A la prison de Lavaur, les jeunes se rêvent champions de boxe

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"Quand t'es pas bien, grâce à la boxe, tu peux envoyer ta douleur sur quelque chose", explique Rose, 16 ans, aux ministres Laura Flessel et Nicole Belloubet, lors de leur visite lundi à l'Etablissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Lavaur (Tarn).

Dans le gymnase de la prison, un groupe de huit jeunes s'exerce à la boxe éducative -- où les coups violents sont interdits-- avec des membres du club local.

Gants et protections enfilés, ils apprennent à donner des coups, à les recevoir, tout en maîtrisant la puissance. Sueur et crissements de chaussures emplissent la salle.

"La boxe a beaucoup de succès et c'est un outil formidable", explique Nicolas Fernandez, formateur dans le centre, à la ministre des Sports Laura Flessel et à la garde des Sceaux Nicole Belloubet.

"On peut s'appuyer sur les valeurs qu'elle véhicule comme le respect de l'adversaire, mais aussi du règlement, pour aider les jeunes" ajoute-t-il.

Les deux ministres sont venues visiter l'EPM de Lavaur où séjournent actuellement 56 jeunes, afin d'évaluer le "travail" réalisé par cet établissement qui a "connu des difficultés il y a quelques temps", selon Mme Belloubet.

De cellule en cellule, l'univers carcéral se dévoile : sobre chez les garçons, plus décoré dans "l'unité filles", où dessins et coloriages ornent les murs.

Les ministres visitent les salles collectives munis de baby-foot, les patios aux tables de ping-pong en dur, la salle de musculation plutôt bien équipée.

Sur leur chemin vers le terrain de foot central fleurissent insultes et blagues potaches entre codétenus, aux fenêtres de leur cellule.

-- "Je veux être championne de boxe" --

Foot, boxe, mais aussi culture physique, pilates et rugby : dans cette prison pour mineurs, les jeunes - condamnés comme prévenus - bénéficient tous de 5 heures de sport par semaine.

Des ateliers de boxe sont proposés de façon quotidienne, mais celui d'aujourd'hui est spécial. Car en parallèle de la venue des ministres, une démonstration est assurée par le boxeur Mohamed Mimoune.

Le Toulousain, en survêtement baggy gris, montre aux huit jeunes sa ceinture de champion du monde IBO des poids super-légers. Ils sont impressionnés.

"Avec Mohamed, on voit que la parole se libère, que les jeunes viennent chercher le contact", décrit sa manager.

"Et puis il leur dit +moi aussi j'ai grandi dans un quartier, moi aussi j'ai fait des bêtises mais avec le sport, tu te défoules quand tu es énervé, tu pars pas à la dérive+" ajoute-t-elle. "Ca, je pense que ça leur parle".

"Ca défoule !" confirme Kenza, l'une des participantes à l'atelier de boxe.

Sa copine Rose, 16 ans, explique à Laura Flessel : "Moi, je veux être championne de boxe ! Championne de France, pour commencer".

"Il faut t'accrocher à ce rêve et montrer à tout le monde que tu vas y arriver", répond l'ancienne championne d'escrime à la jeune fille, qui pratiquait la savate "à l'extérieur".

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"Le sport, c'est un outil d'inclusion et de médiation. Ca permet aussi de remettre de l'estime de soi et d'aller tout doucement vers un respect des règles", a expliqué la ministre des Sports à la presse.

Militant pour que "le sport soit accessible dans les lieux fermés", Laura Flessel promet de "pérenniser ces actions" en travaillant plus étroitement avec le ministère de la Justice.

Avec un but affiché : que "valoriser la pratique du sport" remette les jeunes sur le droit chemin et évite les récidives.

Selon Mme Belloubet, environ 830 mineurs sont aujourd'hui incarcérés en France. 26% d'entre eux le sont en EPM, les autres dans les quartiers pour mineurs de maisons d'arrêt. En revanche, pas de chiffres sur la récidive, "difficiles à obtenir" du fait que les prisonniers deviennent ensuite majeurs.

"Il nous arrive souvent de les revoir, surtout quand elles arrivent jeunes" confie cependant une éducatrice de "l'unité filles".

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"Il y en a une qui est déjà revenue quatre fois", lâche-t-elle dans un soupir. Le pari est loin d'être gagné.

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