À Grande-Synthe, la mairie teste un revenu universel depuis 3 mois

À Grande-Synthe, la mairie teste un revenu universel depuis 3 mois
Par Louise Brosolo avec AFP
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Un complément pour que les habitants puissent vivre au dessus du seuil de pauvreté et touchent au moins 1000 euros.

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Dalila Sayah peut souffler: depuis trois mois, cette habitante de Grande-Synthe (Nord) bénéficie du mininum social garanti (MSG), une aide sociale présentée comme unique en France ayant pour vocation de "redonner de la dignité" aux plus précaires.

Du jour au lendemain, cette ancienne secrétaire s'est retrouvée sans emploi suite à de graves problèmes de santé. "Ma vie a basculé. Je n'avais que 860 euros par mois, avec deux enfants. Je vivais avec une boule au ventre. Au 15 du mois je n'avais plus rien. J'en pleurais".

Depuis début mai, elle perçoit 394 euros supplémentaires au titre du MSG, une aide sociale facultative et temporaire - jusqu'à six mois, reconductible - instaurée par la municipalité pour ses habitants les plus précaires, dont le montant varie en fonction du revenu.

"Je revis", confie Dalila "J’ai l’impression de vivre normalement, comme tout le monde, comme Monsieur et Madame tout le monde. On se sentait serrés, on se sentait étouffés, on ne se sentait pas vivre normalement et maintenant j’ai l’impression de renaître, en fait."

Dispositif

Grande-Synthe dans les Hauts-de-France, 24.000 habitants, plus de 25 % de chômeurs et 17 % de personnes sous le seuil de pauvreté.

Alors sous l'impulsion de l'ancien maire de la ville, Damien Carême, ancien maire écologiste désormais député européen, la commune a fait un pari : mettre en place une sorte de revenu universel : le mininum social garanti.

"On leur redonne un peu de dignité. Une famille, lorsqu'elle doit juste penser à payer son loyer et à se nourrir jusqu’à la fin du mois, elle ne peut pas penser à une réinsertion professionnelle, elle ne peut pas penser aux loisirs. Elle ne peut rien penser à d’autre, que de survivre , explique le maire (PS), Martial Beyaert.

Le MSG est destiné aux foyers ne disposant pas de revenus suffisants pour atteindre le seuil de pauvreté (50% du revenu médian), soit 855 euros par unité de consommation.

Les personnes bénéficiares du MSG sont suivies par le Centre d'Action Sociale : "Le premier retour est une satisfaction car les personnes retrouvent de la dignité, de la liberté dans la consommation. Cela les responsabilise beaucoup plus dans la gestion budgétaire", souligne Juan Manuel Del Pozo, directeur du CCAS, qui accompagne les habitants dans leurs démarches.

L'idée est d'aider les personnes à "sortir d'une forme d'angoisse sociale". "Ils auront ainsi davantage de visibilité et on pourra travailler avec eux l'insertion sociale et professionnelle", affirmait récemment à l'AFP M. Carême, voyant dans le MSG "une forme de solidarité palliant les carences de l'Etat".

Financement

Depuis sa mise en place, quelque 400 personnes ont bénéficié de ce dispositif, auquel 1,2 million d'euros ont été alloués par la municipalité de mai à décembre, financés en partie par les économies d'énergies faites par la ville (472.000 euros) et la fin de certaines aides du Centre communal d'action sociale (CCAS) remplacées de facto par le MSG (pour moins de 300.000 euros).

Contrat et contrôles

Pour autant, le dispositif n'est pas à sens unique: un contrat d'attribution fixe des conditions et l'aide est arrêtée si elles ne sont pas respectées.

"Les personnes s'engagent à participer au projet d'accompagnement social, à nous informer de tout changement de situation qui impacterait le montant, et à engager la dépense dans les domaines fixés dans le code de l'action sociale et des familles: loyers, énergie, scolarité des enfants...", explique M. Del Pozo. Des contrôles sont prévus pour contrer les éventuels abus.

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