Débat sur l'immigration : le gouvernement français en terrain miné

Le Premier ministre français Edouard Philippe, Paris, le 07/10/2019
Le Premier ministre français Edouard Philippe, Paris, le 07/10/2019 Tous droits réservés REUTERS/Benoit Tessier
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Par Olivier Peguy
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En France, le gouvernement a engagé un débat au Parlement sur la politique migratoire. Les différentes prises de parole ce lundi à l'Assemblée nationale illustrent combien le sujet est sensible et divise l'opinion.

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En France, le gouvernement a engagé ce lundi un débat au Parlement sur la politique migratoire de la France et de l'Europe.

Le Premier ministre et plusieurs ministres se sont exprimés à la tribune de l'Assemblée nationale, avant que les représentants des groupes politiques ne s'expriment tour à tour. Les prises de positions illustrent combien le sujet de l'immigration divise l'opinion.

Un gouvernement sur la défensive

Dans son allocution, le chef du gouvernement Edouard Philippe a revendiqué "une politique sans coup de menton ni naïveté". Mais il a admis que le gouvernement n'avait "pas atteint tous (ses) objectifs" en matière migratoire. Il a aussi reconnu que le système français d'asile était aujourd'hui "saturé". Edouard Philippe a avancé le chiffre de 123 000 demandes d'asile en 2018, soit une hausse de 22% par rapport à 2017.

Parmi les pistes de travail avancées par le Premier ministre, citons :

  • La volonté de refonder totalement l'espace Schengen qui unit plusieurs des pays européens ;
  • La perspective de fixer des quotas par nationalité ou par secteur d'activité, pour déterminer le nombre de personnes autorisées à entrer sur le territoire ;
  • La possibilité d'élever le niveau de maîtrise de la langue française requis pour accéder à la nationalité ;
  • La volonté de redéfinir la stratégie de l'aide publique au développement, qui, selon le Premier ministre, devrait atteindre 0,55% du PIB en 2022 ;

En écho aux observations du chef du gouvernement, le président du groupe La République en Marche à l'Assemblée nationale, Gilles Le Gendre, a souligné que, sur les sujets liés à l'immigration, "l_es progrès réalisés (étaient) trop lents_". "Il convient, a-t-il ajouté, d'identifier les failles de notre système", pour y remédier. Et de conclure qu'il fallait peut-être se poser la question d'"accueillir moins mais intégrer mieux".

"Vous vous trompez de débat", dit la gauche

Les représentants des partis de gauche ont, tous, émis des réserves sur la tenue d'un tel débat, n'aboutissant sur aucune loi, ni aucun vote.

"Braconner sur les terres du Rassemblement national ne fera que le renforcer, a estimé Luc Carvounas, du groupe Socialistes et apparentés. Vous préparez un climat délétère à l'italienne. Vous vous trompez de débat".

"Nous sommes juste convoqués pour fournir le décor d'une campagne électorale permanente", a même estimé le chef de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon.

En matière de propositions concrètes, le représentant socialiste a plaidé pour une forte augmentation du nombre de places d'hébergement, l'instauration d'un visa humanitaire européen, une harmonisation du droit d'asile au niveau européen.

De son côté, Jean-Luc Mélenchon a, lui, estimé que la question la plus urgente était de "faire en sorte que les gens restent chez eux", pour éviter tous les drames de l'immigration.

Le "chaos migratoire" et le référendum

S'exprimant en premier pour le compte du groupe Les Républicains, le député Guillaume Larrivé a d'emblée prédit que le XXIème siècle serait caractérisé par un "chaos migratoire". Et en guise de proposition concrète, il a avancé l'idée d'une "charte de l'immigration" qui serait, selon lui, "adossée à la constitution". Cette charte contiendrait notamment une redéfinition du code de la nationalité.

Son collègue LR Eric Ciotti est allé plus loin dans les propositions : "augmenter le nombre d'expulsions, refonder le droit d'asile, refuser les demandes d'asile issues de pays considérés comme sûrs, durcir le droit de la nationalité, réaffirmer la laïcité républicaine"... Toutes ces mesures méritent, selon Eric Ciotti, de figurer dans un référendum qui devrait être soumis aux Français avant la fin de l'année.

A la tribune de l'Assemblée nationale, la chef du Rassemblement national, Marine Le Pen, a fustigé les "mystifications et les trahisons" de tous les leaders politiques qui se sont succédé depuis 1976, "l'incompétence de nos dirigeants nationaux et européens" et "l'idéologie mondialiste". "Que de temps perdu alors que notre pays vit une 'submersion' !", a-t-elle lancé.

A l'instar du groupe Les Républicains, le Rassemblement national plaide pour la tenue d'une consultation populaire sur le sujet de l'immigration. "Plutôt que d'organiser une petit débat sans vote, a conclu Marine Le Pen_, organisez un grand référendum_ !"

Un débat similaire est prévu ce mercredi au Sénat.

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