L'historien russe du Goulag Dmitriev de retour en prison, en plein Mondial

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Un historien russe connu pour ses recherches sur la terreur stalinienne a été renvoyé en prison jeudi pour des soupçons d'agression sexuelle qu'il rejette, trois mois après un premier acquittement, suscitant l'inquiétude des militants des droits humains en pleine Coupe du Monde. Arrêté mercredi, Iouri Dmitriev, 62 ans, a été placé en détention provisoire jeudi par un tribunal de Petrozavodsk, en Carélie, la région russe frontalière de la Finlande où il vit, a indiqué son avocat Nikolaï Anoufriev à l'AFP. Le Comité d'enquête local, organisme chargé des principales affaires, avait auparavant indiqué que son arrestation avait eu lieu dans le cadre d'une enquête pour "violences à caractère sexuelle", des faits passibles de 20 ans de prison. Selon son avocat, il conserve le statut de suspect et devrait être formellement inculpé dans les jours qui viennent. Accusé d'avoir réalisé des images "pornographiques" de sa fille adoptive, ce qu'il a toujours démenti, l'historien avait passé un an en détention provisoire puis avait été libéré sous contrôle judiciaire. Début avril, Iouri Dmitriev avait été acquitté des accusations de pédopornographie. Il avait cependant été reconnu coupable de détention illégale d'armes et condamné à deux ans et demi de contrôle judiciaire. Mi-juin, la Cour suprême de Carélie avait ensuite annulé ce jugement et renvoyé l'affaire auprès de la justice. Selon son avocat, cette nouvelle arrestation se fonde sur de nouveaux témoignages de la grand-mère de sa fille adoptive. "Cette nouvelle affaire est inventée de toutes pièces pour sauver la première", a affirmé M. Anoufriev à l'AFP, ajoutant que son client rejetait ces accusations comme des "mensonges". Les soutiens de M. Dmitriev ont toujours dénoncé les poursuites le visant comme une manière de l'intimider et de le faire taire. A la tête de Mémorial, la principale organisation russe de défense des droits humains, en Carélie, l'historien a par ses travaux contribué à faire la lumière sur des pages sombres de l'histoire de l'URSS. - 'Vengeance' - Pendant près de 30 ans, Iouri Dmitriev a dressé la liste de 40.000 noms de personnes exécutées et déportées en Carélie pendant la terreur stalinienne. Il est également à l'origine de la découverte de l'un des plus grands charniers de la région, à Sandarmokh, où ont été fusillées environ 9.000 personnes. Connue pour ses attaques virulentes contre les opposants au Kremlin, la chaîne de télévision NTV, contrôlée par l’État russe, a accusé mercredi l'historien d'avoir tenté de fuir la Russie pour la Pologne avant son arrestation. Son avocat a démenti, affirmant que l'historien ne possède plus de passeport. Cette nouvelle arrestation de l'historien a renforcé les inquiétudes des militants des droits de l'Homme. Alors que la Coupe du Monde bat son plein, ils ont plusieurs fois alerté la communauté internationale sur le sort des prisonniers qu'ils estiment "politiques". Pour la journaliste et militante Zoïa Svetova, il s'agit d'une "vengeance" du Parquet contre l'historien. "Son acquittement avait été perçu comme la victoire de la société civile et nous assistons maintenant à une vengeance évidente" des forces de sécurité, explique-t-elle à l'AFP. "Le fait-même que cela ait lieu pendant la Coupe du Monde montre que les autorités n'ont pas peur que cela ne gâche la fête". Des ONG avaient appelé à boycotter le Mondial-2018, organisé en Russie du 14 juin au 15 juillet ou appelé à s'en servir pour faire pression sur la Russie, Amnesty dénonçant notamment "une nouvelle vague d’oppression". Avant le coup d'envoi du championnat, des personnalités, comme l'écrivain américain Stephen King ou l'ex-ministre française de la Justice Christiane Taubira, ont aussi appelé à la libération du cinéaste ukrainien Oleg Sentsov. Condamné à une peine de 20 ans de prison, qu'il purge dans une prison du Grand Nord russe, M. Sentsov effectuait jeudi son 45e jour de grève de la faim. Appelant à sa libération, le Parlement européen, ainsi que l'ONG Human Rights Watch (HRW), ont aussi exigé celle du responsable du centre des droits de l'Homme +Mémorial+ en Tchétchénie, Oïoub Titiev. "On dirait que l'Occident ferme les yeux sur les violations des droits de l'Homme en Russie et que la Russie le sait", soupire Mme Svetova.

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