Mediator, le procès des records : 2 684 plaignants, 376 avocats, 100 témoins

Mediator, le procès des records : 2 684 plaignants, 376 avocats, 100 témoins
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Par Joël Chatreau
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C'est un procès exceptionnel qui s'ouvre ce lundi à Paris, dix ans après le retrait du Mediator, un antidiabétique qui a fait scandale. 2 684 plaignants se retrouvent pour attaquer les laboratoires Servier. Leur médicament a déjà fait des centaines de morts en France.

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Le procès pénal qui s'ouvre ce lundi en France, devant le tribunal correctionnel de Paris, est exceptionnel par ses dimensions. Tant et si bien que cette première journée de comparution des 23 prévenus impliqués dans le scandale du Mediator, un médicament antidiabétique dont les effets ont coûté la vie à des centaines de patients, va être consacrée essentiellement à l'organisation des 110 audiences prévues jusqu'au 30 avril 2020, soit plus de sept mois durant.

Le dossier d'instruction est constitué de 127 tomes. Au total, 4 981 victimes ont été recensées. 2 684 d'entre elles se sont constituées parties civiles pour attaquer les laboratoires Servier et l'Agence nationale de sécurité du médicament; une centaine de caisses de la Sécurité sociale font également partie des plaignants. Et le nombre de parties civiles pourrait bien augmenter au cours du très long procès.

Des milliers de morts pourraient suivre

Le Mediator n'a été retiré du marché que le 30 novembre 2009, mais il avait déjà été pris par environ 5 millions de Français. Souvent détourné pour être utilisé comme un coupe-faim, ce médicament a provoqué sur les utilisateurs de graves lésions des valves cardiaques, ou bien de l'hypertension artérielle pulmonaire, un problème grave qui peut s'avérer mortel. Selon une expertise, cette pathologie pourrait peu à peu entraîner la mort de plus de 2 000 personnes supplémentaires.

Sur le banc des accusés vont s'asseoir 7 personnes, car 5 des 12 prévenus en tout sont morts au cours de l'instruction, dont la figure principale du groupe pharmaceutique, le fondateur lui-même, Jacques Servier; il est décédé en 2014 à l'âge de 92 ans. Ces prévenus travaillaient pour les laboratoires ou dans l'une des neuf filiales, plusieurs membres de l'Agence du médicament sont aussi mis en cause pour des liens avec Servier. 11 personnes morales sont également poursuivies.

Un flot d'avocats et de témoins

7 chefs d'accusation ont été retenus, particulièrement pour "homicides et blessures involontaires", "tromperie aggravée", "prise illégale d'intérêts", "trafic d'influence"... C'est un véritable bataillon d'avocats, pas moins de 376, qui vont plaider pendant ce procès hors-norme, dont 353 rien que pour les parties civiles. Et plus d'une centaine de témoins vont être appelés à la barre. La salle d'audience habituelle du tribunal correctionnel de Paris ne suffira d'ailleurs pas à accueillir tout le monde en cas d'affluence du public, deux autres salles ont donc été aménagées.

Comment le Mediator a-t-il pu être prescrit aux malades souffrant de diabète pendant plus de trente ans alors que les mises en garde contre sa dangerosité se multipliaient ? C'est la question fondamentale que l'accusation va poser. Les avocats des victimes dénoncent les mensonges des laboratoires Servier qui, selon eux, auraient été motivés par le profit. Sans la lanceuse d'alerte Irène Frachon, une médecin pneumologue de Brest, en Bretagne, qui a été la première à dénoncer les risques posés par le médicament, le procès aurait certainement encore plus tardé.

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