Carlos Ghosn de nouveau arrêté à Tokyo, la justice nippone ne le lâche pas

Carlos Ghosn de nouveau arrêté à Tokyo, la justice nippone ne le lâche pas
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Par Sandrine Delorme avec AFP
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Il est "extrêmement rare" qu'un suspect soit ré-arrêté après avoir été relâché souligne la télévision japonaise NHK

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Carlos Ghosn a de nouveau été interpellé à son domicile de Tokyo. Un mois à peine après avoir été libéré sous caution assorties de conditions très strictes, l'ancien magnat de l'automobile a été arrêté au petit matin, chez lui, par trois enquêteurs du bureau du procureur qui le soupçonnent d'autres malversations financières.

On l'a vu quitter son immeuble moins d'une heure après l'arrivée de dizaines de policiers qui ont monté la garde durant toute la procédure.

REUTERS/Kim Kyung-hoon
Devant la résidence de Carlos Ghosn à TokyoREUTERS/Kim Kyung-hoon

Une arrestation qui intervient alors que l'ancien PDG de Renault-Nissan voulait prendre la parole pour la première fois depuis sa sortie de prison le 6 mars dernier. Il avait annoncé une conférence de presse pour le 11 avril et entendait "dire la vérité".

Carlos Ghosn s'interroge : "pourquoi venir l'arrêter sinon pour le briser", "c'est injuste et révoltant" a-t-il dit. Ré-arrêté un suspect qui a été relâché serait extrêmement rare selon la télévision japonaise. Son avocat Junichiro Hironaka s'est insurgé contre de telles méthodes.

Déjà sous le coup de trois inculpations pour déclarations inexactes de revenus sur les années 2010 à 2018, dans des documents remis par Nissan aux autorités financières, et pour abus de confiance, Carlos Ghosn avait été libéré le 6 mars moyennant le paiement d'une caution d'un milliard de yens (8 millions d'euros). Il avait été arrêté pour la première fois le 19 novembre, à la descente de son jet privé, sur le tarmac de l'aéroport international Haneda de Tokyo. Il était alors le tout-puissant PDG de l'alliance automobile Renault-Nissan-Mitsubishi Motors.

Pourquoi cette nouvelle arrestation ?

Il est à présent soupçonné d'avoir utilisé la réserve du PDG de Nissan pour des transferts d'argent de plus de 30 millions de dollars à un distributeur de véhicules Nissan à Oman, montants dont une partie lui serait revenue indirectement, selon une source proche du dossier.

Il l'aurait notamment utilisé ces fonds pour acheter un yacht et investir dans une société dirigée par son fils aux Etats-Unis.

Des flux financiers similaires ont été signalés ces derniers jours par Renault à la justice française, à l'issue d'une enquête interne du constructeur.

Le parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine), qui avait déjà été saisi sur d'autres éléments, a ouvert une enquête sur le financement du mariage de Carlos Ghosn au château de Versailles en octobre 2016.

L'audit de la filiale commune de Renault et de son partenaire japonais Nissan, RNBV, basée aux Pays-Bas, a par ailleurs soulevé de "sérieux questionnements" quant à la conformité de plusieurs millions d'euros de dépenses, a annoncé mercredi Renault à l'issue d'un conseil d'administration.

Pas de retraite-chapeau

Compte tenu du contexte et du fait que Carlos Ghosn a démissionné en janvier de la présidence de Renault alors qu'il était incarcéré au Japon, la marque au losange a décidé de priver son ancien patron de "retraite-chapeau" comme ancien membre du comité exécutif.

Le dirigeant franco-libanais-brésilien a également été révoqué de la présidence de Nissan, et une assemblée générale extraordinaire d'actionnaires devrait lundi révoquer son mandat d'administrateur, coupant tous ses liens avec l'entreprise qu'il a naguère sauvée de la faillite.

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