Grande Synthe : énième évacuation de migrants

Grande Synthe : énième évacuation de migrants
Par Noemie Wira
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

La "Jungle" de Grande-Synthe a connu jeudi sa quatrième évacuation en quatre mois, une opération qui illustre les difficultés des autorités à endiguer les espoirs de départ vers l'Angleterre des migrants.

PUBLICITÉ

Plusieurs migrants, essentiellement des Kurdes irakiens vivaient dans ce camp de Grande Synthe, dans le Nord de la France dans l'espoir de gagner l'Angleterre. Suite à la décision du Tribunal de Dunkerque de juin dernier, le camp a été démantelé ce jeudi matin. 

"C'est l'évacuation d'un seul lieu", la gare de triage de Grande-Synthe, "en exécution d'une décision du TGI de Dunkerque du 7 juin 2018", a souligné le sous-préfet de Dunkerque, mettant en avant des raisons de sécurité, d'insalubrité et de trouble à l'ordre public. L'opération a mobilisé une vingtaine d'agents de l'Ofii, environ 200 membres des forces de l'ordre ainsi qu'une vingtaine de sapeurs pompiers et du personnel de la protection civile.

Une quinzaine de bus les ont pris en charge pour les diriger vers des "centres d'orientation" de la région ou vers des commissariats pour "examiner leur situation". Au total : plus de 400 personnes ont été évacuées. Une quarantaine de mineurs isolés ont aussi été pris en charge et accompagnés. Ceux qui souhaitent faire une demande d'asile vont être orientés vers des Centres d'accueil et d'examen des situations (CAES). Ceux qui le demandent dans le département du Nord "l'obtiennent dans 84% des cas". Les autres, "qui ne s'inscrivent pas dans une démarche d'intégration sur le territoire national", seront "orientés vers les forces de police pour vérification des situations, notamment les majeurs isolés", a précisé le sous-préfet.

Derrière cette opération, il y a la volonté de l'Etat d'éviter de "nouveaux points de fixation" qui pourraient former à nouveau "des bidonvilles" sur le littoral de la mer du Nord. Or, 2 ans après la destruction du bidonville de Calais, les mini-jungle comme celle-ci se reforment régulièrement dans la région. A Grande Synthe, c'est d'ailleurs la neuvième fois depuis avril 2017, que ce camp est évacué.

Pour les élus locaux, l'évacuation est une solution à court terme mais elle ne règle pas le problème migratoire de la région. Seulement, même si les campements de Grande-Synthe sont régulièrement démantelés, rien n'empêche de nouvelles arrivées de migrants.

Grande-Synthe, 22.000 habitants, a commencé à être touchée par l'arrivée de migrants à l'été 2015 dans le sillage de la création de la "Jungle" de Calais.

"Au total, depuis le début de l'année, ce sont 3.940 migrants qui ont été mis à l'abri à Grande-Synthe", répartis sur différents sites, a déclaré le sous-préfet de Dunkerque Eric Etienne.

Début 2016, le maire écologiste Damien Carême avait ouvert, contre l'avis de l'État, un camp de petits chalets en bois qui avait été détruit par un incendie en avril 2017.

Le président du groupe RN (ex-FN) au Conseil régional des Hauts-de-France, Philippe Eymery, qui a déposé plainte cette semaine contre M. Carême pour notamment "aide à l'implantation illégale de migrants", s'est félicité auprès de l'AFP de cette évacuation, y voyant "une vraie victoire politique" pour le parti de Marine Le Pen.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

France : évacuation d'un campement de réfugiés dans le Nord

Les migrants "n'envahissent pas", le Pape François met Emmanuel Macron face à ses responsabilités

Crise migratoire : plus de 63 000 décès ou disparitions entre 2014 et 2023