Ghosn déchu, l'alliance Renault-Nissan va-t-elle tenir le coup ?

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Par Joël Chatreau
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Carlos Ghosn reste en garde à vue à Tokyo. Il n'a déclaré que la moitié de son salaire pendant quatre ans et il est accusé d'avoir séjourné gratuitement dans des propriétés de Nissan à l'étranger. Chez Renault, c'est l'inquiétude : l'alliance avec le groupe automobile japonais va-t-elle durer ?

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Article réalisé avec Maxime Biosse Duplan

Les Japonais, qui portaient Carlos Ghosn aux nues pour avoir sauvé Nissan de la faillite au début des années 2000, sont consternés et amers. Le PDG de l'alliance automobile Renault-Nissan-Mitsubishi Motors est tombé de très haut. Arrêté lundi à peine sorti de son jet privé, il est toujours en garde à vue dans un centre de détention à Tokyo. Et il pourrait y rester un moment puisqu'au Japon, cette garde à vue peut durer jusqu'à 23 jours à moins de payer une caution; Carlos Ghosn en a bien sûr les moyens.

Le parquet indique dans un communiqué que le capitaine d'industrie de 64 ans "a conspiré pour minimiser sa rétribution à cinq reprises entre juin 2011 et juin 2015". Précisément, 4,9 milliards de yens - cela fait environ 37 millions d'euros - ont été déclarés au fisc japonais ; en fait, le patron de Renault-Nissan avait gagné durant cette période plus du double, près de 10 milliards de yens.

Des séjours gratuits à l'étranger aux frais de la princesse

Et il n'y a pas que ça. Le président exécutif de Nissan, Hiroto Saikawa, a dénoncé de nombreux détournements de fonds, il a cité notamment "l'utilisation de biens de l'entreprise à des fins personnelles". Selon des médias japonais, Carlos Ghosn a par exemple profité de plusieurs résidences luxueuses, propriétés d'une filiale de Nissan, pour s'offrir des séjours gratuits aux Pays-Bas et dans trois autres pays. Le président exécutif n'a pas caché son immense déception, évoquant "le côté obscur de l'ère Ghosn". "Il est cupide, a confié à la presse un autre dirigeant de Nissan. A la fin, ce n'est qu'une question d'argent".

L'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi tiendra-t-elle le coup ?

Le conseil d'administration de Nissan doit se réunir dès ce jeudi pour procéder au limogeage de son PDG. Mitsubishi Motors fera de même mais on ne sait pas encore quand. En tout cas, le tremblement de terre passé, les questions se bousculent déjà chez Nissan, chez Renault, et plus largement dans le secteur automobile mondial. Au siège du constructeur japonais à Yokohama, dans la banlieue de Tokyo, les employés ont du mal à y croire. La chute du "sauveur" survient à à un très mauvais moment car Nissan vient déjà d'être fragilisé par deux scandales de suite, à cause de manquements dans l'inspection des véhicules au Japon.

Nous avons réalisé deux graphiques sur la structure de ce modèle tripartite unique au monde :

Renault-Nissan a été créé en 1999. Ce n'est qu'en 2016 que Mitsubishi est venu rejoindre l'alliance. Aujourd'hui Renault détient 43% de Nissan, qui à l'inverse possède 15% de Renault.
Renault-Nissan-Mitsubishi s'est hissé en 2017 à la première place mondiale en ventes cumulées de véhicules, devant Volkswagen, Toyota et General Motors.

Inquiétude chez Renault : le ministre de l'Economie veut rassurer

Quant à l'union entre Renault et Nissan, dont l'équilibre reste fragile somme toute entre deux groupes très distincts, va-t-elle s'en trouver affaiblie, voire menacée ? Renault réunit son conseil d'administration d'urgence ce mardi. Rappelons que l'Etat français détient 15% des parts du constructeur automobile. Le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, tient à rassurer les employés :

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