Femmes victimes de violences : fuir, et après ?

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Par Guillaume Petit
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Ce centre d'accueil pour femmes battues situé en région parisienne offre un moment de répit qui n'est que provisoire, car le chemin pour un retour à une vie "normale" sera long. Reportage.

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Sur la porte, pour les accueillir, le visage de Malala Yousafzai, symbole de la lutte contre les violences faites aux femmes, qui a fui le Pakistan. A plusieurs milliers de kilomètres de là, en région parisienne, elles aussi ont fui, sans proches pour les accueillir, même provisoirement. 

"Elles", ce sont ces femmes battues, qui ont encore tellement peur d'être reconnues par leur ex, qu'elles n'ont pas d'autres choix que de s'exprimer anonymement.

Celle que nous appellerons Mélanie a passé deux mois dans la rue, avant de toquer à la porte de ce refuge pour femmes battues. Arrivée il y 4 jours, ses trois enfants sous le bras, elle s'apprête à rejoindre une plus grande chambre, un étage plus bas.

"On a déjà été hébergés par le 115. Mais c'est complètement différent", explique-t-elle. "En termes de propreté... Et il y avait toujours des disputes, il n'y a pas de respect surtout. Ici c'est différent, la vérité, c'est propre. Les dames sont comme des sœurs. Comme la famille".

Moment de répit

Ici, jusqu'à 15 victimes de violences conjugales peuvent être accueillies, avec leurs enfants. Mais faute de places, le centre a du refuser 328 femmes en 2018.

"Ce qui est difficile, c'est d'écouter la femme dans ce qu'elle a à dire, ce qu'elle a à déverser", confie Ornélie Lukau, assistante sociale. "Car parfois, c'est la première fois qu'elle parle à quelqu'un, un professionnel".

Et la première fois, aussi, qu'elle se sent en sécurité. Porte d'entrée sécurisée, salle de jeux pour les enfants et jardin silencieux, ce refuge leur offre un instant de répit, le temps de trouver une solution de relogement. 

Autre étape, qui prendra encore plus de temps : parler des violences subies et retrouver confiance en elles, et vis-à-vis de leurs enfants.

Longue transition

"C'est très stressant de ne pas savoir comment parler à son enfant, de ne pas comprendre comment il réagit", explique Dominique Labussière, éducatrice spécialisée."C'est déjà tellement douloureux, difficile ce qu'elle vit, tellement déstabilisant, stressant, angoissant, que elle a vraiment besoin d'un soutien à la parentalité . Notre travail, c'est beaucoup ça aussi", ajoute-t-elle.

Mais la transition est longue... Sur les 91 femmes passées par le centre en 2018, **6 seulement ont pu trouver un logement pérenne. **

Et des centres comme celui-ci, il en faudrait des centaines... L'Organisation mondiale de la Santé estime que 35% des femmes dans le monde ont subi les violences physiques ou sexuelles. Ce qui représenterait plus de 900 millions de femmes, soit près de 15 fois la population française, hommes et femmes confondus.

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