Daniel Cohn-Bendit provoque Nigel Farage et Tony Blair sur le Brexit

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Par Daniel Cohn-Bendit
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Dans ce premier numéro de Uncut qui propose des conversations sans filtres, sans détours et sans coupes, l'ancien eurodéputé Daniel Cohn-Bendit débat pour euronews, avec deux poids lourds de la vie politique britannique, d'un sujet qui les divise au plus haut point : le Brexit.

Débatteur aguerri des questions européennes, l'ancien eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit anime une nouvelle série d'émissions pour Euronews baptisée Uncut. Son principe : des conversations sans filtres, sans détours et sans coupes.

Dans ce premier numéro, celui que l'on surnomme Dany le Rouge pour son action en France en mai 1968 croise le fer avec deux poids lourds de la vie politique britannique : Nigel Farage, fondateur et ex-dirigeant du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni Ukip (europhobe) et Tony Blair, ancien Premier ministre britannique travailliste, deux hommes politiques aux opinions diamétralement opposées sur le thème de cette émission : le Brexit. Au fil de la discussion, les arguments fusent également sur la place de l'Union européenne dans le monde et sur ses perspectives d'avenir avec ou sans le Royaume-Uni.

Nigel Farage reconnaît la complexité de la situation au Royaume-Uni et l'attribue à l'attitude de Theresa May qui selon lui, "ne croit pas au Brexit et n'y a jamais cru." Et il assure : "La classe politique en Grande-Bretagne et dans toute l'Europe est d'accord sur la tenue de ce délai" [à savoir, l'échéance de la séparation fixée au 29 mars 2109 à minuit].

Nigel Farage : si le Brexit ne se fait pas, "quelque chose de beaucoup plus grand que le parti Ukip émergera"

"Le Parlement - au cours des prochains mois - a l'opportunité s'il le souhaite de stopper le Brexit," indique-t-il avant de lancer une mise en garde : "Il vaut mieux qu'il ne le fasse pas selon moi parce que sinon, nous verrions émerger quelque chose de beaucoup plus grand que le parti Ukip sur la scène politique britannique."

Quant à l'Union européenne, l'eurosceptique ne mâche pas ses mots : "On essaie d'imposer aux populations, l'idée d'une nation et d'une identité européennes, ça ne marche pas ! (…) Je pense que même pour les gens comme vous qui ont foi dans ce projet depuis 50 ans, il est temps non pas de revenir sur le Brexit, mais plutôt de repenser l'ensemble du projet européen !" lance-t-il en prenant à partie Daniel Cohn-Bendit.

"Lavage de cerveaux" pro-européen selon Nigel Farage

À plusieurs reprises, Nigel Farage attaque l'ancien eurodéputé écologiste en dénonçant "le lavage de cerveaux" opéré dans les universités pour, prétend-il, amener les jeunes à adhérer au projet européen. "Ce que vous avez fait, c'est de remplir nos universités de professeurs disciples de Jean Monnet ! Même Staline n'avait pas réussi à mettre la main sur les universités !" argue-t-il.

Nigel Farage émet une autre critique virulente à l'égard de son interlocuteur : "Je me souviens que vous vouliez que l'Union européenne bombarde Kadhafi," fait-il remarquer avant de souligner : "Vous ne vouliez pas que la France et la Grande-Bretagne le fassent, vous vouliez qu'il y ait le drapeau européen sur les avions. (…) Ce projet n'est pas une affaire de paix et de coopération, vous êtes celui qui veut construire un empire et je crois que c'est dangereux !" martèle-t-il.

Tony Blair : "L'ironie, c'est que la Grande-Bretagne a contribué à la création du marché unique"

En deuxième partie d'émission, Daniel Cohn-Bendit rencontre à Londres, Tony Blair au siège de sa fondation.

Lorsque son interlocuteur lui demande sur son sentiment actuel à l'égard du Brexit qu'il a lui-même combattu, il fait remarquer : "L'ironie du Brexit, c'est notamment le fait que la Grande-Bretagne a contribué à la création du marché unique (...) Et pour la première fois dans l'Histoire moderne, un pays développé - la Grande-Bretagne - s'apprête à délibéraliser ses relations commerciales en se retirant du marché unique."

Autre aspect ironique selon lui : "L'Europe est un projet politique, pas seulement économique, et l'ironie de l'histoire, c'est qu'on n'en a jamais eu autant besoin qu'aujourd'hui," insiste-t-il.

Tony Blair croit en un nouveau vote sur le Brexit

Quant à la possibilité de revenir sur le Brexit dans les prochains mois, voilà ce qu'il précise : "Vous vous adressez à l'une des très rares personnes qui vous diront que cela peut vraiment arriver ; donc, c'est possible que je me trompe totalement et que ce soit fantaisiste, mais je ne crois pas qu'il y ait une majorité au Parlement. (...) Il est possible qu'on aboutisse à une impasse au Parlement et que la seule manière d'en sortir, sera de dire au peuple britannique : 'Vous avez pris la décision à l'origine, nous avons passé deux ans à négocier, vous savez maintenant quelles sont les options, vous devez décider si vous voulez vraiment que l'on continue dans cette voie dans de telles circonstances'," juge-t-il.

Lorsque Daniel Cohn-Bendit l'interroge sur l'attitude ambiguë du Parti travailliste vis-à-vis de Theresa May et du Brexit, Tony Blair estimant que le leadership de sa formation est assuré par des responsables issus de l'extrême-gauche et pro-Brexit, il avertit : "Peut-être que le Parti travailliste le facilitera, mais ce serait une chose terrible pour nous en tant que parti politique et je pense que c'est vraiment ce qui pourrait créer des divisions profondes au sein de notre formation."

"Les fondations de l'Europe sont particulièrement solides" pour Tony Blair

L'ancien Premier ministre fait aussi remarquer : "L'une des tragédies pour l'Europe en perdant la Grande-Bretagne, c'est qu'elle perdra une partie qui assure [l']alliance avec les Etats-Unis, une partie de ce qui représente une vision différente en Europe, une vision pourtant assez répandue aujourd'hui."

Il conclut en affirmant : "L'Europe trouvera la solution à ses problèmes, je suis résolument optimiste sur le projet européen. Je suis optimiste," renchérit-il, "parce que je pense que les fondations de l'Europe sont particulièrement solides !"

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