Afghanistan : combattre le terrorisme grâce à l'éducation ?

Une lycéenne en Afghanistan
Une lycéenne en Afghanistan
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Par Masoud Imani KalesarStéphanie Lafourcatère
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Notre reporter Masoud Imani Kalesa a accompagné le ministre afghan de l'éducation lors de la visite d'un lycée de la capitale afghane dans un contexte de multiplication d'attaques terroristes dans le pays. L'éducation est pour lui, un moyen de lutter contre le terrorisme.

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En Afghanistan, aucune parcelle du gouvernement et de la société n'est à l'abri d'un attentat suicide. L'éducation et les médias ne font pas exception. 60% de la population est analphabète et près de 4 millions d'enfants afghans sont privés d'éducation.

Notre reporter Masoud Imani Kalesar a posé cette question au ministre afghan de l'Education : le terrorisme serait-il vaincu si l'analphabétisme était éradiqué ? Il a accompagné Mirwais Balkhi dans des écoles de Kaboul. Le ministre lui a fait part de sa détermination à lutter contre l'extrémisme et le terrorisme avec les armes de l'éducation.

Le 27 janvier dernier, dans le centre de Kaboul, une attaque suicide au véhicule piégé - une ambulance - était revendiquée par les talibans. Bilan : 103 morts et 235 blessés.

Nous suivons le ministre Mirwais Balkhi lors de sa visite du lycée pour filles Malala. L'établissement se trouve à dix mètres du lieu de l' explosion. Son proviseur Shafigha Ahmadi Vardaka tourné ces images après l'attaque. Elle présente aujourd'hui des fragments du véhicule au ministre.

"On a retrouvé un gros morceau de l'ambulance qui a explosé, j'ai vu une main qui avait été coupée, mais qui bougeait encore," souligne-t-elle. _"Et même encore aujourd'hui, quand le vent souf fle, il y a des chapeaux, des chaussures, des fragments de corps, d'organes qui tombent des arbres de l'autre côté du bâtiment," dit-elle _avec dégoût.

"Certaines forces dans notre région exploitent les gens qui ne sont pas instruits"

"Vous voyez, les Afghans sont revenus sur place le lendemain, même s'ils avaient peur de retourner travailler," fait remarquerle ministre Mirwais Balkhi à notre journaliste.

"Qu'est-ce que vous faites face aux talibans ? Vous œuvrez pour la paix ou vous combattez la violence par la violence ?" lui demande Masoud Imani Kalesar.

Mirwais Balkhi répond : "Certaines forces dans notre région exploitent les gens qui ne sont pas instruits. Elles sont responsables des meurtres et des bains de sang."

"Mais encourager l' éducation, cela pourrait-il permettre d'en finir avec les attaques suicides dans le pays ?" l'interroge Masoud Imani Kalesar. "C'est certain," insiste le ministre.

D'après un rapport de l'ONU, 923 enfants ont été tués et 2589 autres blessés en 2016 en Afghanistan en allant ou en revenant de l'école.

Heureusement, lors de l'attaque de janvier , le lycée Malala était fermé pour cause de jour férié.

"L'éducation des filles est un problème d'ampleur comparé à celle des garçons," reconnaît Mirwais Balkhi. "Les filles veulent aller au bout du lycée, puis à l'université, mais nous n'avons pas assez d'écoles pour elles partout dans le pays," ajoute-t-il.

Quelle tranquillité d'esprit pour apprendre ?

"Avec une telle instabilité, une telle insécurité, comment les élèves peuvent-elles avoir la tranquillité d'esprit nécessaire pour apprendre ?" demande Masoud Imani Kalesar au ministre.

"Franchement, les Afghans sont très courageux ; malgré les différents types de menaces auxquelles notre pays est confronté, il y a une soif d'éducation qui est très forte," assure Mirwais Balkhi.

"Pourquoi êtes-vous accompagné de gardes du corps pendant cette visite d'école ?" s'interroge Masoud Imani Kalesar. "Dans de nombreux pays, on ne voit pas cela," poursuit notre reporter.

"Ce que je fais et ce que Mme le proviseur fait, ce n'est pas différent de ce que fait un soldat sur la ligne de front quand il est face à l'ennemi," estime Mirwais Balkhi. "Ceux qui alimentent le conflit cherchent sans cesse à voir comment ils peuvent m'éliminer ; donc je n'ai pas le choix, je dois m'entourer de ces gardes pour que nous puissions combattre l'ignorance," explique-t-il.

Le 30 avril, quatre jours après notre interview du ministre de l'Education, un double attentat au siège du renseignement afghan à Kaboul a notamment visé des journalistes : ils sont neuf à avoir péri.

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Nous quittons l'Afghanistan avec une douloureuse interrogation : les hommes et les femmes de l'éducation et des médias réussiront-ils à amener la paix dans le pays ?

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