Plus de 160 personnes assassinées pour avoir défendu l'environnement

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Tous droits réservés REUTERS/Diego Ramos
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Par Fleur Martinsse et Marc Bouchage
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Au moins 164 personnes ont perdu la vie en 2018 à travers le monde pour avoir défendu l'environnement, selon l'ONG Global Witness.

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En 2018, au moins 164 personnes ont perdu la vie à travers le monde pour avoir défendu l'environnement, soit plus de trois crimes par semaine : c'est le triste bilan révélé ce mardi par l'ONG Global Witness.

Aluisio Sampaio Dos Santos au Brésil, Nixon Mutis en Colombie, Agudo Quillio aux Philippines, Rahmat Hakiminia en Iran,... Les 164 noms, inscrits en lettres blanches sur fond noir, introduisent le rapport de Global Witness.

En tête du classement des pays les plus meurtriers, on retrouve les Philippines, avec 30 militants de l'environnement assassinés l'année dernière. 24 personnes ont été tuées en Colombie et 23 en Inde.

"C’est un phénomène que l’on peut voir partout dans le monde : les défenseurs de l’environnement et des terres, dont un nombre important sont des représentants de peuples autochtones, sont considérés comme des terroristes, des voyous ou des criminels du fait qu’ils défendent leurs droits ou pour la simple raison qu’ils habitent sur des territoires convoités par d’autres", dénonce Vicky Tauli-Corpuz dans le rapport, rapporteuse spéciale de l'ONU pour le droit des peuples autochtones.

Selon ce rapport annuel, les chiffres des assassinats des défenseurs de l'environnement sont en baisse par rapport au précédent (207 victimes en 2017) mais ils pourraient être largement sous-estimés, puisque de nombreux crimes se produisent dans des régions reculées et ne sont pas forcément recensés.

Manifester contre des projets miniers, l'enjeu le plus risqué

L'ONG répertorie les différentes causes des militants assassinés. Les projets miniers et d'extraction apparaissent tout en haut de la liste, 43 personnes ont ainsi perdu la vie en se battant contre de tels projets. La seconde cause la plus "dangereuse" concerne l'agroalimentaire (21 assassinats), suivi de l'eau et les barrages (17 assassinats).

Selon Global Witness, l’événement le plus meurtrier s'est produit en Inde, dans l'Etat du Tamil Nadu. 13 personnes auraient ainsi été tuées lors d'une manifestation contre une mine de cuivre.

Aux Philippines, l'état le plus meurtrier, neuf cultivateurs de canne à sucre, dont des femmes et des enfants, ont été abattus sur l'île de Negros, tout comme leur avocat quelques jours plus tard.

REUTERS/Diego Ramos
Des péruviens manifestent contre la mine Tia Maria à Arequipa, en juin 2019REUTERS/Diego Ramos

Des militants criminalisés : "terroristes et ennemis d'Etat"

Au-delà des crimes, l'ONG dénonce également l'intimidation dont souffrent de plus en plus les défenseurs de l'environnement, réduits au silence ou emprisonnés dans de nombreux pays. Le rapport évoque notamment le cas de l'Iran où les défenseurs de l'environnement sont considérés comme des terroristes ou des ennemis d'Etat, citant le cas de neuf militants emprisonnés pour espionnage.

Global Witness cite aussi le cas du Royaume-Uni qui a réprimé massivement les manifestations anti-fracking (fracturation hydraulique massive), en modifiant les lois nationales afin d'interdire certaines manifestations.

Le rôle des investisseurs, comme les banques de développement, est également pointé du doigt. Certaines entreprises sont accusées de faciliter la violation des droits des militants.

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