Européennes 2019 : gagnants, perdants et nouveau centre de gravité

Européennes 2019 : gagnants, perdants et nouveau centre de gravité
Tous droits réservés REUTERS/Pascal Rossignol
Par Vincent Coste
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C'était attendu. Les nationalistes et les populistes se sont renforcés au Parlement européen. Les partis "historiques" ont tous connu des baisses significatives. Dans ce contexte, trouver une nouvelle majorité risque d'être un exercice des plus périlleux.

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Dans le futur Parlement européen, l'union CDU/CSU sera la formation politique qui détiendra le plus de sièges. Le parti d'Angela Merkel et son allié bavarois devraient envoyer ainsi 29 députés européens. Toutefois, le parti conservateur allemand ne sera pas le seul à disposer d'un tel contingent, puisque le Brexit party de Nigel Farage disposera lui aussi de 29 députés. Mais ces derniers siégeront-ils effectivement à Strasbourg ? L'avenir (proche) nous le dira...

Des partis traditionnels en baisse dans toute l'Europe

Avec un taux de participation record de près de 51%, ces élections européennes ont réservé leur lot de surprises. Les formations populistes ont ainsi tiré leur épingle du jeu. Les écologistes se sont également renforcés. Mais l'un des grands enseignements du scrutin est la baisse, voire la chute, des grands partis traditionnels.

Les deux principaux partis du Royaume-Uni, le Parti travailliste et le Parti conservateur, n'ont, ensemble réalisé que 23% des voix. En Allemagne, la CDU, bien qu'ayant remporté les élections, a perdu 7% de ses voix.

En Italie, le Parti démocratique de centre-gauche a perdu près de la moitié de ses voix par rapport aux dernières élections, après la victoire de la Ligue de Matteo Salvini, le parti d’extrême droite ayant raflé 34% des voix.

En France, les deux grands partis, le PS à gauche et Les Républicains à droite, se sont effondrés. La chute a été spectaculaire pour les conservateurs qui passent de 20% en 2014 (UMP) à 8% en 2019. Les socialistes ont décroché plus de 6% des voix ce dimanche contre pratiquement 14% il y a cinq ans. Ces deux formations ont été victimes de la recomposition de la scène politique française avec l’avènement de la République en Marche, parti d'Emmanuel Macron.

Quelle majorité au Parlement ?

Ces résultats impactent directement la composition des grands groupes politiques qui dominaient jusqu'alors le Parlement européen. Si le PPE et le S&D conservent la première et la deuxième place au Parlement, ils ont perdu environ 20% de leurs sièges et perdent la majorité absolue qu'ils détenaient à eux deux.

Les partis nationalistes, populistes ou europhobes qui se sont renforcés à l'issue du scrutin sont-ils en position d'ébranler le centre de gravité de l'hémicycle européen ?

A l'heure actuelle, dans le Parlement sortant, ces formations sont éclatées dans différents groupes. Ces derniers ont vu leurs effectifs s’accroître à l'issue du scrutin, à l'exception des Conservateurs et réformistes européens (CRE) où est présent, par exemple, le parti de Theresa May.

Le groupe Europe des nations et des libertés (ENL), où siègent des formations d’extrême droite dont le Rassemblement national ou la Ligue de Matteo Salvini, est ainsi passé de 37 à 58 sièges.

Europe de la liberté et de la démocratie directe (ELDD) a aussi gagné des députés. Ce groupe formé par des partis populistes et/ou europhobes, tels que le Brexit party de Nigel Farage ou du Mouvement 5 étoiles italien, a ainsi obtenu 54 sièges contre 42 sièges dans la précédente assemblée.

Les écologistes, qui se renforcent également en obtenant 17 sièges de plus, soit 69, vont sans doute jouer un rôle déterminant lorsqu'il s'agira de trouver une majorité. Historiquement à gauche, les verts vont-ils se rapprocher du groupe centriste ALDE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe) qui lui gagne 40 sièges (en incluant la liste Renaissance portée par le parti du président français Emmanuel Macron)? 

Les tractations ne font que commencer...

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