Athlétisme: Chepkoech, un record et des questions

Athlétisme: Chepkoech, un record et des questions
Par AFP
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Un record du monde du 3000 m steeple pulvérisé de 8 secondes, quelques heures après l'annonce de la suspension pour usage d'EPO de son ex-détentrice: l'exploit hallucinant de Beatrice Chepkoech, vendredi à Monaco, laisse sceptique les spécialistes et braque de nouveau les projecteurs sur le Kenya, pays gangréné par le dopage.

Faut-il s'extasier ou se pincer le nez ? La performance hors normes de Chepkoech a encore plongé la planète athlétisme dans l'ère du soupçon, suscitant doutes et interrogations. Peut-on avoir foi dans un tel chrono (8 min 44 sec 32) alors que celle qui dominait jusque-là les tablettes, la Bahreïnie Ruth Jebet (8 min 52 sec 78, le 27 août 2016 à Paris), vient tout juste d'être provisoirement bannie de toute compétition après la découverte d'erythropoïétine dans ses urines ?

"Je suis tombé sur le cul, a déclaré à l'AFP l'entraîneur national spécialiste du demi-fond Philippe Dupont. C'est énorme, c'est la même chose que quand je regarde l'équipe Sky sur le Tour de France. Ce sont des trucs qui m’effarent. Je veux bien comprendre qu'il y ait des prodiges et des champions, et j'y crois, mais il y a des moments où on a du mal à avaler la couleuvre. Ce qui est étonnant, c'est la progression effarante à 27 ans. Quand j'ai vu le chrono, je me suis dit que ça allait faire un tollé ans le milieu."

"C'est juste stupéfiant", s'est aussi exclamé auprès de l'AFP Jean-Michel Serra, le médecin de l'équipe de France.

- Le Kenya dans le viseur -

Comment expliquer en effet que Chepkoech, qui n'a aucun titre majeur ni de médailles à son palmarès hormis une 2e place cette année aux Jeux du Commonwealth sur 1500 m, ait pu améliorer son record personnel de près de 15 secondes en une course ?

"Je veux bien entendre qu'elle ne s'est mise sur le steeple qu'il y a trois ans mais des explosions de perf comme ça, on peut se poser des questions", embraye Philippe Dupont, l'ex-coach du triple médaillé olympique du 3000 steeple Mahiedine Mekhissi.

Autre élément à charge pour Chepkoech, sa nationalité. Le Kenya, d'où est aussi originaire Jebet, est depuis plusieurs années dans le collimateur de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) et des autorités antidopage. Plus de 40 athlètes kényans ont été déclarés positifs lors des cinq dernières années et le pays a été placé en 2016 sous surveillance de l'IAAF. Et ce n'est qu'à la suite de l'adoption d'une nouvelle loi antidopage, juste avant les Jeux de Rio en 2016, qu'il a été retiré de la liste des nations "non conformes" de l'Agence mondiale antidopage (AMA).

Le contrôle positif à l'EPO d'Asbel Kiprop, référence absolue du demi-fond (triple champion du monde et médaillé d'or olympique du 1500), n'a fait qu'amplifier le malaise cette année.

- 'De quoi s'interroger' -

"Retiens ton souffle Kenya... Les statistiques ne sont pas en notre faveur", a ainsi écrit sur twitter l'ancien vainqueur du marathon de Boston en 2012, Wesley Korir.

"Je ne veux pas jeter la pierre sur le Kenya mais il y a de quoi s'interroger sérieusement", selon Philippe Dupont.

Pour Jean-Michel Serra, "de tels progrès, surtout depuis qu'on en sait plus sur la méthode kényane, ça interpelle forcément. Et dans le sport, si on doit attendre quelques années soit pour voir tomber des athlètes, soit pour s'extasier, cela n'a plus guère de sens."

Un constat qu'a toutefois voulu nuancer Farouk Madaci, le coach de Mekhissi. "Je suis perplexe et dubitatif, les garçons vont commencer à trembler, a indiqué le technicien à l'AFP. Mais je lui laisse le bénéfice du doute. Je me garderai de faire des suppositions. C'est vrai que les meilleures dames sur 3000 m plat sont aux alentours de 8 min 20, mais c'est déjà très très fort. Après, tous les ans, il y a des performances extraordinaires à Monaco, comme hier. A croire que la piste est magique".

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