Le port de Trieste, point de passage des "nouvelles routes de la soie"

Le port de Trieste, point de passage des "nouvelles routes de la soie"
Par Sergio Cantone
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Rome s'apprête à signer un protocole d'accord pour intégrer les "Routes de la soie", colossal projet d'infrastructures piloté par Pékin, à la suite de plusieurs pays européens (Grèce, Portugal, Hongrie, Pologne).

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Niché dans le golfe de l'Adriatique, à la pointe nord-est de l'Italie, Trieste a été pendant des siècles un important port de commerce. En déclin depuis plus de 70 ans, il pourrait redorer son blason en servant de centre logistique stratégique dans le projet pharaonique des "nouvelles routes de la soie" initié par Pékin. L'Italie, troisième puissance économique de la zone euro est en passe de signer un protocole d'accord avec la Chine.

" Nous sommes en train de devenir une jonction importante pour les échanges commerciaux internationaux. Il est clair qu'un tel carrefour devient pertinent aux yeux des grands acteurs du marché mondial dont les Chinois sont aujourd’hui l'un des acteurs majeurs", explique Zeno D'Agostino, président de l'autorité portuaire de Trieste.

Pour certains des partenaires occidentaux de Rome, en particulier les Etats-Unis, l’Italie risque, avec cet accord, de devenir le cheval de Troie de la Chine en Europe. Le gouvernement italien, lui, y voit plutôt une perspective alléchante.

Sergio Cantone, euronews : "L'axe de la politique étrangère de Rome reste l'Europe et l'OTAN. L'accord avec la Chine est censé stimuler une économie italienne stagnante. Reste que le prix politique à payer pourrait être élevé".

Les entrepreneurs locaux sont convaincus que traiter avec les Chinois fera le lit de nombreuses opportunités dans leurs affaires, notamment dans le secteur des services.

"L'accord avec la Chine va permettre une expansion progressive du secteur tertiaire, notamment en ce qui concerne le port de Trieste. Cela va lui apporter une réelle plus-value sur le marché européen", dit Federico Pacorini, entrepreneur.

Tout le monde n’est pas de cet avis. Forza Italia, par exemple, estime qu'un renforcement des liens avec la Chine peut être dangereux pour l'Italie.

"L'Italie doit choisir entre ses 70 ans de relations avec la plus grande démocratie du monde, à savoir les Etats-Unis, ou la Chine. Si les Italiens pensent qu'ils obtiendront des avantages des deux, ils ne sont pas seulement naïfs, mais aussi stupides", exprime Giulio Camber de Forza Italia.

Pour d'autres, le protocole d'accord entre l'Italie et la Chine peut profiter à Trieste.

Pour l’écrivain originaire de Trieste, Paolo Rumiz, le protocole d'accord entre l'Italie et la Chine ne concerne pas seulement l'économie et le commerce.

"Cet accord n’offre pas seulement à l’Italie un nouveau rôle central, il lui redonne toute la place qu’elle occupait auparavant, du temps des grands empires. C'est ce qu'était Trieste, pendant ses années de prospérité, entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, juste avant le début de la Première Guerre mondiale", dit-il.

Si Trieste attire déjà de nombreux investisseurs, l’envie légitime de la ville portuaire de renouer avec un passé glorieux pourrait la conduire en eaux troubles dans l’avenir. La Chine pourrait en effet, selon les analystes, s'avérer être un partenaire trop fort et trop grand pour l'Adriatique et l'Italie.

Journaliste • Raphaele Tavernier

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