Le 4 novembre aura lieu un référendum historique en Nouvelle-Calédonie pour tourner la page de la colonisation française, un sujet hautement sensible qui divise la population de 269 000 habitants, à quelques jours de l'échéance.
Théâtre d'un passé colonial violent entre Kanaks et Caldoches, la Nouvelle-Calédonie s'apprête à tourner une nouvelle page. Conformément à l'accord de Nouméa de 1998, un référendum sur l'indépendance est organisé dimanche prochain, 4 novembre. Les électeurs devront répondre par "oui" ou "non" à la question "Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante?". Quel que soit le résultat, l'Etat français a annoncé qu'il réunirait les responsables des forces politiques calédoniennes. Le Premier ministre français Edouard Philippe se rendra sur place au lendemain du vote.
Ce sujet hautement sensible divise la société de 269 000 habitants. 174 154 électeurs sont appelés à se prononcer, car ils remplissent les conditions nécessaires pour figurer sur la liste électorale spéciale pour la consultation (LESC), dont la principale est la justification d'une résidence continue dans l'archipel depuis au moins le 31 décembre 1994.
Pour René Bagnolet, médecin : "Cette consultation va aiguiser les appétits de certains et il va y avoir des conflits entre eux et contre nous, contre les Blancs et les autres ethnies, c’est dommage."
Pour Sosefo Caofifenua, retraité : "Mon coeur, il vote du côté kanak, mais ma tête me dit "reste Français", et je pense qu’on ne va peut-être pas aller voter."
Pour Karl, Kanak : "Le chômage, il a augmenté, le taux d’immigration, il a évolué, mais nous, en tant que peuple légitime de ce pays, nous sommes toujours marginalisés, ça veut dire qu’on se fait écraser."
Enfin selon Marceline Bolo, femme au foyer : "La France, elle a tout fait pour nous, on a l’école, on a les hôpitaux, on a tout, il y a l’école, on a vraiment besoin de la France. Pour moi, ce n'est pas possible de vivre l’indépendance sans la France, parce que là, ça pourrait être la catastrophe."
Tous les sondages annoncent une nette victoire des partisans du Non, dans une fourchette comprise entre 60 et 69% des voix.
La Nouvelle-Calédonie dispose déjà d'une large autonomie et d'1,3 milliard d'euros de transferts de fonds publics.
La population est formée d'un kaléidoscope de communautés, 39 % de Kanak, 27 % de Caldoches. Les autres sont surtout Wallisiens et Futuniens, Tahitiens, Indonésiens, Ni-Vanuatu, et Vietnamiens.
L'accord de Nouméa avait été signé dix ans après ceux de Matignon en 1988, qui ont mis fin à plusieurs années de quasi guerre civile entre Kanak et Caldoches ayant culminé avec la prise d'otage et l'assaut de la grotte d'Ouvéa en mai 1988, faisant au total 25 morts.