Les manifestants soudanais refusent de se faire voler leur révolution par l'armée.
Au Soudan, l'annonce ce jeudi du limogeage du président Omar el-Béchir n'a pas apaisé la contestation.Il faut dire que le vieux dirigeant a été remplacé par un "Conseil militaire de transition". Bref, c'est l'armée qui a pris le pouvoir.
Et ce n'est pas comme ça que les manifestants voyaient les choses ! La nouvelle donne politique n'est qu'une "photocopie du régime", comme le résume un manifestant.
Malgré l'instauration d'un couvre-feu, de nombreux Soudanais sont restés mobilisés pour réclamer un vrai changement de régime.
Réactions internationales
Les États-Unis, qui maintiennent des sanctions contre le Soudan, pays sur leur liste d’États soutenant "le terrorisme", ont exhorté l'armée soudanaise à intégrer les civils au gouvernement.
L'Union européenne a aussi appelé l'armée à un transfert "rapide" du pouvoir aux civils.
Six capitales, dont Washington et Paris, ont demandé une session d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Soudan, a priori pour ce vendredi. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a réclamé que la transition au Soudan respecte les "aspirations démocratiques" du peuple.
Le sort d'Omar el-Béchir
Dès hier, le ministre de la Défense, Awad Ahmed Benawf, a prêté serment comme chef du "Conseil militaire de transition". Il venait d'annoncer la destitution du président Omar el-Béchir et son placement en détention.
Le désormais ex-président Omar el-Béchir aura régné sur le Soudan pendant près de 30 ans. Arrivé au pouvoir à la faveur d'un Coup d’État, il dirige le pays d'une main de fer.
En 2003, il lance ses troupes contre une rébellion dans la province du Darfour, un conflit qui a fait plus de 300.000 morts selon l'ONU.
La Cour pénale internationale (CPI), basée à La Haye, décide en 2009 d'engager des poursuites contre le président soudanais, pour "crimes de guerre" et "contre l'humanité" au Darfour, ajoutant en 2010 l'accusation de "génocide". Mais Omar el-Béchir se soustrait à la justice.
Dès hier, l'ONG Amnesty International a appelé les nouvelles autorités à Khartoum à "remettre" M. Béchir à la CPI afin qu'il soit jugé pour ses "crimes innommables".
- avec agences -