France : des faux steaks hachés distribués à des associations caritatives

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Par Vincent Coste avec AFP
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Quatre associations d'aide aux plus démunis avaient saisi les autorités après avoir reçu, en 2018, des centaines de tonnes de steaks hachés surgelés présentant un "aspect étrange".

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Excès de gras, tissus de mauvaise qualité, amidon et soja... Des steaks hachés de très mauvaise qualité ont été fournis en France à quatre associations d'aide aux plus démunis, une "tromperie" dénoncée ce vendredi par la répression des fraudes.

Si ces steaks hachés ne présentent pas de risque pour la santé, leur distribution a été immédiatement interrompue, selon la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Les steaks ont été distribués à la Croix Rouge, à la Fédération française des banques alimentaires, aux Restaurants du Cœur et au Secours Populaire, dans le cadre d'un marché financé par le Fonds européen d'aide aux plus démunis (FEAD). Ainsi, en 2018, 1 500 tonnes de steaks hachés surgelés avaient été achetées, via ce mécanisme européen, pour un montant de 5,2 millions d'euros.

L'affaire, révélée sur les ondes de la radio RTL, commence fin mars lorsque plusieurs associations alertent les autorités sur l'aspect étrange des steaks fournis aux plus démunis.

Les contrôles menés par la répression des fraudes sur une quarantaine d'échantillons sont sans appel : aucun ne respecte le cahier des charges du steak haché.

Dans ce produit censé contenir uniquement du muscle de bœuf, le seuil de gras était systématiquement dépassé et le rapport collagène/protéines dépassait également les normes. Lorsqu'il est faible, il indique un steak de bonne qualité. De la peau et des tendons, ainsi que des produits exogènes, comme de l'amidon et du soja, ont également été retrouvés. 

Une fraude "choquante et moralement inqualifiable"

"Le produit n'est pas dangereux, mais c'est un scandale de donner des denrées frauduleuses. C'est insupportable au regard des personnes que l'on sert", s'est émue Laurence Champier, directrice fédérale du réseau des banques alimentaires.

Ces faits susceptibles d'être qualifiés de tromperie en bande organisée peuvent valoir à leurs auteurs deux ans de prison et 1,5 million d'euros d'amende.

"C'est du pénal, on va transmettre au procureur et il est hors de question que ce type d'attitude se reproduise", a indiqué sur RTL Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie, qualifiant cette fraude de "choquante et moralement inqualifiable".

La viande frauduleuse a été fournie aux associations par une entreprise française s'approvisionnant auprès d'un industriel polonais. Un intermédiaire français a également été identifié. Les noms de ces sociétés n'ont pas été divulgués. Les dirigeants des deux entreprises françaises ont été entendus par les enquêteurs et les autorités polonaises ont été saisies.

Les quatre associations victimes de cette fraude ont publié un communiqué commun en indiquant "qu'il est impératif d’œuvrer rapidement dans l’intérêt des millions de personnes aidées dans le cadre de l’aide alimentaire européenne".

Sébastien Thollot, secrétaire national du Secours populaire français, chargé des questions de solidarités, nous a précisé les attentes des associations flouées :

On espère pouvoir avoir, d’une part, un processus rapide sur cette question, une destruction (du stock de viande frauduleuse, ndlr.). Mais également un remplacement du produit, parce que c’est un produit qui a une valeur nutritionnelle très importante pour les millions de personnes qui sont aidés dans le cadre de cette aide alimentaire. Et puis, on espère avoir une compensation financière des dizaines de milliers d’euros qui sont engagés aujourd’hui uniquement pour avoir du stockage de produit qui de toute façon ne sera, et tant mieux, pas distribué.”

Selon les autorités françaises, l'entreprise en cause s'est dite prête à reprendre la viande concernée et à la remplacer.

En 2015, les Restos du Cœur avaient retiré des steaks hachés déjà reçus du FEAD de la distribution après des suspicions de présence de salmonelle.

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