"Crise des opiacés" aux Etats-Unis : un accord négocié avant le grand procès

"Crise des opiacés" aux Etats-Unis : un accord négocié avant le grand procès
Par Joël Chatreau avec AFP
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Six géants de la pharmacie devaient comparaître devant la justice américaine ce lundi à Cleveland. Mais accord partiel de dernière minute d'un montant de 260 millions de dollars a été trouvé juste avant l'ouverture du procès.

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[Mise à jour 21/10/2019, 15:30] Coup de théâtre à Cleveland. Alors que des géants pharmaceutiques devaient comparaître ce lundi devant la justice américaine, un accord à l'amiable a été trouvé juste avant l'ouverture de ce grand procès dans l'Etat américain de l'Ohio, opposant donc ces grands laboratoires à des Etats et collectivités locales.

Cet accord partiel de dernière minute, âprement négocié après l'échec vendredi d'une précédente tentative de conciliation, a été dévoilé aujourd'hui au tribunal de Cleveland. La transaction négociée, d'un montant de 260 millions de dollars selon le Washington Post, ne concerne que deux comtés et s'applique à trois grands distributeurs et un laboratoire israélien. Mais l'accord pourrait être étendu à l'ensemble des plaignants et se chiffrer en dizaines de milliards de dollars.

Six grands laboratoires pharmaceutiques sur le banc des accusés

Les géants américains de l'industrie du tabac ont payé dans les années 1990 pour avoir minimisé les dangers de la cigarette en vue de faire des profits. C'était donc au tour des grands laboratoires de pharmacie, fabricants et distributeurs de médicaments, de devoir rendre des comptes aux consommateurs : six d'entre eux s'étaient retrouvés sur le banc des accusés à Cleveland, dans l'Etat de l'Ohio

2 300 plaignants dénoncent le cynisme des labos

Des antidouleurs, spécialement le fentanyl, sont au centre du drame vécu par des centaines de milliers d'Américains. Certains de ces calmants sont cinquante fois plus durs que l'héroïne, ils rendent donc les gens qui les prennent totalement accros, et cela se termine bien souvent par une overdose. Pourtant, en toute conscience, avec le plus grand cynisme, les laboratoires pharmaceutiques les plus importants en ont déversé des tonnes sur le marché, à un plus grand rythme encore au cours des quinze dernières années.

Le phénomène est si dramatique aux Etats-Unis qu'il a pris le nom de "crise des opiacés". Cette dernière a conduit tout naturellement au méga procès qui devait s'ouvrir devant le tribunal fédéral de Cleveland. Pas moins de 2 300 plaignants, beaucoup de particuliers mais aussi des Etats, des comtés, des villes, et même des tribus d'Amérindiens, accusent plusieurs géants mondiaux de la pharmacie d'avoir dissimulé les terribles effets des antidouleurs en question, d'avoir dédaigné les alertes lancées, et le comble, d'avoir tiré de leur vente d'énormes profits.

Au moins 400 000 décès liés à l'addiction aux opiacés

Pour les nommer, les laboratoires mis en cause sont Cardinal Health, Amerisource Bergen, McKesson Corp, Teva, un fabricant de médicaments génériques, Walgreen Boots Alliance, une chaîne de pharmacies, et enfin Henry Schein, qui n'est, quant à lui, qu'un petit distributeur. Ces firmes vont être confrontées à la mort de 400 000 personnes, victimes directes de la "crise des opiacés" - décès recensés entre 1999 et 2018 - mais également à la détresse sociale des familles qui s'endettent démesurément à cause de l'addiction au fentanyl, ou encore aux parents dont un bébé est né en étant déjà dépendant des antidouleurs.

Les overdoses provoquées par ces médicaments tuent actuellement environ 130 personnes chaque jour aux Etats-Unis.

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