Mont-Blanc : une "brigade blanche" pour lutter contre la sur-fréquentation

Mont-Blanc : une "brigade blanche" pour lutter contre la sur-fréquentation
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Par Raphaelle Vivent
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Depuis cette année, seuls les alpinistes ayant réservé une place dans un refuge sont autorisés à emprunter la voie royale. Les membres de la brigade blanche veillent au respect des règles.

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Face aux effets dévastateurs du tourisme de masse sur le Mont-Blanc, les habitants de la région ont choisi de riposter. Depuis cette année, l'accès au sommet est limité : seuls les alpinistes ayant réservé une place dans un refuge sont autorisés à emprunter la voie royale.

Et pour veiller au respect des règles, une "brigade blanche" a été mise en place. Ces dernières années, la situation était devenue incontrôlable, comme l'explique Christophe Delachat, un membre de la brigade : "Les alpinistes montaient n'importe où, n'importe comment, ils campaient au-dessus des refuges. Il y avait plus de 260 personnes chaque jour. On marchait au milieu de leurs crottes pour accéder au Mont-Blanc. C'était vraiment très sale, ils ne ramassaient rien."

Désormais, 214 personnes maximum sont autorisées sur la voie royale chaque jour, ce qui correspond au nombre de places disponibles dans les trois refuges du parcours : le Nid d'aigle, Tête Rousse et le Goûter.

"Autoroute à touristes"

La mesure est plutôt bien accueillie par les alpinistes. "C'est bénéfique pour l'environnement, c'est bénéfique pour le site, estime Serge Leboucher, qui a entamé l'ascension. Ça apporte une valeur ajoutée sur le maintien de l'environnement, et que ça ne devienne pas une autoroute à touristes qui font un peu n'importe quoi."

"C'est bénéfique pour l'environnement, c'est bénéfique pour le site [...] pour que ça ne devienne pas une autoroute à touristes qui font un peu n'importe quoi.
Serge Leboucher
alpiniste

D'autres se montrent plus réservés, comme Bertrand Roche, guide de haute-montagne. "Il y a un tel engouement pour ce sommet ... On vit cette réglementation et c'est parfois un peu lourd. On aimerait que la montagne soit un petit peu plus libre."

Le but de cette nouvelle réglementation est, bien sûr, d'éviter la sur-fréquentation, mais aussi de lutter contre les incivilités et les situations loufoques, comme en a été témoin Jean-Marc Peillex, le maire de Saint-Gervaix-les-Bains. C'est lui qui est à l'initiative de la brigade blanche. "Le problème, c'est qu'il n'y a pas de batterie de sanctions, estime l'élu. On peut monter avec un vélo ou avec un rameur sur le Mont-Blanc, il n'y a aucun texte qui l'interdit. Donc vous avez des gens de mauvaise foi qui vous disent «Ce n'est pas interdit donc c'est autorisé»".

Un rameur sur le Mont-Blanc

Trois membres de la brigade blanche patrouillent chaque jour sur l'itinéraire durant toute la saison d'alpinisme. Ils arrivent parfois à ramener certains touristes à la raison. Début septembre, ils ont empêché un alpiniste russe d'emmener son fils de 10 ans sur le sommet.

D'autres fois, ils sont impuissants. En août, un Britannique s'est mis en tête de monter avec un rameur de 26 kilos sur le dos. Épuisé, l'homme a laissé l'objet en haut du sommet, à 4 362 mètres.

Genre je monte faire un record du 2000m au sommet du Mont Blanc. Franck Solforosi tu relèves le défi?

Publiée par Stéphane Chassignol sur Vendredi 30 août 2019

Les pouvoirs des membres de la brigade blanche restent limités, mais il s'agit d'un premier pas vers plus de réglementation et de sanctions. Le maire de Saint-Gervaix-les-Bains en a, en tout cas, fait son cheval de bataille.

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