Syrie : le sort incertain des femmes de djihadistes

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Par Anelise BorgesChristophe Garach
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En Syrie, les femmes de djihadistes étrangères se désespèrent de leur sort, elles espèrent être rapatriées dans leur pays d'origine mais leur évacuation ne se fait qu'au cas par cas. Reportage

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Dans l' État kurdistan syrien, au nord-est du pays, Daesh y a commis les pires atrocités contre les populations civiles.

Depuis l'effondrement du groupe État islamique, les vainqueurs, administrés par des autorités kurdes, réclament désormais justice.

Abdulkarim Omar, co-secrétaire d’État aux affaires extérieures (administration kurde au nord-est de la Syrie) : "Nous demandons un tribunal international.Parce que les atrocités des combattants de Daesh ont été commises ici. Et parce que les preuves et les témoins sont tous là."

Les responsables kurdes détiennent actuellement quelque 10 000 combattants présumés de Daesh, dont 2 000 étrangers.

Mais de nombreux gouvernements doutent que cette région semi-autonome puisse réellement organiser des procès équitables pour juger tout ces prisonniers.

Certains pays européens auraient néanmoins négocié avec des pays tiers la mission de juger sur place leurs ressortissants au grand dam des organisations de défense des droits de l'homme et des avocats des familles concernées.

Nabil Boudi représente des ressortissants européens détenus en Syrie et en Irak pour leur liens présumés avec Daesh. Parmi ses clients, Vianney Ouraghi, l'un des 11 Français condamnés à mort en Irak, en juin dernier au terme d'un procès expéditif.

Nabil Boudi, avocat de familles djihadistes : "Si la présence française est documentée, avérée dans le cas du trasnfert (des détenus entre la Syrie et l'Irak notamment, NDLR), la France sera condamnée par les juridictions internationales et européennes puisque la France est signataire de certaines conventions prohibant notamment la peine de mort dans le cadre du Conseil de l'Europe ce qui signifie que la France n'a pas le droit de transférer ses ressortissants vers un pays où l'on pratique la torture, où l'on condamne à la peine de mort."

Notre consoeur AnneLise Borges s'est rendue dans l'un des camps de prisonniers de familles de djihadistes au nord-est de la Syrie. Elle y a rencontré de nombreuses femmes assurant être françaises ou belges.

Des femmes de djihadistes en quête d'information quant à leur sort.

Souvent veuves et mère de famille, elles dénoncent leurs conditions de détention, pour elle et leurs enfants.

Leur principale angoisse : être transférée et jugée en Irak. Leur crainte surtout : être condamnée à perpétuité.

Quand notre consoeur leur demande quel regard elles portent sur leur engagement et leur allégeance à Daesh, toutes confessent leur regrets.

"Si je pouvais recommencer je ne serai jamais venue", déclare une détenue.

Une autre femme : "Ici, il y en a très peu qui vont dire qu'ils sont fiers de ce qu'ils ont fait, très peu, tout le monde a pris du recul (...) les gens nous donnent une fausse image".

Une troisième prisonnière nous a déclaré : "Les gens ont dû mal à comprendre. L’État islamique c'est l'État islamique et nous c'est nous. Tout ce que fait le président français, vous n'êtes pas forcément d'accord avec, les décisions qu'il a prises, pas toute l'opinion publique est d'accord avec ça."

En France, malgré les plaintes déposées contre le ministre des affaires étrangères devant la Cour de justice de la République, la fermeté reste de mise. Pas question de rapatrier toutes ces femmes de djihadistes.

Si rapatriement il doit y avoir, cela se fera au cas par cas.

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Avec une priorité pour les jeunes enfants détenus.

Près de 300 mineurs de parents français auraient été identifiés, selon la commission nationale des droits de l'homme.

Texte : Christophe Garach
Reportage en Syrie : Anelise Borges

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