En Angleterre et au Pays de Galles, l'accord sur le Brexit ne satisfait personne

En Angleterre et au Pays de Galles, l'accord sur le Brexit ne satisfait personne
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Par Bryan Carter
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En plein débat parlementaire au Royaume-Uni sur l'accord de sortie du pays de l'Union européenne, notre reporter Bryan Carter recueille en Angleterre et au Pays-de-Galles, le point de vue des habitants. Qu'ils soient ou non brexiters, l'accord ne leur convient pas.

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En plein débat parlementaire au Royaume-Uni sur l'accord de sortie du pays de l'Union européenne et en attendant le vote final du texte prévu le 11 décembre, notre reporter Bryan Carter s'est rendu en Angleterre et au Pays-de-Galles pour recueillir le point de vue des habitants. Qu'ils se soient prononcés pour ou contre le Brexit lors du référendum il y a deux ans, aujourd'hui, ils s'entendent au moins sur une chose : l'accord de divorce passé par Theresa May avec les Européens ne les satisfait pas.

Depuis deux ans, le Brexit est sur le devant de la scène politique européenne. "Pour les non-Britanniques comme moi, cette affaire est déroutante et cela ressemble à une erreur, mais la population ici voit-elle les choses de la même manière ?" s'interroge notre journaliste Bryan Carter présent à la frontière entre l'Angleterre et le Pays de Galles.

Il se rend dans une ville anglaise toute proche de la frontière : Chester, environ 100.000 habitants. En 2016, ses électeurs ont voté pour quitter l'Union européenne, à une très faible majorité - 50,7% -, le reste s'étant prononcé pour le maintien. "Allons rencontrer des partisans des deux camps," invite Bryan Carter.

"Le Brexit ? C'était la bonne option !"

Si l'ambiance n'est pas à la fête en ce moment à Westminster, elle l'est davantage sur le marché de Noël de Chester.

Une commerçante prénommée Jacky a voté pour le Brexit il y a deux ans et reste persuadée que c'était le bon choix. Notre journaliste lui demande pourquoi. "Parce que je n'aime pas la politique, je n'aime pas les gens qui ne sont pas élus et qui nous disent ce qu'on peut faire et ne pas faire, avec qui on peut faire du commerce et avec qui on ne peut pas," souligne-t-elle avant d'ajouter : "On ne fait que donner de l'argent à l'Europe, encore et encore, et pour moi, on n'en a pas pour notre argent."

Le restaurateur installé à proximité ne regrette pas non plus son vote en faveur du Brexit. Bryan Carter lui demande s'il continue de penser que c'était la bonne option. "Beaucoup de Britanniques l'ont cru, sinon ils n'auraient pas voté pour," indique-t-il après quelques hésitations. "Donc oui, c'était la bonne option," insiste-t-il.

"Notre économie va y gagner," estime-t-il. "Ce n'est pas ce que dit la Banque d'Angleterre : elle dit que ce sera pire pour l'économie," fait remarquer notre reporter. "Ils disent ça pour faire peur," assure le commerçant.

Tous les gens que nous venons de rencontrer sont pour le Brexit. Ils ne se soucient pas vraiment de savoir ce qui va se passer à Westminster dans les prochains jours. Ils pensent tous que leur pays se portera mieux une fois en dehors de l'Union européenne. Essayons encore de trouver des personnes favorables au maintien.

"Nous n'avons pas le choix, il faut accepter cet accord"

"Je me rends dans un lieu où, m'a-t-on dit, je pourrais en rencontrer et où l'on pratique une activité dont j'ai rarement entendu parler : la danse en ligne," précise Bryan Carter, "les participantes sont prêtes à répondre à mes questions."

"Si vous me le permettez," leur dit-il, "j'aimerais demander aux personnes qui ont voté pour le Brexit, de lever la main." Ce que font la moitié des participantes. 

"Parmi celles qui ont levé la main, qui pense encore que c'était le bon choix ?" poursuit-il. 

Elles sont le même nombre à lever de nouveau la main. 

Bryan Carter se tourne à présent vers celles qui ont voté pour le maintien dans l'Union et les interroge :

_"Respectez-vous la décision des électeurs de quitter l'UE ?" _

"Oui," répondent les trois femmes âgées interrogées. 

"Malgré le résultat des négociations et tout ce qui s'est passé depuis le vote ?" ajoute-t-il.

"Oui," disent-elles en chœur.

"Pensez-vous que c'est un bon accord ?" demande Bryan Carter.

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"Non, mais nous n'avons pas le choix, il faut l'accepter," estime l'une d'entre elles.

Parmi ces danseuses, peu importe que ce Brexit soit "hard" ou "soft" au final, toutes conservent le même point de vue.

"Il n'y aura pas grand-chose de positif à la clé"

Ce divorce a fait apparaître des lignes de fracture au sein de la population britannique. Et ce sont les plus jeunes - comme la monitrice de natation que nous rencontrons - qui ont les plus grandes inquiétudes pour l'avenir.

"Il est certain qu'importer coûtera plus cher, les pertes d'emploi et le taux de chômage vont exploser, on fera moins de commerce," prévient la jeune femme. "Je me dis simplement qu'il n'y aura pas grand-chose de positif à la clé, à part le fait qu'on sera un pays autonome," concède-t-elle.

Le Pays de Galles, comme l'Angleterre, s'est prononcé pour la sortie de l'Union européenne. Bryan Carter reprend sa voiture pour aller demander aux Gallois si selon eux, le Brexit prend la bonne direction.

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À la nuit tombée, débattre du Brexit autour d'une bière semble être le passe-temps du moment.

"La grande question, c'était l'immigration," assure un homme âgé. "Je ne suis pas contre les immigrés, c'est juste que je trouve qu'ils sont trop nombreux et du fait de leur présence, les salaires baissent et les gens deviennent de plus en plus pauvres dans ce pays," juge-t-il.

"Donc j'ai cru au Brexit et aujourd'hui, Theresa May a obtenu cet accord, mais on est à mi-chemin," regrette-t-il.

Son voisin de table s'indigne : "Maintenant, les gens commencent à se dire : "Attendez, qu'est-ce qu'on nous a dit à l'époque ? Que les services de santé du NHS allaient recevoir 300 millions de livres de plus par semaine ? C'est des foutaises ! Cela n'arrivera jamais."

La meilleure option à long terme

Ces Brexiters savent que leur économie souffrira certainement à court terme, mais ils continuent de penser que le Brexit était la meilleure option à long terme.

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"Je crois que ce sera difficile au début, mais après..." indique une cliente du pub, avant que le premier homme que nous avons interrogé ne l'interrompe.

"Une fois sortis de l'Union européenne, les deux prochaines années vont être vraiment dures pour nous, mais ensuite, je crois qu'on fera appel à notre intelligence et qu'on sera capable de faire ce qu'on faisait avant d'être un Etat membre," dit-il.

Les deux camps n'ont pas réussi à trouver de terrain d'entente depuis le référendum sur le Brexit il y a deux ans. Mais ils se retrouvent sur un point : l'accord conclu par Theresa May n'est pas celui qu'ils espéraient.

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