Syrie: une offensive du régime contre Idleb, un chemin semé d'embûches

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Le régime syrien se dit déterminé à reprendre aux rebelles la province d'Idleb, dans le nord-ouest du pays, à la frontière avec la Turquie. Mais une opération militaire à grande échelle serait risquée, estiment des analystes.

La Russie, allié indéfectible de Damas, a rejeté mardi l'éventualité d'une "offensive d'ampleur" immédiate. Moscou mise sur les efforts d'Ankara pour préserver la "stabilité" dans cette province qui abrite 2,5 millions de personnes.

Comment expliquer la détermination de Damas à récupérer Idleb?

La province d'Idleb constitue le dernier refuge des groupes rebelles, chassés de leurs principaux bastions en Syrie. Elle est dominée à 60% par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (ex-branche syrienne d'Al-Qaïda), tandis que d'autres groupes rebelles se partagent le reste du territoire avec une présence des forces du régime dans le secteur sud-est.

Les autorités à Damas ont maintes fois exprimé leur intention de reconquérir l'ensemble du pays. Le président Bachar al-Assad a récemment affirmé que la province d'Idleb était "désormais (son) but, mais pas le seul".

Damas chercherait notamment à reprendre le dernier tronçon d'une autoroute stratégique qui relie le nord au sud du pays, et dont il a déjà récupéré plusieurs parties ces deux dernières années.

Cet axe routier relie les principales villes du pays entre elles, notamment Alep (nord), Homs et Damas (centre), jusqu'au point de passage de Nassib, frontalier de la Jordanie.

A Idleb, l'autoroute connecte plusieurs localités et villes, dont Khan Cheikhoun, Saraqeb et Maarat al-Naamane.

Quelles sont les chances d'une offensive militaire?

En dépit des déclarations de Damas, l'émissaire russe pour la Syrie, Alexandre Lavrentiev, a clairement signifié mardi, à l'issue d'un nouveau round de négociations à Sotchi, qu'"il n'est pas question (...) pour le moment d'une offensive d'ampleur à Idleb".

La province est l'une des quatre zones de "désescalade" établies en septembre 2017 pour faire baisser les violences, après des accords entre Moscou, Téhéran, alliés du régime, et Ankara qui soutient l'opposition.

En vertu de cet accord, la Turquie a déployé une dizaine de postes de surveillance dans la province.

Cette présence militaire turque constitue un défi majeur pour le régime. "Il s'agit du principal obstacle" au lancement d'une offensive, estime le chercheur Nicolas Heras, d'autant que la Turquie "veut éviter l'erreur commise par la Jordanie" en laissant la voie libre au régime pour mener une offensive concluante dans le sud du pays.

Un assaut contre Idleb risque aussi de provoquer une nouvelle vague migratoire, alors que la Turquie accueille déjà plus de trois millions de réfugiés syriens sur son sol.

Ankara œuvre, en parallèle, à unir les divers groupes rebelles modérés en prélude à une éventuelle opération militaire qu'elle mènerait contre Hayat Tahrir al-Cham ou une offensive du régime contre la région. Mercredi, une nouvelle coalition a ainsi été formée sous le nom du "Front national de libération".

L'opposition mise aussi sur les "garanties" politiques apportées par Ankara afin d'éviter une solution militaire.

La Turquie et les deux autres pays garants de l'accord de désescalade "n'autoriseront pas une guerre d'ampleur dans le nord" syrien, estime Nawar Oliver, spécialiste de la Syrie au centre de réflexion Omran.

Selon lui, l'avenir d'Idleb sera ainsi déterminé "par un accord qui n'aurait pas été achevé et dont personne ne parle".

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Quelles seraient les répercussions d'une opération?

L'ONU a déjà mis en garde contre les retombées, sur le plan humanitaire, d'une offensive contre Idleb qui mettrait en péril la sécurité de 2,5 millions de personnes, dont la moitié sont des déplacés.

En juin, le coordinateur humanitaire de l'ONU pour la Syrie avait déjà prévenu qu'"il n'y a pas d'autre Idleb vers où envoyer" les habitants de la province.

Quant aux combattants, entassés par dizaines de milliers, ils ne pourront que "combattre jusqu'à la mort", selon le négociateur en chef de l'opposition, Nasr Hariri.

Qu'en est-il du sort de Hayat Tahrir al-Cham?

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Les forces du régime, soutenues par Moscou, ont déjà mené des frappes sur Idleb en disant cibler une organisation considérée comme "terroriste".

Or pour Ankara, qui veut "empêcher Assad d'utiliser cette carte comme prétexte à une intervention militaire" d'ampleur, le groupe jihadiste "est une affaire turque", relève Nicolas Heras. "Mais le temps presse", dit-il.

Pour le chercheur, le président turc devra tôt ou tard faire preuve de fermeté à l'égard du groupe jihadiste.

Selon Nawar Oliver, la Turquie pourrait ainsi procéder à une opération militaire contre "l'aile radicale" du groupe pour barrer la voie à une éventuelle offensive du régime à Idleb.

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