Trois Birmans à la conquête de la plus haute montagne présumée d'Asie du Sud-Est

Trois Birmans à la conquête de la plus haute montagne présumée d'Asie du Sud-Est
Par AFP
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Deux semaines de périple dans la jungle, une ascension exposée aux avalanches, des pics verglacés en série... Trois Birmans s'entraînent sans relâche pour affronter le Hkakabo Razi et clore un débat grâce à un GPS: cette montagne, conquise une seule fois à ce jour, est-elle ou non la plus haute d'Asie du Sud-Est ?

Ou cet honneur revient-il à son voisin, le Gamlang Razi, également situé en Birmanie ? Hkakabo Razi culminerait, selon l'estimation la plus élevée, à 5.881 mètres quand le Gamlang Razi est annoncé autour de 5.870 mètres. Mais rien n'est moins sûr et le débat dure depuis des dizaines d'années, certaines estimations plaçant même le Hkakabo Razi sous les 5.800 mètres.

Gravir cette montagne située dans l'extrême nord de la Birmanie - tout près de la frontière avec la Chine et non loin de celle avec l'Inde - contraint les alpinistes à de terribles épreuves: parcourir 240 kilomètres dans des forêts humides où serpents venimeux et sangsues sont légion et traverser un massif déchiqueté de roches noires, avant de franchir des pics en dents de scie recouverts de neige et de glace.

"Le niveau de difficulté est extrême", souligne Zaw Zin Khine, 32 ans, qui s'entraîne sur une falaise de calcaire dans l'Etat karen (est de la Birmanie). "Il y a un risque que nous ne revenions pas vivants", ajoute le grimpeur, interrogé par l'AFP.

Ses deux partenaires Pyae Phyo Aung, 36 ans, et Aung Khaing Myint, 32 ans, et lui-même aspirent à entrer dans l'Histoire comme la première équipe 100% birmane à avoir gravi cette montagne. Le trio n'attend désormais plus qu'une météo favorable pour débuter son expédition. Il a suivi un entraînement intensif, notamment au Népal, s'exerçant aussi à Rangoun dans un gymnase avec des masques pour apprendre à gérer au mieux le manque d'oxygène.

- Plus difficile que l'Everest -

Pyae Phyo Aung est l'un des deux alpinistes birmans à avoir déjà grimpé l'Everest. Mais, pour lui, l'isolement du Hkakabo Razi et le manque d'infrastructures rendent l'ascension de cette montagne beaucoup plus difficile.

"A 70 ans, vous pouvez encore faire l'ascension de l'Everest si vous avez de l'argent", dit-il. "Les voies entre le camp de base et le sommet sont régulièrement entretenues, il y a beaucoup de porteurs et les secours par voie aérienne sont (plus) faciles à organiser", relève-t-il.

Le botaniste britannique Frank Kingdon-Ward est le premier explorateur connu à avoir tenté l'ascension de cette montagne en 1936. Il avait renoncé à 4.900 mètres d'altitude, bloqué par un mur de granit insurmontable.

Soixante ans plus tard et après plusieurs tentatives infructueuses, le Japonais Takashi Ozaki et le Birman Nyima Gyaltsen ont atteint le sommet. Ozaki, qui fut le premier à avoir vaincu l'Everest par la face Nord dans les années 80, est mort lors d'une autre expédition sur le toit du monde en 2011. Il avait décrit le Hkakabo Razi comme "l'une des montagnes les plus difficiles et les plus dangereuses".

Deux tentatives pour la gravir ont échoué en 2014. La première s'est terminée tragiquement: une équipe de grimpeurs birmans n'a jamais été retrouvée et l'hélicoptère tentant de les secourir s'est écrasé, tuant l'un des deux pilotes.

Lors de la seconde, les provisions ont manqué et les conditions météorologiques se sont dégradées. Les alpinistes se sont retrouvés face à une "crête de glace cauchemardesque" haute de plusieurs dizaines de mètres et ont rebroussé chemin, se souvient Emily Harrington, ex-membre de l'équipe, jointe par l'AFP.

"Nous pensions que ce serait comme au Népal ou au Pakistan où la culture de la montagne est omniprésente. Mais ici, les gens ne sont pas habitués à accueillir des expéditions et nous avons dû transporter plus de choses par nous-mêmes", souligne la jeune femme de 31 ans.

Les alpinistes birmans seront, eux, secondés par une équipe de cinq membres et quelque 70 porteurs pour cette expédition censée durer environ deux mois. Plusieurs hélicoptères sont prévus pour d'éventuels secours.

"Si nous terminons l'ascension, nous pourrons être fiers d'être citoyens birmans", relève Zaw Zin Khine.

Il espère également provoquer des vocations dans son pays qui ne compte que quelques dizaines de passionnés d'alpinisme.

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