidé de mettre un terme à des années d'animosité et de conflit.

L'Ethiopie et l'Erythrée se sont livré de 1998 à 2000 une meurtrière guerre conventionnelle, avec chars d'assaut et tranchées, qui a fait quelque 80 000 morts, notamment en raison d'un désaccord sur leur frontière commune.

Inimaginable il y a encore quelques semaines, l'envoi de cette délégation a été décidé par le président érythréen Issaias Afeworki à la suite d'une ouverture du régime éthiopien et de son Premier ministre réformateur Ahmed Abiy.

Ce dernier, âgé de 42 ans, a pris ses fonctions en avril dernier. Il a depuis amorcé un train de réformes sans précédent.

Au nombre de ces bouleversements, l'annonce début juin de son intention d'appliquer l'accord de paix signé en 2000, à Alger, avec l'Erythrée et les conclusions de la commission internationale indépendante sur la démarcation de la frontière.

En 2002, une commission soutenue par l'ONU avait en effet tranché en faveur de l'Erythrée. L'Ethiopie avait refusé de se conformer à cette décision entretenant l’animosité entre les deux pays de la Corne de l’Afrique.

Il y a deux ans à peine, en juin 2016, un violent accrochage avait opposé les deux armées à la frontière, les Érythréens affirmant avoir tué plus de 200 soldats éthiopiens. L'Ethiopie avait alors mis en garde son voisin, lui rappelant qu'elle avait "la capacité à mener une guerre totale".

Répondant à la main tendue du régime éthiopien, le président érythréen Issaias Afeworki a annoncé la semaine dernière l'envoi de cette délégation en Ethiopie pour discuter d'une paix entre les deux ennemis jurés, en réponse aux "signaux positifs" venant d'Addis-Abeba.

Cette réponse avait tranché avec les habituelles diatribes du leader érythréen, à la tête depuis 1993 d'un des régimes les plus fermés et les plus répressifs au monde, qui justifie depuis des années l'emprisonnement de dissidents et la conscription obligatoire par la nécessité de se défendre contre l'Ethiopie.

Autrefois façade maritime de l'Ethiopie avec les ports de Massawa et d'Assab, l'Erythrée a déclaré son indépendance en 1993 après avoir chassé les troupes éthiopiennes de son territoire en 1991 au terme de trois décennies de guerre. À l'époque, les guérillas érythréenne et tigréenne s'étaient alliées pour renverser le pouvoir de Mengistu, tombé en mai 1991.

Si la décision d'Ahmed Abiy de tourner la page du conflit de 1998-2000 en respectant l'accord de paix d'Alger a été saluée par la communauté internationale, elle a été accueillie avec défiance par les habitants de la ville symbole de Badme, accordée à l'Erythrée en 2002. L'Ethiopie n'a d'ailleurs pas indiqué quand ses troupes quitteraient cette localité, dont les 18 000 habitants éthiopiens redoutent de se retrouver sous la coupe de leur ancien ennemi

Le Premier ministre éthiopien, qui a également annoncé la libéralisation partielle de l'économie éthiopienne et a procédé à des remaniements au sein de l'appareil sécuritaire, va devoir montrer sa capacité à concrétiser son ouverture vers l'Erythrée tout en ménageant les sensibilités dans son pays.

Samedi, lors d'un immense rassemblement sur la plus grande place d'Addis-Abeba, une grenade a été lancée par un homme encore non identifié, faisant deux morts. Ahmed Abiy venait d'achever son discours. 

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