Vox, ou comment réveiller l'extrême droite espagnole après 54 ans de sommeil

Vox, ou comment réveiller l'extrême droite espagnole après 54 ans de sommeil
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Par Joël Chatreau
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Vox donne un coup d'accélérateur en Espagne, et remercie son créateur. Santiago Abascal a fait passer l'extrême droite du trépas, avec la mort du dictateur Franco en 1975, à une nouvelle vie en à peine un an. Derrière la crise catalane qu'il agite, il cache d'autres dénonciations radicales.

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Santiago Abascal peut passer pour un "messie" aux yeux de ses partisans. En moins d'un an, il est parvenu à ressusciter l'extrême droite en Espagne, alors que depuis 54 ans, depuis la mort du dictateur Franco, elle n'était défendue que par un petit nombre de franquistes nostalgiques. Son parti Vox, fondé en 2014, a eu des débuts poussifs, mais en décembre 2018, il a soudain fait une percée spectaculaire en engrangeant 10% des voix en Andalousie, une région de poids, pourtant fief historique des socialistes. 

Puis l'essai a été nettement transformé au plan national dès avril dernier, le mouvement ultranationaliste s'est emparé de 24 sièges de députés au Parlement. Hier dimanche, il a plus que doublé la mise en faisant entrer cette fois 52 élus dans l'hémicycle. Voici comment on devient en peu de temps l'une des extrêmes droites les plus fortes d'Europe, ce que n'ont pas manqué de saluer Marine Le Pen en France et Matteo Salvini en Italie.

Vox veut en finir avec l'autonomie catalane

Bien sûr, Abascal a repris les mêmes vieilles recettes au cours de la campagne des élections législatives : un discours radical contre l'immigration, particulièrement contre les migrants africains qu'il accuse de faire monter la délinquance dans la péninsule, et contre l'islamisme qu'il confond volontiers avec l'islam; il a aussi piqué son slogan au président américain, Donald Trump, en le transformant en "Rendre l'Espagne à nouveau grande". Mais les éditorialistes et politologues estiment que c'est surtout en surfant sur la crise en Catalogne que le chef de Vox a réussi sa montée en flèche.

Quand il parle des indépendantistes catalans, le patron de l'extrême droite espagnole n'y va pas avec le dos de la cuillère, les traitant d' "ennemis de l'Espagne". A la mi-octobre, neuf dirigeants séparatistes ont été condamnés à de lourdes peines de prison pour avoir proclamé la sécession en 2017, mais cela ne lui suffit pas, il réclame l'arrestation "immédiate" du président de la Catalogne, Quim Torra. Et pendant qu'on y est, Santiago Abascal voudrait carrément que l'autonomie de la Catalogne soit suspendue, et que tous les partis indépendantistes soient interdits.

Un chef, un dur, un vrai ! Avec même un Smith & Wesson

Sur plusieurs autres sujets de société, Vox met en avant une image virile de son chef. Ce Basque de 43 ans explique qu'il a quitté le Parti Populaire de la droite, dont il était député, car il faisait preuve de trop de "mollesse". Il n'a pas pardonné à l'ex-Premier ministre, Mariano Rajoy, de ne pas avoir abrogé la loi socialiste qui a autorisé le mariage homosexuel. Et il prône également la suppression de la loi qui réprime les auteurs de violences faites aux femmes, expliquant tout simplement qu'elle "criminalise" les hommes.

N'oubliant pas de caresser les nostalgiques de la dictature dans le sens du poil, Abascal a crié à la "profanation" lors de la récente exhumation des restes du général Franco de son mausolée pharaonique de la "Valle de los Caidos". Et pour parfaire son rôle de "dur", il ne cache pas qu'il possède un revolver Smith & Wesson, indiquant d'ailleurs qu'il serait bon d'assouplir la législation sur le port d'armes, plutôt sévère en Espagne.

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