Dans le "souk syrien", l'espoir jordanien d'un retour à la prospérité

Dans le "souk syrien", l'espoir jordanien d'un retour à la prospérité
Par AFP
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Dans le "souk syrien" de la ville jordanienne de Ramtha, à quelques km de la frontière, tous espèrent la réouverture des passages fermés depuis des années avec la Syrie pour un retour à la prospérité. Avant la guerre en Syrie déclenchée en 2011, ce souk, situé au milieu des quartiers résidentiels, regorgeait de marchandises syriennes. En face, les colonnes de fumée s'élèvent aujourd'hui de la province syrienne de Deraa, cible d'une offensive du régime qui cherche à en chasser les insurgés. La fermeture totale de la frontière en 2015 a porté un coup dur à l'économie jordanienne, alors que les échanges commerciaux par voie terrestre entre les deux pays avaient totalisé 615 millions de dollars en 2010. Pour son commerce, le royaume compte principalement sur les échanges avec la Syrie, son voisin du nord, et l'Irak, son voisin de l'est avec qui les échanges sont aujourd'hui quasi-inexistants en raison de l'insécurité. Avant la fermeture de la frontière, les exportations jordaniennes vers le Liban, la Turquie et l'Europe passaient par la Syrie, et ses importations aussi. De plus, la région frontalière connaissait un mouvement continu de touristes et nombre d'habitants ont des proches ou des parents de l'autre côté de la frontière. Et Ramtha connaissait une affluence particulière de Jordaniens qui venaient acheter des produits syriens de bonne qualité et moins chers. Certains faisaient même le voyage de Amman à Damas (170 km) pour faire leurs courses et revenir le même jour. "Les jours de prospérité vont revenir", lance optimiste Nasr Makhadmeh, la cinquantaine, assis sur une chaise devant son magasin du "souk syrien". "Au départ nous avons compati avec les Syriens qui aspiraient à la liberté, mais ensuite il s'est avéré que ce qu'il se passait était un jeu international qui a détruit la Syrie, la Jordanie et tout le Proche-Orient", ajoute-t-il. "Nous souhaitons une reprise totale de Deraa par l'armée syrienne" et alors la frontière rouvrira et "les marchés seront à nouveau inondés", espère-t-il. Entretemps, ce sont les produits chinois qui ont remplacé les marchandises syriennes dans la dizaine de magasins ouverts au bas d'anciens immeubles dans le souk à Ramtha (nord). Produits alimentaires, vêtements, tissus, produits ménagers et autres. - "Tout le monde profitera" - Pour Asser, un boulanger de 32 ans qui prépare le pain avec son gendre syrien originaire de Deraa, "le souk est mort". "Auparavant, il bouillonnait mais après la fermeture de la frontière la situation a complètement changé". Son gendre acquiesce. "Les clients venaient au souk de toutes les régions de Jordanie et il n'y avait pas de place pour se garer tant c'était plein", se rappelle amèrement Abou Naël. Selon lui, "tout le monde profitera de la réouverture de la frontière. Du chauffeur de taxi, au propriétaire de l'échoppe en passant pas les douanes". D'après le président de la Chambre de commerce de Ramtha, Abdelsalam Ziabat, "des centaines de millions de dollars entraient dans les caisses de l'Etat" jordanien par an, avant la guerre en Syrie. "Plus de 4.000 échoppes (à Ramtha) dépendaient de la marchandise syrienne. Et plus de 2.000 familles vivaient des revenus des quelque 2.000 taxis ou véhicules transportant des marchandises qui traversaient quotidiennement la frontière", dit-il. "Une reprise par l'Etat syrien des frontières et points de passage relancerait économiquement Ramtha en particulier et la Jordanie en général", estime le responsable. - Alléger le poids des réfugiés - Le roi Abdallah II de Jordanie, même s'il a par moments appelé à un départ du président Bachar al-Assad et soutenu et entraîné certains groupes rebelles, a toujours préconisé un règlement politique au conflit. "C'est 100% sûr que la Jordanie préfère que l'armée syrienne reprenne le contrôle des frontières et points de passage en vue de leur réouverture", souligne Oreib Rintaoui, directeur du Centre d'études politiques Al-Quds à Amman. Et pour Ahmad Awad, directeur du centre jordanien Phenix pour les recherches économiques, "l'une des principales causes de la crise économique en Jordanie est la fermeture des frontières avec la Syrie". Cette fermeture a aggravé les difficultés économiques du royaume qui ploie sous une importante dette (plus de 90% de son PIB) et dépend largement des aides étrangères. Le PIB de la Jordanie avait enregistré une progression de 6.8% en moyenne (2005-2010) avant de tomber à 2,5% (2011-2016) et à 2% en 2017, selon des chiffres officiels. Selon M. Awad une réouverture des frontières "faciliterait le retour des réfugiés syriens" et allègerait leur poids économique sur le royaume qui en accueille 1,3 million selon les chiffres officiels jordaniens.

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