L'ex-Premier ministre Nawaz Sharif arrêté à son arrivée au Pakistan

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L'ex-Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, condamné la semaine dernière à dix ans de prison pour corruption, a été placé en détention à son arrivée au Pakistan vendredi, un événement qui ouvre la voie à un nouveau durcissement de la campagne électorale déjà tendue en vue des élections législatives prévues le 25 juillet. M. Sharif et sa fille Maryam, arrivés à Lahore à bord d'un vol en provenance d'Abou Dhabi, "ont été arrêtés" par les autorités anti-corruption et transférés dans la capitale Islamabad, selon un communiqué de la municipalité d'Islamabad. Un responsable de l'autorité anti-corruption a confirmé la double arrestation sous couvert d'anonymat. Ce retour intervient en outre alors que deux attentats meurtriers ont visé vendredi des réunions électorales dans l'ouest du pays, faisant plus de 130 morts au total selon un bilan provisoire. Le plus meurtrier des deux, perpétré dans la province du Baloutchistan, a été revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique et est le plus sanglant à frapper le Pakistan depuis 2014. L'ancien chef de gouvernement et sa fille Maryam ont été condamnés respectivement à 10 ans et 7 ans de prison par un tribunal anti-corruption vendredi dernier alors qu'ils se trouvaient à Londres au chevet de leur épouse et mère, qui y est soignée pour un cancer. "Je sais que (...) je serai emmené directement en prison", avait déclaré M. Sharif dans une vidéo rendue publique plus tôt vendredi par son parti. "Je veux dire aux Pakistanais que j'ai fait cela pour vous (...) Marchez avec moi, joignez vos mains aux miennes et changeons la destination du pays", avait lancé M. Sharif, qui reste très influent dans son pays et avait demandé à ses partisans de venir l'accueillir à l'aéroport. Sa condamnation, dénoncée comme "politique" par son clan, a fait brusquement monter la tension avant des élections législatives prévues le 25 juillet dans le pays, que le PML-N, au pouvoir depuis 2013, espère remporter. Elle a encore été accentuée jeudi lorsque le frère de Nawaz et chef du parti, Shahbaz Sharif, a affirmé que "des centaines de militants" de leur parti, le PML-N, avaient été arrêtés ces derniers jours pour les empêcher de venir démontrer leur soutien à M. Sharif. "Le monde entier sait que le PML-N est ciblé", a-t-il ajouté, dénonçant une "fraude pré-électorale criante". Quelque 15.000 de ses partisans étaient rassemblés et dansaient et chantaient vendredi après-midi dans une ville en partie bouclée, a constaté l'AFP. Des conteneurs de transport maritime avaient été placés près d'axes stratégiques, prêts à être utilisés pour bloquer la circulation. Près de 8.000 policiers avaient été déployés. Dès avant la condamnation des Sharif et les attentats de vendredi, de nombreux observateurs s'étaient inquiétés du tour pris par la campagne électorale au Pakistan, où plusieurs cas d'enlèvements, pressions et menaces sur des médias et militants politiques ont été rapportés. Mise en cause, l'armée dément toute implication. - Case prison - Le retour de M. Sharif semble guidé par la volonté de sauver son parti, dont la campagne électorale bat de l'aile depuis son départ pour Londres et dont l'avance dans les sondages a fondu, estime l'analyste pakistanais Zahid Hussain. "Il est clair que les perspectives du parti (au scrutin) seraient pires s'il n'était pas revenu", juge-t-il. "Au Pakistan, les dirigeants doivent passer par la case prison, c'est important pour leur profil", renchérit le journaliste Rahimullah Yusufzai. Les images de Nawaz se séparant de sa femme souffrante pour affronter la prison sont "puissantes et cela va bénéficier à lui, à son parti et à sa famille", a-t-il estimé. Nawaz Sharif avait été destitué par la Cour suprême de son poste de Premier ministre en juillet 2017 après des révélations sur de luxueux biens immobiliers détenus par sa famille via des holdings off-shore. La justice pakistanaise lui a ensuite interdit de diriger son parti, puis de participer à tout scrutin à vie. Son clan nie toute malversation et affirme que Nawaz Sharif est victime d'une conspiration ourdie par la puissante armée pakistanaise. Le principal rival du PML-N au prochain scrutin sera le PTI, dirigé par l'ancien champion de cricket Imran Khan. Deux attentats visant des réunions électorales ont par ailleurs secoué le pays vendredi, alourdissant encore l'atmosphère. Le plus sanglant, provoqué par un kamikaze dans la province instable du Baloutchistan a tué au moins 128 personnes dont un candidat du parti Baluchistan Awami Party (BAP), Agha Umar Bungalzai. Plus tôt vendredi, une bombe cachée sur une moto avait fait 4 morts et 39 blessés près de Bannu (nord-ouest) au passage du convoi d'un homme politique. L'armée a indiqué cette semaine prévoir de déployer plus de 370.0000 hommes pour assurer la sécurité le jour du vote.

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