Grèce: à Mati, grands-parents et petits-enfants ensemble contre le feu

Grèce: à Mati, grands-parents et petits-enfants ensemble contre le feu
Tous droits réservés 
Par AFP
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2024 - Agence France-Presse.
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© 2024 - Agence France-Presse. Toutes les informations (texte, photo, vidéo, infographie fixe ou animée, contenu sonore ou multimédia) reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par la législation en vigueur sur les droits de propriété intellectuelle. Par conséquent, toute reproduction, représentation, modification, traduction, exploitation commerciale ou réutilisation de quelque manière que ce soit est interdite sans l’accord préalable écrit de l’AFP, à l’exception de l’usage non commercial personnel. L’AFP ne pourra être tenue pour responsable des retards, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus dans le domaine des informations de presse, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations. AFP et son logo sont des marques déposées.

Leurs visages sont dans tous les médias : Vassiliki et Sofia, deux jumelles de neuf ans, portées disparues avec leurs grands-parents depuis les incendies près d'Athènes. De nombreuses victimes ou rescapés de la catastrophe qui a fait plus de 80 morts étaient ainsi des personnes âgées et leurs petits-enfants.

Car à Mati, sur la côte est de l'Attique, on est loin de l'ambiance des îles grecques prisées des touristes étrangers. A une heure d'Athènes, c'est une destination de week-end, un patchwork de petites résidences secondaires noyées dans la pinède, où de nombreux retraités passent les mois d'été.

Dans un pays aux traditions familiales ancrées, beaucoup sont rejoints l'été par leurs petits-enfants. C'était aussi le cas en 2007, lors des incendies ayant fait 77 morts dans le Péloponnèse (sud) et sur l'île d'Eubée (est).

Les jumelles arrivaient en voiture à Mati, lorsque le grand-père a prévenu les parents par téléphone qu'ils changeaient d'itinéraire en raison des départs de feu, raconte Yiannis, le père, en boucle sur les chaînes de télévision.

Ensuite leur trace se perd. Le père a cru les reconnaître sur des photos de rescapés, mais ce n'était pas elles.

Les visages des jumelles et des grands-parents s'affichent sur un site ouvert par des volontaires, au côté de 23 autres disparus dont les proches ont fourni des photos.

Parmi eux Dimitris Alexopoulos, 13 ans. Lui était à la maison avec son grand-père et sa grand-mère de 84 et 74 ans, et son oncle de 57 ans.

- "Je pleurais dans la voiture" -

Aux dernières nouvelles, a raconté aux médias grecs par son père Anastasios, ils ont cherché refuge vers la mer, comme des centaines d'autres. Ils seraient montés sur une barque, mais ne sont sur aucune liste de la police. "Je ne sais pas ce qui s'est passé", tremble le père de famille.

Trois jours après l'intense feu de forêt qui a réduit en cendres une grande partie de Mati, le bilan s'élevait jeudi à au moins 82 morts, les plus meurtriers en Grèce, et la presse évoque plusieurs dizaines de disparus.

Kiriaki Alexiadou, une retraitée de 62 ans, est passée près de la catastrophe. Elle a réussi à courir à sa voiture avec son petit-fils de sept ans et à s'enfuir, tandis que "les pommes de pin brûlantes fusaient des arbres".

"Le plus important, c'est que Katerina soit saine et sauve", confie de son côté Yannis Tsaganou Profitou, 88 ans, en couvant du regard sa petite-fille de neuf ans, devant la maison familiale quasi intacte.

L'enfant raconte d'un ton assuré la fuite éperdue en voiture, les rues rendues méconnaissables par l'épaisse fumée grise, un hôtel de bord de mer qui surgit enfin à l'horizon et leur permet de se mettre en sécurité. "Mais je pleurais dans la voiture", avoue-t-elle.

- "Rien n'a fonctionné" -

Sophia, la grand-mère, reconnaît s'être découvert une vocation de "kamikaze" au volant, zigzaguant entre les branchages en feu.

"Tout est allé si vite", soupire-t-elle. Nous n'avons même pas eu le temps de rassembler nos affaires, les flammes étaient déjà là".

Parmi les récits tragiques qui émergent, l'histoire d'une grand-mère de 70 ans qui a sauvé ses deux petits-enfants, en les confiant enroulés dans des serviettes mouillées à leur nounou qui a fui vers la mer. Puis elle est rentrée auprès de son époux handicapé et ils sont morts brûlés.

"Nous avons tous des souvenirs de vacances passées ici en famille", témoigne Yannis Xydis, la quarantaine, accouru après l'incendie pour retrouver son père octogénaire. "Nous savions qu'un feu ici serait dramatique (...) Malheureusement, nous sommes mauvais en prévention: pas de plan d'évacuation, de conseils donnés aux jeunes, aux plus âgés", soupire-t-il.

PUBLICITÉ

Rue Tritonos, la veuve du réalisateur Theo Angelopoulos, pape du cinéma grec mort en 2012, pleure la mort d'une amie handicapée, et souffre de la perte des précieuses archives privées du réalisateur qui ont disparu dans l'incendie de la villa. Mais Phivi Angelopoulou et sa petite fille qu'elle était allée chercher à la crèche sont saines et sauves.

Elle aussi est très critique. En voyant les premières flammes, "je me suis dit qu'il allait y avoir des sirènes, que quelqu'un allait nous alerter ! (...) mais il n'y a rien eu". Elle estime que "rien n'a fonctionné, ni la télé, ni l'Etat, même pas nous les citoyens".

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Les députés demandent la saisie des centaines de milliards d'euros d'actifs gelés de la Russie

La Russie a attaqué Kostiantynivka, près du Donetsk, avec une bombe aérienne guidée

États-Unis : les manifestations en soutien au peuple palestinien gagnent les campus