Législatives au Kosovo : l'opposition éjecte les ex-chefs de guerre albanais

Législatives au Kosovo : l'opposition éjecte les ex-chefs de guerre albanais
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Par Joël Chatreau
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Leur règne est terminé après onze ans de mainmise sur le Kosovo. Les partis des anciens chefs de la guérilla albanaise ont perdu les législatives. C'est l'opposition de gauche et de centre-droit qui les a écartés du pouvoir.

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C'était une bataille de trop pour les anciens chefs de la guérilla indépendantiste albanaise, qui ont la main mise sur le Kosovo depuis qu'il a proclamé son indépendance en 2008. Les "commandants" ont tous mis genou à terre lors des élections législatives qui se sont déroulées dimanche au Kosovo, terrassés par les deux principaux partis d'opposition, la gauche de Vetevendosje et la LDK, la Ligue démocratique du Kosovo, située au centre-droit. 

Les résultats sont encore partiels mais Vetevendosje est créditée d'environ 26% des voix, suivie de près par la LDK avec 25% des suffrages. L'avance est nette sur les deux mouvements qui constituaient la coalition au pouvoir, le PDK (21%) et l'AAK (11%).

Haradinaj balayé, Veseli écarté

Le plus grand perdant est l'ex-Premier ministre Ramush Haradinaj (en photo ci-dessous)Dirigeant de l’AAK, AllianRamush Haradinajce pour l’avenir du Kosovo, il se trouvait à la tête du gouvernement depuis 2017 mais il a dû démissionner en juillet dernier, ce qui a d’ailleurs entraîné ces législatives. A 51 ans, l’ancien commandant de l’UCK, l’Armée de libération du Kosovo, est encore surnommé “Rambo” et il est toujours accusé par la Serbie - qui persiste à considérer le Kosovo comme une province - de crimes de guerre au cours du conflit en 1998 et 1999. 

Kadri Veseli, président sortant du Parlement kosovar (photo ci-dessous), est le deuxième vaincu du scrutin. Cet ancien chef des puissants services de renseignements menait la liste du PDK, le Parti démocratique du Kosovo; une formation qui n’est autre que celle du président, Hashim Thaçi, ex-dirigeant politique de la guérilla albanaise.

Kadri Veseli a admis sa défaite dès dimanche soir :

Nous acceptons le verdict du peuple. Le PDK passe dans l'opposition

Deux figures peuvent maintenant diriger le Kosovo, peut-être en formant une coalition :

Albin Kurti, 44 ans mais déjà “vieux” routier de la politique kosovare. Emprisonné sous le régime de Slobodan Milosevic dans les années 1990 alors qu’il était étudiant, il est devenu le chef charismatique de Vetevendosje, parti de gauche nationaliste qui s’est désormais adouci.

Vjosa Osmani, une juriste de 37 ans, élue députée en 2011. Tête de liste de la Ligue démocratique du Kosovo, elle pourrait devenir la première femme à co-diriger une coalition gouvernementale. Ce serait une véritable révolution dans un pays très patriarcal.

Tout au long de leur onze ans au pouvoir, les anciens militaires albanais n’ont jamais réussi à normaliser les relations avec la Serbie voisine, ce qui a souvent irrité et inquiété l’Union européenne. L’accord signé en 2013 est à peine appliqué, et la corruption s’est durablement enracinée, alors qu’un tiers de la population est maintenant au chômage. Les jeunes kosovars, et pas seulement eux, semblent en avoir eu assez...

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