L'onde de choc Benalla frappe le cabinet du Premier ministre français

Photo prétexte Benalla : démission de la chef de la sécurité de Matignon.
Photo prétexte Benalla : démission de la chef de la sécurité de Matignon.
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Par Joël Chatreau
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Les scandales liés à Alexandre Benalla, l'ex-conseiller du président français, provoquent cette fois une secousse au sein du cabinet du Premier ministre. La responsable de la sécurité de Matignon s'est vue obligée de démissionner. Une enquête du parquet financier pourrait la mettre en difficulté.

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L'onde de choc de ce qu'il faut désormais appeler "les affaires", et non l'affaire Benalla, provoque maintenant des tremblements au sein même du cabinet du chef du gouvernement français. La responsable du GSPM, comprenez le Groupe de sécurité du Premier ministre, Marie-Elodie Poitout, a préféré démissionner, tellement les rebondissements s'enchaînent et risquent de renforcer la polémique persistante sur les liens entre le pouvoir, en premier lieu le président Emmanuel Macron, et l'ex-conseiller de l'Elysée.

Benalla reçu chez la responsable de la sécurité de Matignon

A la suite de l'enregistrement d'une conversation explicite entre Alexandre Benalla et Vincent Crase, un gendarme réserviste, ancien membre du parti présidentiel La République en Marche, publié par le média en ligne Mediapart le 31 janvier dernier, une information non vérifiée a circulé : l'entretien explosif aurait pu être enregistré au domicile de la fonctionnaire en charge de la sécurité à Matignon. Le 1er février, les services du Premier ministre ont en tout cas envoyé une lettre au parquet financier de Paris pour lui faire savoir que Marie-Elodie Poitout avait été interrogée sur le sujet.

Cette dernière a nié tout enregistrement mais a reconnu avoir bien reçu Benalla à son domicile fin juillet 2018, en présence de son compagnon, mais en aucun cas Crase, qu'elle dit ne pas connaître. C'est le courrier de Matignon qui aurait déclenché l'ouverture d'une enquête par le pôle financier, et entraîné une vaine tentative de perquisition le 4 février à Mediapart, dénoncée par la presse française et une partie de l'opposition comme une atteinte à la protection des sources des journalistes.

Des affaires avec Makhmoudov, un inquiétant oligarque russe

Là où le nouveau scandale se corse, c'est que les investigations judiciaires portent notamment sur un contrat signé en 2018 entre une société, du nom de Mars, dirigée par Vincent Crase, et Iskander Makhmoudov, un oligarque russe à la réputation sulfureuse. Ce contrat, selon Mediapart, "prévoyait la protection des biens immobiliers en France de l'homme d'affaires, et de sa famille à Monaco". Benalla refait surface puisqu'il aurait servi de négociateur alors qu'il travaillait à l'Elysée. Et il faut savoir que le Russe Makhmoudov est soupçonné par la justice espagnole d'appartenir à une organisation criminelle russe nommée Izmailovskaïa.

Si Marie-Elodie Poitout s'est vue obligée de quitter Matignon, son compagnon, le sergent-chef Chokri Wakrim, a dans le même temps été suspendu par le ministère des Armées. Le journal Libération révèle qu'il aurait été "sollicité par Alexandre Benalla pour travailler sur le fameux contrat russe". Selon plusieurs médias français, Wakrim a déjà été entendu par la Direction du renseignement et de la Sécurité de la Défense.

"Aucune instruction" au parquet, assure le Premier ministre

Dans le quotidien Paris-Normandie ce vendredi, le chef du gouvernement, Edouard Philippe, affirme n'avoir donné "aucune instruction" à la justice concernant les révélations de Mediapart.  Le porte-parole de l'exécutif, Benjamin Griveaux, a déclaré de son côté : "J'entends beaucoup la musique : il est très protégé (...) Ce fantasme-là est un fantasme, chacun rend des comptes. M. Benalla va rendre des comptes à la justice française et c'est une très bonne nouvelle !". A voir...

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