"Le Brésil n'est pas les Etats-Unis" (Gaspard Estrada, chercheur)

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Entretien avec Gaspard Estrada, le directeur de l'Observatoire politique de l'Amérique latine et des Caraïbes après l'investitutre de Jaïr Boslonaro

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Alors que Jair Bolsanoro, le nouveau président d'extrême droite, vient de prendre ses fonctions au Brésil, nous avons interrogé Gaspard Estrada, le directeur de l'Observatoire politique de l'Amérique latine et des Caraïbes.

Jair Bolsonaro va-t-il tout simplement s'aligner sur la politique de Donald Trump ?

Gaspard Estrada : De mon point de vue il y a une véritable volonté de la part de Jair Bolsonaro de s'aligner sur les positions états-uniennes afin de créer une certaine communauté de valeurs entre les deux pays, que ce soit en ce qui concerne le refus du multilatéralisme, la criminalisation des migrants, et une volonté très claire de privilégier le nationalisme dans les relations internationales. Est-ce que cela sera bénéfique pour le Brésil, je ne le pense pas et ce sont les mois à venir qui nous montreront cela.

Le Brésil peut-il prendre ses distances avec la Chine qu'il accuse d'acheter le pays ?

Gaspard Estrada : Je pense que le principe de réalité le conduira à modérer ses propos sinon il s'agira d'une attitude suicidaire. Il ne faut pas oublier que la Chine est le principal partenaire commercial du Brésil et qu'aujourd'hui sans la Chine, le Brésil aurait énormément de mal à obtenir des surplus commerciaux alors que le Brésil vit dans une très grave crise économique, que les comptes publics ne sont pas à l'équilibre et que s'il y a un réalignement du Brésil vers les États-Unis, il faudrait que les États-Unis investissent massivement au Brésil. Et pour le moment, je ne vois pas d'actes concrets de l'administration Trump pour remplacer la Chine au Brésil, d'où ce principe de réalité.

Jair Bolsonaro pourra-t-il concrétiser sa menace de sortir de l'Accord de Paris sur le climat ?

Gaspard Estrada : Je pense qu'il y aura des pressions très fortes de la part notamment de l'agrobusiness et des secteurs liés aux milieux d'affaires pour éviter que le Brésil ne quitte l'Accord de Paris puisque le Brésil n'est pas les États-Unis. Le Brésil dépend énormément de ses exportations de matières premières et notamment de soja et de viande pour pouvoir avoir ses surplus commerciaux et aujourd'hui si le Brésil quitte l'Accord de Paris et bien il y aura des conséquences que cela soit politique ou économique, je pense notamment aux pays européens et à la France.

Jair Bolsonaro n'a pas du tout été élu sur son agenda international mais plutôt sur un agenda domestique...

Gaspard Estrada : Sans aucun doute les Brésiliens ont voté pour l'ancien capitaine de l'armée notamment pour ses propositions sur la sécurité, sur la volonté de lutter contre la corruption qui ont été les principaux marqueurs de cette élection présidentielle même s'il a aussi été très flou durant cette campagne puisqu'il a subi un tentative d'assassinat qui l'a épargné ce qui lui a évité de faire campagne sur le fond. C'est pour cela qu'aujourd'hui, ce qu'attendent les Brésiliens ce sont plutôt des mesures concrètes alors que pour le moment on a eu beaucoup d'élucubrations sur le danger communiste mais très peu de propositions concrètes pour sortir le Brésil de cette crise économique et sécuritaire.

Propos recueillis par Christophe Garach

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