Des dissidents russes trouvent refuge en Lituanie

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Par AFP
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Evgueni Titov fait partie des ressortissants russes qui, de plus en plus nombreux, cherchent l'asile politique en Lituanie, intégrée de force à l'Union soviétique avant de devenir un membre résolument pro-occidental de l'Union européenne et de l'Otan et ouvertement critique à l'égard du Kremlin.

Après ses reportages sur la Crimée, un territoire ukrainien que Moscou a annexé en 2014, ce journaliste de 41 ans a compris que ses jours risquaient d'être comptés dans son pays.

"Lorsque j’enquêtais sur le pont de Crimée (construit par la Russie), mes amis ont reçu un texto disant que j’ai été assassiné", raconte M. Titov à l'AFP à Vilnius.

Conseillé par un ami, il arrive en Lituanie en 2016, après avoir reçu d'autres menaces de mort pour ses articles sur la corruption liée à la construction de ce pont reliant la Crimée à la Russie.

En juillet, ce journaliste de Novaïa Gazeta y a obtenu le statut de réfugié politique.

Depuis 2014, plus de 30 ressortissants russes ont trouvé l'asile et leurs familles la protection du petit Etat balte.

Des dizaines d'autres y cherchent refuge en Lituanie et dans les deux autres pays baltes, en Estonie et la Lettonie.

Vsevolod Tchernozoub, 32 ans, est l’un des tout premiers à être arrivés en Lituanie fin décembre 2013.

Membre de la direction du parti d'opposition Solidarnost, il a décidé de partir à cause des répressions brutales qui ont suivi les protestations massives contre l'investiture de Vladimir Poutine pour un troisième mandat présidentiel en mai 2012.

Des accusations criminelles ont été dressées contre une trentaine de manifestants dont nombre ont été condamnés à des peines de prison allant de deux ans et demi à quatre ans et demi.

Pouvant chercher l'asile dans tout autre pays de l'UE, M. Tchernozoub a choisi la Lituanie pour des raisons pratiques.

"La Lituanie est un pays où l’on peut encore parler russe au quotidien", a-t-il expliqué, faisant allusion à une communauté russophone qui établie dans ce pays pendant plus d'un demi-siècle d'occupation russe.

A l'époque, "ma femme était enceinte. Elle voulait un docteur russophone", a-t-il précisé.

- En sécurité -

La Lituanie soutient ouvertement l'opposition russe et accueille des dissidents.

"L’un des principes (dans nos relations avec la Russie) est de soutenir la société civile", a déclaré à l'AFP Linas Linkevicius, le ministre des Affaires étrangères.

"La Lituanie est le lieu où ils peuvent se sentir en sécurité et nous en sommes fiers", a-t-il insisté.

Depuis 2013, le ministère des Affaires étrangères organise chaque printemps un forum pour l'opposition russe.

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L'ex-champion du monde des échecs Gary Kasparov, qui compte parmi les critiques les plus virulents de Kremlin, y organise aussi un forum des droits de l'Homme.

Avec le soutien du parlement lituanien, les dissidents ont réussi à rebaptiser le square situé en face de l’ambassade de Russie à Vilnius, devenu désormais place Boris Nemtsov, un leader de l'opposition russe assassinée par des inconnus le 27 février 2015.

Leur activité est loin d'être ignorée par Moscou, selon M. Titov.

"La chaîne de propagande Rossiya 24 a fait plusieurs reportages sur nos initiatives. Ils nous traitent de tous les noms. Cela signifie que ça leur importe ce que nous faisons", a-t-il estimé.

- "Russia tomorrow" -

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Evgueni Titov travaille aujourd'hui pour le service russe de Delfi, un site internet d’information très populaire dans les trois pays baltes.

Vsevolod Tchernozoub, lui, a créé avec des amis le site "Russia tomorrow", une allusion ironique à la télévision russe d’Etat RT connue auparavant comme Russia Today.

Les dissidents travaillent aussi avec la communauté russophone locale qui défend parfois les positions du Kremlin.

Cette communauté représente environ 6% de la population de ce petit Etat balte de 2,9 millions d'habitants.

"C’est bizarre, mais ces gens qui sont là depuis l’époque soviétique sont parfois plus pro-Poutine que les Russes eux-mêmes", déplore M. Tchernozoub.

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L’agression russe en Ukraine a réveillé chez les habitants des trois pays baltes - qui ont divorcé d'avec l'Union soviétique en 1991 - des craintes d’une nouvelle annexion possible.

En réaction à la politique de Kremlin, l'Otan a renforcé sa présence dans la région, installant notamment des bataillons multi-nationaux en Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne.

Mais "les craintes des Lituaniens sont fondées", insiste M. Tchernozoub.

Et à lui de s'inquiéter que l'ambiance d'ouverture qui a régné brièvement en Russie pendant la Coupe du monde de football puisse céder la place à de nouvelles mesures de répression contre l'opposition.

"Pendant la Coupe du monde, la situation était gelée, avec peu de protestations et peu d'arrestations, mais maintenant je ne sais pas ce qui va se passer", a indiqué M. Tchernozoub.

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